|
Navigation | ||
![]() oOo Cette expérience de la nuit vide, où l’absence équivaut à une présence obsessionnelle nous porte au vide. C’est le seul enfer, sur terre, dont je reconnaisse l’existence. Il faut traverser l’épreuve du vide, ne pas chercher à se remplir de vaines images qui ne compensent pas le vide, mais ranimer la flamme, se dire qu’il vaut la peine de veiller en dormant à la mesure de cette lumière en nous, hors de nous qui nous cherche, s’affole de ne pas nous trouver : l’insomnie est un affolement de l’esprit qui, étant seul, se croit seul à tout jamais, parce que le corps qui ne fait qu’un avec lui demeure seul. Le doute de soi est légitime, il est salutaire pour peu que l’on ait reconnu qu’il nous est toujours insufflé par les autres, ceux à qui nous accordons une puissance de jugement sur nous. L’instance jugeante se déplace d’eux vers nous, nous l’intériorisons : phénomène d’aliénation s’il en est, qu’il faut retourner en prenant sur soi toutes les critiques afin de les passer au tamis de notre propre jugement. L’osmose qui en résulte aboutit, après un assez lent travail où l’esprit tendu vers la vérité retrouve toute sa négativité, à ce résultat final heureux : la critique a fait boomerang, et elle est revenue à la figure de la personne malveillante qui l’avait initiée, placée qu’elle est par nous dans l’impossibilité de s’en saisir pour contre-attaquer ni de s’en dessaisir pour oublier : affaire classée qui laisse une trace écrite indélébile. La mauvaise conscience revient à qui de droit, elle est retournée à la niche où elle aurait dû rester : on peut dormir tranquille. |
![]() |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |