Sur la porte par laquelle j’entre dans la différence, cette inscription : « n’y touche pas ! garde ton âme pure ! » Ce double impératif m’a structurée.
Dans la maturité de l’âge, mon ambition de situer un sujet au féminin - comme nous y entraîna l’analyse grammaticale-
, ou d’en percevoir l’effacement, au gré des codes culturels.
De cet effacement relève la pratique de l’excision, qui éloigne la femelle humaine de l’expérience du plaisir, par l’ablation du clitoris et parfois d’une partie des lèvres.
La phrase entendue au sortir du bain : « n’y touche pas, c’est sale ! » fonctionne comme une amputation. Pudiquement appelée « le bas », à la manière d’un emballage, la zone s’associe à l’enfer. Il s’en faut éloigner, si l’on souhaite, comme demandé, se garder pure.
Sur la porte de ma différence figure aussi : « c’est pour les bébés ! »
Serais-je, n’ayant pas enfanté, une semi-femme, peu respectueuse du code et peu tentée par le fruit défendu ?
De la maternité, je connais l’hémorragie annonçant une fausse couche. Le mot n’est pas prononcé par celui qui décide d’un curetage. Son silence m’accompagne.
A la suite d’Artaud, je préfère croire que nos corps ne sont pas anatomiques mais « atomiques ». On peut être une multiplicité, ni vivant ni mort, ni homme ni femme et l’un et l’autre.
Flaubert mentionne, dans Bouvard et Pécuchet, cette idée reçue : « le style épistolaire ne peut s’apprendre, car il appartient exclusivement aux femmes » [1]. Celles-ci auraient donc le monopole d’une parole écrite, spontanée.
Mais Baudelaire réduit la femme au silence, dans « Semper eadem » [2] :
« Taisez-vous, ignorante, âme toujours ravie ! « Bouche au rire enfantin !
Face à ce paradoxe, mon ambition est de rendre compte des traces du féminin, en distinguant l’appartenance sexuelle du genre. Celui-ci sollicite l’imaginaire individuel et social, à la manière de l’androgyne primitif - que suppose Platon dans Le Banquet ou, plus tard, de Freud découvrant la bisexualité psychique. Les traces de cette indivision scanderont, de façon alternée voire altérée, l’indécision sur le chemin de la créativité.
Recueillie, j’avale "le vin de l’âme" d’une traite ; le goût est amer mais pas si affreux...
Images : Véronique BUSSIÉ
Juillet 1999
C’est en 1995, par un article de psychologie magazine que pour la première fois j’ai entendu parler de l’Ayahuasca plante maîtresse hallucinogène et purge, "outil" du chamanisme péruvien. Le rôle de l’Ayahuasca est d’induire une modification de conscience, tant chez le patient que chez le chaman. Un second article, cette fois dans nouvelle clé, m’a cette fois conduite a vouloir tenter l’expérience, non sans avoir lu "le serpent cosmique " de J.Narby pour tenter de me familiariser avec cette pratique.
Enfin en 1999, j’apprends qu’un séminaire a lieu du côté de Nantes et je profite de cette opportunité pour découvrir cette pratique qui me tient déjà à coeur...
Tout au long de l’Histoire de la littérature espagnole -au moins en ce qui concerne l’histoire connue et officielle, il faudrait bien faire une recherche profonde sur l’œuvre de très bonnes auteurs femmes qui n’ont jamais été publiées- la femme auteur n’a été qu’une anecdote, c’est-à-dire, elle a toujours été marquée par le statut d’exception.
Les critiques hommes, les institutions scolaires et universitaires, les manuels de littérature, les maisons d’éditions, ne font référence dans son corpus qu’à une vingtaine d’écrivaines parmi les neuf cents ou mille écrivains depuis le poÈte médiéval Gonzalo de Berceo jusquà nos jours. Dans tout cela, il faut prendre en compte que la moitié de ces femmes littéraires correspond aux générations postérieures à la guerre civile de 1936-1939. Les femmes espagnoles et, en considérant encore celles qui sont inscrites dans l'histoire de la littérature, en faisant preuve dun caractère dexception, comme par exemple Maria Zayas de Sotomayor au XVIième siècle, n'ont pas commencé à écrire en Espagne qu'à partir des années 50. Un silence historique qu'il faut remettre en question.</P>
<font color="#FFFFFF"><debut_edito></font>
<P>Malheureusement, ceci n'est pas un phénomène spécifique de notre littérature, son existence est comparable à n'importe quel pays d'Occident dans la mesure où "la chose littéraire" est liée et se développe, qu'on le veuille ou non, parallÈlement à la possibilité d'intervention des femmes dans le domaine de la critique et de l'édition. L'Espagne, cependant, présente, pour des raisons historiques et politiques bien précises, des caractéristiques spéciales. En effet, en Espagne il ne s'Est pas produit la rupture qu'ont mené à bout, (quant au questioNnement de l'inscription de l'identité sexuelle dans le texte), certaines femmes auteurs françaises, anglaises ou nord-américaines entre les années 50 et 60, et plus spécifiquement en France à partir des années 1970 avec l'irruption sur la scène politique du Mouvement de Libération des Femmes.</P>
<P>En Espagne, en effet, les femmes auteurs attachées aux générations des années 50 et 60 appartiennent aux deux centres géographiques; Barcelona et Madrid, qui continuent, dans cet ordre, à être les centres névralgiques des maisons d'éditions aujourd'hui.</P>
<P>Ce sont des femmes bien différentes entre elles, mais qui ont en commun leur classe sociale et leur thématique: les parvenus du Régime et le traumatisme causé par la guerre civile et vécu par des adultes et enfants dans un milieu social bourgeois. Dans ces quelques pages, je désire les remercier pour les heures merveilleuses quelles m’ont fait passer pendant mon adolescence et même aujourd’hui, quand je les relis.
Je vais citer celles dont les noms sont les plus connus :
Carmen Salisachs (Barcelona 1916). Elle obtient le prix Planeta en 1975 pour son livre La Gangrena, le récit sur la vie d’un homme, qui devient riche et puissant, sous la dictature.
Montserrat Roig (Barcelona 1946). Professeur de langue catalane à l’Université de Barcelone. Elle écrit en catalan. Elle a publié Tiempo de Cerezas en 1977, La hora Violeta (1980) entre autres. Dans ses romans, elle nous décrit des personnages de la ville de Barcelone, bercés par le long sommeil de la dictature et rêvant d’un paradis perdu qui se récupère seulement dans les labyrinthes de l’imagination et la mémoire.
Ana Maria Moix (Barcelona 1947). Elle a publié Baladas del dulce Jim, Call me stone, No time for flowers, Maria Girona una pintura en llibertat. Elle collabore dans des publications locales de Madrid et Barcelone.
Clara Janés (Barcelona 1940). Elle cultive la poésie, la narration biographique et l’essai depuis 1959. Elle a traduit du tchèque, et notamment l’oeuvre de Vladimir Holan.
Parmi ses oeuvre poétiques il faut signaler Las estrellas vencidas (1964) ; Límite humano (1975) ; Alienaciones (1980). Elle a aussi publié des romans tels que La Noche de Abel Micheli (1965) et Desintegración en 1969.
Beatriz de Maura (Río de Janeiro 1939). Elle entreprend ses études d’interprète et Lettres à Genève, quelle ne parvient pas à achever. En 1969, elle crée la maison d'éditions "Tusquets Editores" qu'elle dirige encore et qui jouera un rôle important dans la publication de textes de littérature contemporaine espagnole et étrangère. Elle même a publié un texte en français <B>Au seuil de la vie</B> et <B>Suma</B> en 1975.</P>
<P><U>Marta Pesarrodona</U> (Tarrasa 1941). A Barcelone elle collabore dans plusieurs publications comme <B>Camp de l'Arpa</B>, <B>Dones en lluita, L'Avui, El País </B>et <B>Vindicación Feminista</B>. En 1969, elle publie son roman <B>Septembre 30,</B> puis <B>Vida Privada</B> en 1973 et enfin <B>A faveur meu nostre</B> en 1981.</P>
<P><U>Carmen Riera</U> (Mallorca 1948). professeur de littérature espagnole à l'Université de Barcelone. Elle a publié en catalan <B>Te deix, amor, la mar com penyora</B> et <B>Jo pos per testimoni les gavines</B>, deux recueils de contes qui ont été traduits en castillan sous le titre de <B>Palabra de Muer</B>. Elle est auteur de nombreux essais et elle vient d'avoir prix pour son œuvre poétique.</P>
<P><U>Esther Turquets</U> (Barcelonais 1936). Depuis les années 60, elle dirige la maison d'éditions "Lumen" qui aura un rôle important dans la publication de textes de femmes. Depuis quelques années, "Lumen" a établi le prix Féminin Singulier, un espace ouvert à l'édition des femmes auteurs. </P>
<P>Esther Tusquets a publié une trilogie composée par <B>El mismo mar de todos los veranos</B> (1978), <B>El amor es un juego solitario</B> (Prix ville de Barcelone 1979) et finalement avec <B>Varada tras el último naufragio</B> (1980). Elle a publié aussi le roman <B>Siete miradas en un mismo paisaje</B> en 1981.</P>
<P>Et voilà pour la sélection concernant les femmes auteurs de Catalogne. Nous allons en citer maintenant quelques unes qui, par leur naissance ou par immigration, sont liées à la capitale.</P>
<P><U>Lourdes Ortiz</U> (Madrid 1943). Professeur à l'Université de Madrid et de l'École d'Art Dramatique. Elle a publié un essai sur Rimbaud et des romans <B>Luz de la memoria</B>, <B>En días como estos</B>. Elle vient d'obtenir le prix Planeta 1995 avec son roman <B>La Fuente de la vida</B>, un récit sur le problème de l'adoption clandestine d'enfants au Pérou et en Roumanie.</P>
<P><U>Carmen Martin Gaite</U> (Salamanca 1925). Avec une production très ample, elle est certainement la romancière actuelle la plus importante. Elle se fait connaître pendant les années 70 avec la publication de plusieurs de ses romans, comme <B>Entre visillos</B> (Prix nadal en 1958), <B>Retailas</B> (1974), <B>Fragmentos de interior</B> (1976), <B>El cuarto de atrás</B> (1978), <B>El cuento de nunca acabar</B> (1983) etc.</P>
<P>Elle a aussi publié des essais sur <B>Los usos amorosos de la España del 18</B> (1972) et <B>Usos amorosos de la postguerra española</B>. Prix Anagrama d'essai. Dans le domaine de la recherche historique, elle a publié <B>El proceso de Macanaz</B> (1969), recevant le Prix Cervantes.</P>
<P>Il existe certainement dautres femmes qui appartiennent à la génération du 50 et du 60 tels quont nomine dans lhistoire de la littérature. Nous avons seulement signalé celles qui ont marqué, d’une façon ou d’une autre, la littérature espagnole contemporaine ou plutôt celles qui sont arrivées à dépasser leur condition de "femme" et devenir, même avec le statut d’exception, une femme auteur.
L’histoire du pays continue et c’est par des raisons historiques que la littérature espagnole offre certaines différences par rapport à celle d’autres pays comme par exemple celles de l’Angleterre et la France.
En effet, dès la fin du XIXe siècle, une "littérature féminine à soi", fait son apparition pour employer l’expression de Virginie Woolf. C’est justement avec L’Orlando de Virginie Woolf et loeuvre de Dorothy Richarson que la littérature anglaise féminine rejoint la Modernité par une revendication spécifique concernant l'exploration d'un espace intérieur féminin inscrit dans le texte littéraire: dans ces deux écrivaines ceci se traduit par la thématique de l'androgynie dans l'art.</P><BR>
<P>En France, les "années folles" nous montrent une littérature où la recherche de cet espace féminin est une attitude des femmes écrivains, comme c'est le cas de Renée Vivian dans le domaine de la poésie et de Rachilde dans le domaine du roman. Par contre, dans la littérature espagnole de l'époque et celle des générations du 50 et du 60, nous ne trouvons pas cet enrichissement de la "topique" de la littérature féminine car elle se trouve insérée, par la propre tradition littéraire espagnole, dans des perspectives néoréalistes ou au dans un réalisme social qui apparaissent déjà au XVVIIe siècle dans des textes tels que <B>El Lazarillo de Tormes </B>ou <B>El Buscón</B> de Quevedo.</P>
<P>D'autre part, la littérature féminine espagnole est différente de celle de l'Europe, au moins parmi les deux pays cités auparavant dans la mesure où les femmes auteurs acceptent, plus ou moins passivement, le "modèle féminin" imposé par l'Eglise Catholique alliée du Régime franquiste.</P>
<P>Cette acceptation est tout à fait compréhensible si on prend en compte ce lon vient daffirmer au sujet de l'histoire récente du pays: d'une part, l'influence qu'a subi la littérature de la guerre civile de 1936-1939, d'autre part ses conséquences c'est-à-dire, l'instauration d'un régime dictatorial pendant 40 ans, ce qui a imposé le "modèle féminin catholique" sur trois générations des femmes et, finalement, l'acceptation des modèles conformés par la propre tradition littéraire espagnole. Nous ne pouvons pas oublier le rapport étroit existant entre l'histoire et l'institution littéraire.</P>
<P>En effet, en 1975, après la mort de Franco, la situation politique évolue en Espagne. Il finit une longue période de conditionnements qui pesaient sur la littérature de l'après-guerre.</P>
<P>Dans le domaine politique, il existait, dès les années 70, une certaine tolérance dans la publication de textes, surtout ceux ayant trait à la politique et les textes littéraires liés à la thématique politique, qui circulaient clandestinement dans le pays. </P>
<P>En 1975 encore, le pays soriente vers une monarchie imposée par le Régime. C’est sous cette monarchie que le pays inaugure la période appelée "La Transición" qui se cristallisera dans les Elections Générales de 1977, la Constitución de 1978, les nouvelles élections générales de 1979 et les premières élections de cette même année.
Le plan économique issu des années 60 fait naître en Espagne, une société de consommation où on persiste une crise structurale profonde qui dure encore. D’autre part, du point de vue social, le pays continue à subir des influences venues de l’extérieur, comme par exemple la crise provoquée par Mai 68. En Espagne, il continue à y avoir un vaste mouvement politique et social jusquà l'arrivée, en 1982, du parti socialiste.</P>
<P>Au milieu de tout ce bouleversement politique et social, il se produit, au sein de linstitution littéraire, un fait très important : il sagit de la disparition de la censure. Ce qui ne veut pas dire que les femmes auteurs puissent publier leurs textes plus facilement. Comme nous venons juste de la dire, la censure avait déjà commencé à faiblir dès les années 70, mais elle restait encore très ferme dans certains domaines tels que la critique du régime et la liberté sexuelle.</P>
<P>En fait, à partir de 1975, les maisons d'éditions commencent à publier les auteurs hommes et femmes exilés ou morts pendant la guerre civile: la romancière Rosa Chacel, la philosophe María Zambrano ou l'ancienne ministre de la République Victoria Kent entre autres. Parallèlement, la démocratie s'instaure dans le pays. Dans ce sens, il ne faut pas oublier, l'importance du féminisme de la fin des années 70, de la lutte des femmes dans l'établissement du système démocratique et dans la création d'un "espace de réception" pour une littérature qui essayait de se libérer, dans chaque femme auteur, des schémas traditionnels féminins.</P>
<P>Ces deniers années, un important changement s'est produit dans la littérature féminine espagnole. Les femmes auteurs ont fait évoluer de façon radicale le discours littéraire. Avec la poussée du féminisme, beaucoup de femmes auteurs ont considéré qu'il était nécessaire dinscrire dans le texte leur recherche personnelle du "féminin". A partir de l’édition du texte de Simone de Beauvoir Mémoires d’une jeune fille rangée, qui a exercé une influence importante dans les femmes espagnoles en général et les écrivaines en particulier, nos romancières ont senti le besoin de raconter leurs expériences personnelles avec lesquelles toutes les femmes pouvaient s’identifier. Par exemple le texte de Rosa Montero, actuellement journaliste de "El País", Crónicas del desamor (1979) raconte, avec un caractère biographique, la vie d’une femme d’une trentaine d’années et ses expériences amoureuses et personnelles à la fin du franquisme. Il vient de publier en 1995 un livre Historia de Mujeres, ensemble des histoire des femmes exceptionnelles que la culture officielle a réduit au silence comme par exemple Camille Claudel, Alma Mahler entre autres.
L’"espace de réception" dans la terminologie de lÉcole de Frankfurt, créé par le féminisme ouvre des nouveaux marchés. Les éditeurs découvrent un genre appelé "littérature féminine". Ainsi, nous avons pu découvrir que les femmes ont une sexualité, qu'elles peuvent être ridicules, bonnes ou perverses comme dans la littérature masculine mais, surtout, on a découvert qu'elles revendiquent à travers la littérature le droit de se placer dans les différentes échelles entre le modèle "the angel in the house" et "the monster in the house". </P>
<P>Ce qui me paraît être le plus important de ce phénomène, c'est que depuis très peu de temps en Espagne, par rapport à l'histoire de la littérature masculine, les femmes créent des personnages et des modèles féminins propres. De cette façon, elles se manifestent ainsi comme une partie active de soi même et de la Culture face à la caricature de la femme présentée tout au long de l'histoire de la narration masculine.</P>
<P>L'apparition des textes tels que <B>El Sur,</B> <B>El silencio de las sirenas </B>(1985), ou <B>Nasmiya</B> (1996) d'Adelaida Garcia Morales; <B>Las edades de Lulú</B>, ou <B>Malena tiene nombre de tango</B> de Almudena Grandes; <B>Queda la noche</B> (Prix Planeta 1989) de Soledad Puértolas; <B>El peso de las sombras</B> (Prix Planeta 1994) de Angeles Caso; <B>La única libertad</B> (1982) de Marina Mayoral ou <B>La Fuente de la Vida</B> de Lourdes Ortiz (1995), montrent l'intérêt du public pour la littérature féminine et sa richesse thématique. Les discours de cette littérature féminine sont très amples: du roman érotique d'Almudena Grandes, la relation père/fille et des histoires de jalousie d'á Puértolas y Marina Mayoral jusqu'aux récits teints de dénonce sociale de Lourdes Ortiz en ce qui concerne le trafic illégal d'enfants par exemple en finissant par le féminisme radical de Lidia Falcón. Nous avons seulement nommés celles qui sont déjà inscrites dans linstitution littéraire mais, certainement, il y en a bien dautres.</P>
<P>Il faut signaler aussi quon peut parler dun genre littéraire féminin de façon générale, parce quil existe depuis trois ou quatre ans un grand intérêt de la part des maisons déditions pour celle-ci. </P>
<P>En effet, les maisons déditions commencent à sintéresser aux jeunes auteurs, hommes et femmes, par la création des prix et la publication de ceux-ci. Cest un phénomène nouveau en Espagne ainsi que lapparition de maisons déditions comme "Opéra Prima" donnant la possibilité aux jeunes auteurs de publier leurs oeuvres. Je le plaisir de vous informer que cest dans cette maison déditions qui va apparaître le roman Las Pasiones de una Sombra de celle qui vous parle. On peut dire maintenant quon assiste en Espagne le début dune politique nouvelle des maisons déditions par rapport à une littérature qui offre des nouveaux sujets concernant les femmes et lidentité féminine.
Ceci me semble fondamentale pour comprendre les contenus actuels de la production littéraire féminine. On ne peut pas nier aujourd’hui que la transformation de la personnalité féminine a été radicale et elle na pas été étrangère aux écrivaines.</P>
<P>Tout cela me semble fondamentale pour comprendre les contenus actuels de la littérature féminine. Il serait très risqué détablir ici les lignes directrices de la thématique de la littérature féminine contemporaine espagnole face à lunité thématique de la littérature féminine des générations des années 50 et 60. La thématique de la littérature féminine actuelle se manifeste par ce quon appelle la lutte personnelle de l’écrivaine et linscription de celle-ci dans le texte, c'est-à-dire, chaque femme auteur, et quelque fois, chaque texte se présente comme une aventure personnelle, comme la recherche dun chemin et dun espace propre. Par conséquent ces femmes auteurs essayent de sexprimer avec toute leur force créatrice afin que dans leurs oeuvres, le public puisse trouver un nouveau canon : des modèles sexuels nouveaux, la rénovation du langage, et linversion des rôles traditionnels. En fait, tout ce qui introduit une nouveauté fondamentale dans le schéma féminin de la fiction masculine.</P>
<P>Face à toute cette multiplicité de discours et de perspectives, il convient maintenant de poser le problème, de lexistence ou non dune littérature -écriture- différente à celle des hommes. Problème connu en France, puisque cest ici quil a été étudié par Mme Hélène Cixous à lancienne Université de Paris 8 ancienne Vincennes.
Nous avons déjà affirmé quil existe une littérature féminine, et par conséquent, une littérature de femmes car le rapport des femmes avec lécriture, médiation faite par le corps, est différente de celle des hommes. Je veux dire par là quil existe des différences entre les deux écritures -littératures- parce qu aucun modèle féminin na pu, jusquau présent, être conçut par un homme sans le convertir dans une caricature comme cest le cas des femmes dans la littérature des hommes. Cest pourquoi, il me semble nécessaire de retracer lhistoire des représentations des femmes dans les textes littéraires des hommes, et voir ainsi à quel point celles-ci correspondent aux propres désirs masculins.</P>
<P>Je ne suis pas d'accord avec la spécialiste en littérature espagnole Imelda Navajo quand elle affirme quil y a une littérature féminine par accident, à moins que laccident soit lélément qui a provoqué lintégration des femmes dans le monde de la Culture, quelles ont modifié. Il est évident que le fait d"être femme" reflète une manière dans son style de créer et daffronter la page blanche car, encore une fois, il me semble difficile dimaginer que lart soit indépendant de la "nature humaine" et de lHistoire. Je suis très loin des positions métaphysiques ou idéalistes qui ont caractérisé lhistoire de la littérature et la critique littéraire en Espagne ou les études danalyse littéraires des certaines universités.</P>
<P>Un autre aspect est celui de la qualité littéraire des auteurs femmes qui peut varier d un ouvrage à lautre dune même écrivaine. Je pense que le plus intéressant de dire ici cest le résultat: linscription de lidentité féminine dans la Culture et dans le Symbolique. Cacher limportance du mouvement de libération des femmes et son influence dans le travail décriture rend impossible le chemin vers la compréhension du phénomène de la "littérature féminine qui commence à se développer en Espagne.</P>
<P>Dans tout ce processus le plus important cest le fait que la femme auteur a de la "conscience de soi" et la revendication de son "être femme". La critique masculine, et quelques fois les propres femmes, font référence avec mépris à la narrative féminine. Malheureusement pour beaucoup de monde, la littérature écrite par des femmes continue à être le côte caché de la Littérature ou bien quelque chose qui sert à entretenir les enfants quant ils sont à la maison aux maîtresses la maison après la fatigue du ménage ou bien pour célibataires frustrées.
Le manque de référence aux femmes auteurs dans les livres scolaires met en relief la croyance masculine à la stérilité littéraires des femmes. Croyance qui a provoqué langoisse et le désir dabandonner la dure tâche de lécriture de la part de certaines écrivaines. Dès ces pages nous avons essayé de signaler un fait discriminatoire dans linstitution littéraire, dont l’accès est apparemment démocratique pour tout le monde.
C’est une femme jeune qui parle d’une voix éveillée mais qui parfois retombe à demi-dormeuse. Elle parle de quoi ? De l’intensité d’un amour si mélangé de corps, et des parfums d’un corps, qu’on ne sait pas, qu’on ne sait plus ce qui est de l’ordre de l’amour et ce qui est de l’ordre du désir. Elle dit, cette voix, la fièvre de la femme qui a tout et qui a peur de tout et ce tout dont elle a si peur, c’est la totalité de la perte toujours possible, c’est la métamorphose jamais évitée ni jamais évitable du rêve en cauchemar. C’est pourquoi la voix est brève, vibrante, apeurée bien sûr, avec des accents d’enfance parce que l’enfance, au sein de l’amour adulte, est le dernier refuge. Ici, en pays d’enfance, la douleur hésitera peut-être à venir nous chercher : la mort a scrupule à ternir, fût-ce d’un peu de sang, la pureté nuptiale d’une colombe.
Mille ruses sont tendues par le plus simple langage de Béatrice Bonhomme : oui, trembler. La langue, les petits mots de chaque jour et de chacun, se sont mis à trembler pour faire peur à la peur, pour que l’aimé ne soit plus sous la menace de la grande pourvoyeuse.
« Voyez, dit Béatrice à celle qu’elle sent venir, à quel point nous sommes innocents, combien les mots que je vous adresse en bouquets de violettes sont purs, sont désarmants, sont désarmés et purs. »
Je savais bien ce qu’il y aurait dans ta lettre, c’était déjà presque toujours entre les lignes dans les autres, c’était également dans tes yeux - que ne lirait-on sur leur fond transparent ? - c’était dans les rides de ton front ; je le savais comme quelqu’un qui a passé la journée dans un abîme de peur, de rêve, de sommeil derrière des volets fermés, et qui ouvre sa fenêtre le soir, n’est pas étonné de voir, il le savait, que maintenant la nuit est là, une nuit profonde et merveilleuse.Franz Kafka à Milena Jesenska (17 juillet 1920)
Ton amour cherche quoi dans la forêt des mythes. S’y cogne. Son expérience les renverse tous, les refait dans un futur du passé. Si ton amour est déploration, mes pleurs coulent toujours maintenant pour que ta cicatrice soit vivante.
La mer la plus noire est l’éblouissante clarté de ta nudité. Y fument les cendres de ton volcan : nuages doux pleins d’orages. Tomber dans tomber : volons dans le bleu clair de ton nom que j’appelle partout toujours.
Les nuits noires mettent toute ma vue dans ton apparition. Double toujours : imprévisible comme la lumière de l’étoile insaisissable. Ta main étoilée : noire claire.
Je t’aime ouvre toutes tes aubes, tes petits cailloux pour te trouver au coeur de l’énigme. Je t’aime vient te dévorer infiniment : ma famine, ma famille qui affame et rassemble mes rêves dans ton matin.
Nous vivons à l’époque d’une franchise absolue, c’est-à-dire d’une franchise nue dans la lumière des caméras. La folie est acceptée par la foule et exclut la notion de folie artistique de jadis. Touché ne veut pas dire aliéné, mais collaborateur d’une nouvelle normalité.
Toutes les poétesses souffrent de boulimie émotionnelle. Elles absorbent substituts, fragments, attentes, non-accomplissements, métaphores, prétentions et plaintes. Les attaques périodiques de la voracité entrent dans un stade aigü quelques mois avant la parution d’un suivant recueil des poèmes. E. M. Cioran disait que le mode de l’autodestruction montre le genre de l’homme du type : dis-moi quelle facon de tomber en ruine tu choisis pour toi et moi, je te dirai qui tu es.
Je pré-pare, me pré-pare à faire état de cette écriture, j’entamerai ce projet quand mes mains auront reçu tous ces maux, quand l’oiseau blanc aura franchi ma frontière des pays froids.
Je suis arrivé à l’œuvre de celle-ci par un heureux hasard, une intuition magnifique.
Les mots de Rodica sont irritants ou séduisants ; des mots qui courent, qui tombent, qui roulent, qui frappent, qui cognent, qui cassent, qui fendent, qui éclatent, qui blessent. Des litanies pour dire sans bride, sans détour, sans voile, noir sur blanc.
Pour l’artiste graveure faire irruption dans ce langage cru, c’est trouver l’écho d’une pointe sèche singulière. Ce vocable exaltant invite à la flânerie, à goûter l’espace de soi en soi, en l’autre. Je me noie dans chacune de ses pages, je viens écouter, dialoguer, échanger, inventer à mon tour, réagir et dire autrement cette prose femmilière.
Je pré-pare, me pré-pare à faire état de cette écriture, j’entamerai ce projet quand mes mains auront reçu tous ces maux, quand l’oiseau blanc aura franchi ma frontière des pays froids.
Déjà je sais que je pourrais passer sous presse un barbelé, étalé ses déchirures à la surface du papier, l’embossage de la langue prendrait forme ... mais, il y manquerait les résonnances, celle de l’âme, celles du cœur de l’auteur.
Il y manquerait ses contrastes, ses lumières et ses ombres criardes, rouges. Il y manquerait ses douceurs, les sons de la vue, de l’odorat... gâteau de terre, gâteau au chocolat ...
Benoît PIVERTFLANNERY O’ CONNOR, LA SOLITAIRE DE MILLEDGEVILLE
Correspondances
« J’écris tous les jours mais, pour Dieu sait quelle raison, la mayonnaise n’a pas encore pris. S’il vous plaît, priez pour qu’elle prenne. Parfois, cela n’arrive pas »
C’est peut-être une curiosité malsaine qui m’a poussé à me plonger dans la correspondance de la romancière et nouvelliste américaine Flannery O’ Connor. Je connaissais et j’appréciais son œuvre de fiction, les portraits grinçants de ses personnages, le décor du Sud des Etats-Unis hanté par des prédicateurs ambulants, des petits blancs ségrégationnistes et quelques illuminés à qui le soleil et les prêches avaient tapé sur la tête.
De l’auteur, je ne savais pas grand chose si ce n’est qu’elle était catholique, qu’elle ne s’était jamais mariée et qu’elle était morte seule dans d’atroces souffrances, recluse dans sa ferme d’Andalusia à Milledgeville (Géorgie), emportée à trente-huit ans par un lupus érythémateux qu’elle savait incurable et qui avait déjà emporté son père. D’elle, je ne connaissais qu’une photo, reproduite par tous les éditeurs, sur laquelle on la voit rayonnante et espiègle, avec un sourire à l’américaine, un rouge à lèvres un peu trop vif et un tailleur un peu vieillot. Cette photo en soi était déjà un mystère. Comment cette femme trouvait-elle encore la force d’adresser un sourire radieux à l’objectif, de faire bonne figure alors qu’elle se savait condamnée ? Etait-ce l’impératif catégorique du Keep smiling ou l’énergie hors du commun d’une femme décidée à ne pas se laisser abattre, fût-ce par un diagnostic sans appel ? Ce n’était là qu’une interrogation parmi tant d’autres car la vie de cette femme dans sa brièveté et sa souffrance ne manque pas de susciter la curiosité. Peut-être ma question première fut-elle la projection d’une angoisse toute personnelle : trouverais-je la force d’écrire si je me savais condamné et si oui, quelle serait la matière de mes livres ? Réussirais-je à sublimer ma souffrance ? Flannery O’ Connor y est de toute évidence parvenue. J’ai lu quelque part qu’elle avait écrit jusqu’au bout, que sa créativité avait résisté à la maladie. C’est en soi déjà un sujet d’étonnement mais n’est-il pas plus étonnant encore que cette femme qui, coupée du monde par la maladie, qui n’avait pas connu d’hommes et que l’on dit vierge ait pu dépeindre ce qu’elle n’avait pas vécu et un monde dont elle ne connaissait guère que les limites de sa propriété ? On pourra toujours invoquer le foisonnement de l’imagination féminine ; la créativité recèle décidément bien des mystères. C’est ces mystères que j’avais quelque espoir d’élucider en ouvrant L’habitude d’être, volume dans lequel SallyFitzgerald a réuni des extraits de la correspondance de Flannery O’ Connor.
Voici le deuxième numéro consacré au thème Femme(s) & Créativité. Ceci en vue de la création d'une nouvelle rubrique de la RAL,M. N'hésitez pas à y proposer vos textes: essais, poésie, récits, et vos oeuvres graphiques et musicales. Un Cahier de la RAL,M pourra être bientôt publié sur ce thème (janvier 2007?).