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Article publié le 5 septembre 2021. oOo Le petit soldat de plomb retrouvé dans le grenier fondait lentement dans la louche de fer blanc posée par l’enfant sur le feu vif de la cuisinière. Papa et maman laissaient faire, vigilants. Un bref instant le rouge et le bleu de l’uniforme s’enflammèrent. Ephémère ardeur lovée dans le plomb en train de fondre.
L’enfance n’y va pas par quatre chemins. Parole d’après, propos d’adulte rassis.
Une colère qui vient de loin, remonte à loin, vive, si vive encore. La faire taire en la plongeant dans le plomb des mots en fusion pour en extraire de l’or. L’enfance à foison. Echine en frissonne, une fois l’âge venu.
Napo sur son ile part en vadrouille, échafaude des plans d’évasion. Finies les invasions. Des belles et nobles batailles, il ne reste que des gravures, des tableaux, des images d’Epinal et ces figurines en plomb que l’enfant s’empresse de faire fondre. Un tableau grandeur nature, genre reconstruction historique, console les nostalgiques à l’esprit chagrin, ces impossibles témoins venus après. Après-coup sonne l’heure des retrouvailles en costumes chamarrés. Les gaillards avaient de la gueule en ce temps-là !
Inquiet, l’enfant, qui leur préfère les sonnailles d’un troupeau de brebis dans le val et les semailles. Un blé d’hiver emblave sa jeune conscience. Et grésille le plomb en fusion jeté dans l’eau froide, figé bientôt. Avenir se dessine là. Incertain de sa mise. Et se mire la chance d’en être rendue là dans sa toute nouvelle mise, elle-même bientôt commises aux oubliettes.
Tant va l’oreille qu’à la fin une musique se brise. Prête alors à toutes les audaces sonores, l’oreille. Qui dira l’ahan, l’initial des sons en fusion ? Personne qui vaille. Seule compte à présent la sourde cohérence qui gronde des entrailles de la terre, monte, jaillit, explose en spirales sonores. Just ask the Axis, bold as love !
Jean-Michel Guyot 29 août 2021
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