Je ne pense pas qu’il faille nécessairement recourir à une démonstration en bonne et due forme ; s’agissant de donner à voir, et surtout à sentir ce qu’il en est en poésie de la poésie, un catalogue de citations longue comme le bras ou pire encore une bibliographie de thésard contraint à la plus stricte exhaustivité n’a pas lieu d’être dans les parages immédiats de la poésie.

Les temps jouent en notre défaveur sachant que nous vivons des heures sombres appelées sans doute à durer qui font la part belle et presque exclusive à la prose romanesque. Loin de moi le projet de répertorier les proses poétiques, les romans ou récits capables d’émouvoir tant par leur substance et leur structure que par les rythmes qui s’y entendent. Je n’ai pas la patience ni même le temps pour un tel projet.

Plongeant dans la poésie, je puis en écrire, en écrire surtout, et bien sûr en lire jusqu’à la fièvre.

Notre époque aime les bilans, certes toujours provisoires mais réconfortants, qui prennent la forme de panoramas plus ou moins exhaustifs donnant à voir d’un coup d’œil la production littéraire d’une époque.

Outre qu’il me faudrait de considérables ressources financières et beaucoup de temps, il m’est personnellement impossible de tout lire et de tout apprécier.

Le vieil enfant gourmand que je suis peut le déplorer, mais l’expérience m’a appris à me méfier de mon appétit que j’ai souvent plus grand que le ventre, aussi me contente-je de déguster ce qui se présente à moi.

Le hasard ne fait certes pas une politique de lecture digne de ce nom, mais je n’ai pas d’autre choix que d’y recourir pour satisfaire ma soif modérée de lecture. Rester sur un auteur un long temps qui ne se mesure pas, découvrir parfois une voix nouvelle qui m’enchante, voilà qui me suffit, même si je conçois bien qu’il y a quelque chose d’injuste à passer à côté de voix qui valent la peine d’être écoutées.

Ainsi va.

Jean-Michel Guyot

23 juillet 2022