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![]() oOo Les événements se présentent à nous en nombre fini et limité. Notre perception limitée ne peut même pas embrasser ce nombre fini. Pris que nous sommes dans un flux événementiel qui se renouvelle constamment, un événement en amenant un autre, nous naviguons à vue. Le monde s’offre à nous dans sa solidité, son incertitude glissante, ses événements sans nombre, et nous y ajoutons l’infinitude de nos remarques et commentaires. Placé devant le même événement, chacun y va de son commentaire. Affinités de valeurs, ressemblances, propos semblables dans leur teneur et leur tonalité, oui, bien sûr, il est possible de regrouper, de classer, de débusquer les tenants et les aboutissants de telle ou telle idéologie sous-jacente aux propos tenus individuellement ou collectivement, la prise de parole blogeuse ajoutant encore à la confusion, cette dernière se voulant personnelle tout en se mêlant au grand concert. Le concert des nations… Belle expression qui me laisse songeur. Qui donne le la ? Qui dirige ? Qui est premier violon, qui tient les percussions ? La hiérarchie de l’orchestre a deux siècles et demi. Autant dire qu’elle date et que l’on a inventé depuis bien d’autres façons de faire de la musique. Ce que l’art musical réalise n’infuse pas dans la politique. Lepoétique et le politique sont irrémédiablement dissociés. Les artistes persistent et signent, continuent à innover dans leur petit monde. Il faut manger, passer des compromis, survivre dans ce monde horizontal où les hiérarchies pullulent, assez habiles pour cacher leur nom, assez puissantes pour nous rappeler à l’ordre quand nous passons les bornes du convenable. Dans cet épais magma de paroles et d’actes d’autorité, chacun est sommé de tenir son rang, de consommer bruyamment et de fermer sa gueule. Face à ce pullulement de paroles déconfites, de propos insanes, loin de cette Tour de Babel idéologique relayée par tous les médias du monde, plongé dans ce murmure de mer, et même confronté à l’expertise savante, aux savoirs en devenir, aux prises de positions politiques qu’elles inspirent, c’est la lassitude, le dégoût, le ras le bol qui explosent, déboulent dans le débat public, dégueulent, dégoulinent. Ni vomi ni confusion ! Loin de tout ça, chercher une parole vraie qui assume toutes les incertitudes, s’appuient sur le respect des langues, l’amour de la parole claire qui n’ignore pas l’obscure clarté. La langue comme relatio, mise en relation : refus de tous les diktats, de tous les slogans, de toutes les facilités. Relative, la langue, inspiratrice d’une pensée hostile au relativisme. Ma parole ne vaut que si, honnêtement formulée, dûment informée, elle laisse une trace. La chasse aux influences et aux références est dérisoire. C’est du sociologisme de bas étage. Il s’agit de dire l’état du monde. Glissement. Le monde est pluriel, facetté, des pans entiers du monde s’ignorent mutuellement, rien ne tient ensemble. Et cependant la roue tourne. Lassitude, dégoût, résignation, sentiment de vanité de toutes choses. Voilà les réactions piégées dans lesquelles il faut s’efforcer de ne pas tomber. Peu importe alors l’indifférence. Il faut être présent à soi-même dans le souci des autres. Ecrire n’a pas d’autre sens. Jean-Michel Guyot 9 octobre 2014 |
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