LE VAISSEAU D´OR
Hommage au poète Emile Nelligan (1879-1941) et à son poème "Le Vaisseau d´Or."
Ce fut un grand vaisseau, à la large carène,
Ses mâts montaient si haut, semblaient porter le ciel,
Et ses voiles jouaient avec les arcs-en-ciel,
Quand la mer était d´huile, et les chants, de sirène.
Mais lorsqu´il disparut, engloutissant ses peines
Aux sourdes profondeurs d´amertume et de fiel,
Son âme s´envola vers des pays de miel
Où les sables sont d´or, et les rives lointaines.
Ce fut un vaisseau d´or, il échoua son rêve :
Plus jamais ne revint mouiller près de la grève,
Son cur se fracassa aux terribles brisants...
Il ne reste de lui que cette ombre fugace,
Nous contant son histoire aux douloureux accents,
Qui s´enfle dans l´azur, et peu à peu s´efface...
oOo
L’ETRANGER
L’Etranger en nos vies,
Il arrive, il accourt
Lorsque le vent du large
Ne lui tient plus discours ;
Et l’étrange en nos vies,
Va, s’écoule à rebours
En ce temps qui trépasse
Aux ailes des toujours.
Il avait pourtant dit
Qu’il ne s’en irait point
Par ces chemins étranges
Façonnant une vie ;
Il avait pourtant dit
Qu’il reviendrait demain
Pour semer en nos mains
Le rire, aussi la joie.
L’Etranger en nos vies,
Il arrive, il accourt
Lorsque le vent du large
S’empêtre en ses discours ;
Et l’étrange en nos vies,
Lui, s’égraine à rebours
En ce temps qui trépasse,
Au seuil de ses amours.
Il avait pourtant dit
Qu’il ne partirait point
Par ces chemins lointains
De guerre et de douleur ;
Il avait pourtant dit
Qu’ici, il était bien,
Qu’il aimerait rester,
Pour écouter son cur...
L’Etranger en nos vies,
Il arrive, il accourt
Lorsque le vent du large
A fini ses discours ;
Et l’étrange en nos vies,
Va, s’éloigne à rebours
En ce temps qui se lasse
De parler d’amour.
© Kathy Ferré