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Article publié le 10 mars 2019. oOo Un temps, je fis l’aumône au temps De ce temps-là ne me reste que l’impatience vouée à l’attente
Imaginez un peu un boa constrictor enfermé dans une camisole de force En plein désert dans le froid d’une nuit glaciale dans le grand Nord
Le temps s’ennuyait ferme dans les faubourgs de l’être Au moins autant que moi, son fils impénitent
Temps cheminait dans l’âtre, flammes ardentes se disputaient La primeur de mes vues nocturnes
Un temps, donc, je fis l’aumône au temps Lui consacrant la majeure partie de mes maigres loisirs
Le petit fonctionnaire mal noté, mal marié retenait son souffle d’ambre Se jetait sur les mots pressés de naître sous ses doigts secs
Dans cet imparfait fourmillant, des événements tout à fait inattendus Pointaient comme lances au soleil à la veille d’une grande bataille de mots
Et c’est tendu à l’extrême comme flèche au repos dans son carquois d’azur Qu’un arc bouta hors les murs de la cité ma flemme légendaire
Qu’aussi, dans le même temps, je fis sa connaissance un jour en hiver Et qu’aspirant à autre chose que le temps mordant je tombai en arrêt
Devant la morne figure du vent qui fuyait au-devant de lui-même En une course éperdue digne d’une Amazone égarée dans les steppes lointaines
Incontinent, je tournai casaque, filai à l’anglaise sur la quenouille Dans les corridors brumeux du grand palais de glace
Statues de bois y mâchonnaient des bulles de savon Histoire de purifier l’air ambiant
Deux lignes droites catallèles ne font pas un carrefour Ni un rond-point ni rien qui vaille d’ailleurs, me disais-je alors En guise de consolation ardente
Ainsi, tourna en rond le temps imparti-réparti Quand vint à souffler la bougie l’enfant précoce
Que je fus tout au long de ses longues années de fer, Pressé que j’étais de me rouler dans l’herbe reverdie de ses rêves rajeunis
Il fallut à cela qui venait toute l’énergie du désespoir Pour ne plus faire face au temps passé-passant
Et d’un présent à l’autre faire don de rien Aux petits riens qui animent les stances bouffonnes
Qui longtemps, amusant la galerie, firent mon ordinaire Jusqu’au jour où, lasse de tout et de tous, se fit jour en moi
Une fenêtre grande ouverte sur l’air du dehors Me vint alors sur les lèvres une chanson démente Qui me dure
Jean-Michel Guyot 2 mars 2019 |
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