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Article publié le 7 mars 2011. oOo Engagé dans une œuvre en cours, marquée pour l’instant de quelques ouvrages dont trois de pure fiction, j’ai décidé de donner un certain éclairage sur ma littérature en train de se faire. Dans mon essai « Pour une véritable littérature » , j’ai explicité quelques-unes de mes convictions, un travail de mise à distance par rapport à mes lectures et ma pratique d’auteur, un travail contextualisé, ancré dans la première décennie du XXIe siècle. Conscient depuis longtemps d’avoir trouvé mon genre d’expression — la nouvelle — et attentif d’autre part aux critiques des lecteurs qui parfois me livrent des éléments essentiels sur le sens de ma littérature, j’en ai déduit ceci : mes nouvelles sont des nouvelles abstraites. Toute fiction, par nature, est abstraite. Mais celle qui met en relief une histoire avec des personnages enracinés dans une chronologie linéaire peut être qualifiée de figurative. Au contraire, celle qui pose tout le temps la question de la confrontation entre le narrateur et le monde — cette aspérité qui engendre la subjectivité — est forcément abstraite. Car on ne sait jamais, à l’avance, quel sera le déroulement du texte, non plus que son issue. Le narrateur ou l’individu, le « je » est constamment engagé dans une problématique qui prendra une forme déterminée au cours de laquelle la langue et l’imagination seront les moyens d’arriver à produire du sens. La nouvelle, si elle est un genre majeur, est moins lue que le roman. Néanmoins, tous les grands écrivains se sont essayés à ce genre, certains devenant même des spécialistes, tels que Guy de Maupassant. A lui seul, il a érigé la nouvelle à un point culminant, lui donnant toutes ses lettres de noblesse. Il est parfois des évidences lumineuses qui n’ont aucune raison de rester silencieuses. C’est donc en toute lucidité que je suis en train de regarder mon propre travail : celui d’un écrivain qui pratique intensément la nouvelle, celui du fondateur de la nouvelle abstraite que je définirais de la manière suivante :
Je rajouterais que l’imagination du lecteur est particulièrement sollicitée, une imagination provoquée par l’espace et le temps, deux entités hautement subjectives. Enfin, plus la fiction est abstraite, plus l’attention et la participation du lecteur sont requises. En guise de conclusion, il est tout à fait possible que je sois un régénérateur du genre. Mais ceci est une autre histoire... Stéphane Pucheu publie chez Le chasseur abstrait ICI |
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