Périplès ne vécut que quelques jours à Athènes, le temps de s’apercevoir que la ville périclitait.
Le péril était grand de voir en Périclès le dernier Athénien, le modèle absolu de la grandeur.
Et l’on sait que ni Napoléon ni Frédéric le Grand, ni César ni même cet autre épileptique que fut Alexandre n’inspirèrent Adolf Hitler, mais bel et bien le grand Périclès.
Linz, proche de la ville natale du dit Adolf Hitler, devait devenir aux yeux du monde ébloui l’Athènes des Temps Nouveaux, une fois exterminées les races dites inférieures, une fois les traces de l’extermination effacée, une fois le monde purifié de la soi-disant juiverie, une fois mise à genoux puis éliminée la Russie " judéo-bolchévique ".
Périplès nomadisa, alla de ville en ville, de contrée en contrée, jamais lassé, parfois fourbu. On ne parlait pas encore de pays ni a fortiori de nations, lorsqu’il commença son périple.
Etant sa propre monture, il lui était aisé d’en changer au gré de ses expéditions. C’était à chaque changement de monture un homme nouveau qui apparaissaitau grand dam de ceux qui espéraient le savoir mort et enterré une bonne fois pour toutes.
Il était doué d’une force peu commune. Sa pensée se renouvelait sans cesse. A la manière d’un caméléon, elle épousait la couleur locale, les parlers du lieu où il se posait pour quelques temps. Il faisait sien les us et coutumes des peuples qu’il traversait. Il serait plus juste de dire que ce sont eux qui le traversaient, l’irriguaient, le nourrissaient, au point qu’il devenait des leurs en leur donnant le meilleur d’un lui-même ouvert sur l’inconnu.
Il était des leurs, pas de doute, sans leurre et sans heurt, juste pour le bonheur d’être là parmi ceux et celles qu’il aimait et qui l’aimaient.
Quand Périplès arriva en Allemagne, nous étions en l’an de grâce 1770. Dans la petite ville de Lauffen sur le Neckar. Le printemps était aux portes de la ville. Un souffle le séparait encore de sa naissance, puis ce fut fait avec la fortune que l’on sait. Le 20 mars 1770 le vit naître.
Saules et peupliers attendaient la floraison de l’arbre sacré aux effluves sucrés, ce sureau guérisseur. Sursaut des temps, gésine et tournant du temps, tout cela à la fois dans les plis encore cachés de son Dire.
De périple en périple, Périplès s’est depuis lors multiplié, démultiplié, et comme déplié, sans jamais se plier aux diktats des puissants.
La simplicité n’est pas son fort. Il est de toutes les aventures humaines sur tous les continents. Une seule tâche l’a toujours rebuté, le rebutera toujours : il s’est toujours refusé à être le conseiller du Prince.
Tantôt scribe, tantôt écrivain, tantôt musicien, tantôt architecte, on le suit partout où la raison dionysiaque affleure, sourd puis jaillit en fleurs de feu.
Feu dérobé, feu prométhéen.
Jean-Michel Guyot
28 janvier 2014