Monstres en main
Les yeux rivés sur le compteur
Dans le bouge, ça remue, ça beugle, ça guinche
On beugle un nom dans le brouillard
Silence de mort
Les forceps de l’aube déchirent les chairs encore tendres de la nuit blanche
Un embryon d’espoir part au caniveau
Même pas de placenta à se mettre sous la dent
Les chiens grognent, en viennent à mordre les passants au mollet
La police est débordée
Trop de crimes inexpliqués cette nuit et toujours
Le quai des brumes appareille
S’en va tâter le large des yeux prostitués
Dans le fumoir, un vieux cigare achève sa course folle
La bouche noire de l’amant docile
Larmes de sperme dans les yeux de la belle
Châteaux de cartes et Beaujolais nouveau
Un printemps docile, un hiver interminable
Un été minable, un automne prêt à bondir par-dessus l’été
Germes de pluie
La neige dans l’oreille, dans l’amande douce
Givre écartelé
Branches exsangues
Toute vie dehors
Dehors une bonne fois
A la merci de tout
Jean-Michel Guyot
24 septembre 2014