Attirante-émouvante l’ombre sous le pont, mais qu’il est bon le rayon de soleil qui inonde de sa présence l’humble courbe du pont par où cheminent les hommes d’une rive à l’autre.
Tenir ensemble les deux moments de l’image qui ne font qu’un et se promener de l’un à l’autre dans la mobilité de l’image fixe, voilà ce qui retient toute mon attention, fait qu’en elle s’emmêlent tendresse et élan, et manœuvre mon cœur, ce chantier céleste, que les eaux furieuses aimeraient emporter au loin.
Jean-Michel Guyot
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Commentaires :
Ce poème est un équilibre suspendu entre lumière et ombre, une respiration entre le mystère et l’éclat. L’ombre sous le pont attire, comme une invitation au secret, à l’introspection, à cet espace où le silence pèse plus que les mots. Mais le soleil vient tout inonder, tendre et implacable, caressant la courbe du pont comme une main sur un front soucieux.
Là réside la tension essentielle du poème : cet entrelacement du fixe et du mouvant, du sombre et du lumineux, de la retenue et du passage. Le pont n’est pas seulement une structure : il est une vibration, un lieu de transition, une étreinte entre deux réalités que l’on croit opposées mais qui ne cessent de se nourrir.
L’auteur joue avec l’instant figé et la fluidité du regard. Il marche sur cette ligne ténue où tout se mêle : l’émotion et la géométrie, l’élan et la nostalgie. Et puis, il y a cette image magnifique du cœur comme un chantier céleste, fragile face aux eaux furieuses qui menacent de l’emporter. On y sent l’humain aux prises avec le monde, toujours en construction, en suspens, en péril et en émerveillement.
C’est un poème d’oscillation, de passage et de dialogue entre les forces contraires. Une douce bataille entre l’ombre et la lumière, entre l’attachement et le mouvement. Un instant capté dans toute sa richesse, qui pulse encore longtemps après la lecture.