Je suis perdue dans l´espace.
La protection des murs s´anéantie, plus rien ne me tiens.
Tout est vide autour de moi et j´aimerais m´agripper à l´autre, mais personne n´est là, malheureusement.
Alors, je marche.
Le néant autour de moi me rend liquide : comment trouver une enveloppe qui me contienne un peu, cette enveloppe physique qui fait que l´on puisse prétendre à une unité corporelle.
Ma chair craquelle, ma peau se déchire et le sang se répand de toutes parts. Mon visage, comme embelli de tant de déstructuration devient une plaie béante, et, enfin, mon vrai visage s´offre maintenant à vous.
Ce visage, difforme, sanglant est le miroir de mon intériorité. Regardez- le bien car peu de personnes ont pu déjà le contempler !
Le monstre est sorti et la peur se lit dans vos yeux. Irais- je jusqu´au bout de la torture ? La mienne, la votre
Alors, je continue de marcher.
J´avance péniblement et toujours ce vide
Si la chair n´est pas suffisante pour constituer l´unité du corps, il faudrait trouver une enveloppe qui se substitue à cette faille physique et psychique. Je m´emmitoufle dans ce qui couvre mon corps, fine protection, comme si elle pouvait m´aider à rassembler les morceaux.
Il s´agit de trouver les limites entre le corps et ce qui n´est pas lui : l´extériorité ne serait plus un danger, mais au contraire un élément où je pourrais me mouvoir sans appréhension, et par conséquent, sans perdre les objets.
Au coin de la rue, je te vois, et là, je peux retrouver le contact avec les objets ; tout redevient un peu plus rassurant, et surtout, le masque se rétablit.