Valérie Constantin écrivait à propos de Frida Khalo :
La détresse, le chagrin sont derrière chaque image, mais aussi l’espoir et la vie. Le soleil et la lune. Dans chaque tableau elle est une femme, la femme amoureuse, la femme amante. La femme souffrante mais pleine de désir. Elle nous parle de sexe, de désir inassouvi. Elle se montre amoureuse. Elle fouille ses sentiments et raconte sa complexité de femme, mère, sœur, amante, épouse, amie... LA VIE. La sienne. Celle qui lui fait dire :
« Estoy sola. Espero alegre la salida - y espero no volver jamás. »
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COMPRESSIONS de Valérie Constantin par Stéphane Pucheu
COMPRESSIONS I, II et III
Valérie Constantin est une artiste plasticienne dont l’amour pour les mots se transfigure au travers de spéculations picturales éminemment subjectives.
La sobriété du titre, déjà, délimite le sujet, cette vaste discipline qu’est la littérature. L’auteur que je suis, l’homme de mots que je suis est sensible à l’extension de ces lettres, phrases ou paragraphes en matériau plastique, en matériau artistique nouveau, d’autant que les couleurs, le noir et le blanc, sont synonyme de profond respect pour cette discipline à laquelle Valérie consacra une grande partie de son temps.
Ainsi, des pages et des pages de manuscrits, des écritures sans doute différentes et des héritages mémoriels tout aussi hétérogènes ont probablement présidé à l’élaboration de son travail. Hommage aux mots, donc, hommage à la prose synonyme d’envahissement, de prolifération, et qui d’un coup, de par leur cadrage, semblent photographiés, immortalisés.
Oui, Valérie a photographié les mots par le biais de couches contrastées, modifiant leur taille pour mieux souligner leur présence et leur beauté. C’est aussi la puissance de la littérature qu’elle dévoile à travers sa démarche, autre émanation de ses tableaux : l’étalement du noir contenant l’unité des mots, dans un espace envahi.
Plus avant : c’est l’ontologie des mots qui est mise en forme, là, sous nos yeux. Des mots connaissant une continuité existentielle sous le concept de spatialité.
Les mots ont une place précise dans l’espace, une place qui devient proliférante ( Compressions II ).
La centralité de certains passages conduit les autres à la périphérie ( Compressions I ).
La mobilité et la danse du sens engendrent un tableau dynamique ( Compressions III ).
Nul doute que la prosodie est bel et bien présente au sein de « Compressions », une prosodie magnifiée. Car tout lecteur digne de ce nom est forcément sensible à cet aspect de la syntaxe. De surcroît, le mystère de la création littéraire est abondamment souligné par le biais de ces inlassables mouvements picturaux qui se déclinent en série.
Si la netteté du sens est mise en exergue, ainsi que l’austérité de la littérature, un autre substantif, la nuance, semble également incarné comme en témoigne l’entrecroisement parfois délicat du noir et du blanc.
Par un effet de débordement, je ne peux m’empêcher, par ailleurs, de formuler des hypothèses concernant la formation picturale de cette artiste, songeant avec une certaine évidence, à partir de ses « compressions », à de grands maîtres de la peinture tels que Rothko, Soulages ou encore Mondrian, pour qui la discipline se confondait avec l’avènement d’une netteté radicale.
Radicale... Valérie Constantin l’était sûrement dans son approche des arts plastiques, à la fois investigatrice et déterminée, nette en un mot.
Dans cette ode à la littérature, le travail de l’artiste demeure ouvert à l’interprétation. Des constances, des répétitions d’un tableau l’autre, oui... avec des nuances inédites. Sans cesse nouvelles.
En noir et blanc, comme l’essence de la photographie qui permet de voir le monde dans toute sa compression...
Voir www.valerieconstantin.fr
Valérie par Robert Vitton
Le siècle avait quelques ans, je brodais çà et là, au petit bonheur la chance, des poèmes sur la toile universelle, quand me vinrent d’Andalousie un signe et des paroles. Patrick et Valérie… Valérie et Patrick…
L’Art, la Littérature, la Musique ! Une revue…
La Ral, m devint pour moi et tous les partants, un lieu de rencontres, de partage, de connaissance, un lieu parfois imaginaire. On s’y côtoie, on s’y découvre, on s’y fait confiance, on s’y rassure, on s’y apprécie, on s’y révèle on y rêve, on y songe, on y débat, on y échafaude, y réalise des projets insensés, des projets collectifs et individuels, en un mot comme en cent, on y vit. Pour ma part, la Ral,m a pris une grande place dans mes écritures parce que des commandes m’ont été faites, sans compter celles que j’ai cru bon de me faire. Des voies battues, des chemins buissonniers, des sentiers de traverses, des raidillons frayés m’ont conduit dans des aventures insoupçonnables et ouvert de fabuleux horizons. Il manquait une autre concrétisation et pas des moindres, quelque chose que l’on emporte avec soi, que l’on caresse, que l’on tripote, que l’on respire, quelque chose avec table des matières, avec épitre dédicatoire, avec préambule, avec quatrième de couverture…
La construction et la fabrication d’un livre n’est pas une mince affaire. Il faudrait relater la rencontre et la confrontation de l’éditeur et de l’auteur.
D’emblée, Valérie devient l’interlocutrice qui écoute, suggère, conseille, rassure et encourage, mettant ses connaissances techniques, sa culture et son sens artistique, au service des auteurs, ne ménageant jamais sa peine ni son temps.
Je passe sur l’installation de mes désormais éditeurs en France. Très vite, elle devient l’amie, la confidente et lorsque l’occasion nous est enfin donnée de nous voir, c’est pour goûter la belle aventure des salons du Livre, de la Revue, à Paris, à Rodez. Moments intenses… Chaleureuse, généreuse, elle favorise les échanges avec les auteurs du Chasseur abstrait.
Valérie, c’est aussi et surtout, une exceptionnelle plasticienne, illustratrice de talent (notamment de trois de mes ouvrages, les faisant entrer dans la catégorie des « beaux livres ») qui mène, de front, une œuvre personnelle, originale, dense, foisonnante. Au-dessus de mon bureau, ses peintures me réchauffent le cœur et l’âme…
Valérie est indissociable de Patrick ; à tous les deux, ils ont formé un binôme d’éditeurs intransigeants mais avec l’ambition de servir d’abord leurs auteurs.
Robert VITTON, juin 2021