Vient le temps où, de lointaines qu’elles étaient, les grandes falaises de craie deviennent si proches qu’il faut se résoudre à débarquer. On se retrouve alors sur la grève houleuse au pied de la grande façade rocheuse escarpée à souhait.

Un tout autre jeu commence pour qui n’est pas rompu à l’escalade et qui ignore, qui plus est, si quelque sentier permet d’accéder au sommet sans avoir à grimper à la force des bras et des jambes.

Nous voilà comme mis au pied du mur, mais d’un mur de craie, friable et tranchant, à la surface inégale, abrupte bien sûr et qui nous refuse d’emblée l’accès non à la côte mais aux terres.

Nous avons tout loisir de remonter à bord du navire qui nous a conduit là, dans cette quasi impasse, à moins que, forts de notre élan de voyageur, nous décidions de gravir la falaise, mais pour quel bénéfice ? Nous ne le saurons que bien plus tard, une fois que nous nous seront enfoncés dans les terres.

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Isthmes et péninsules ont en commun étroitesse et exiguïté.

Langue de terre et langue de mer s’entre-lèchent sur une terre imaginaire qui ne verra pas le jour, restera fermement dans ma nuit qui éclaire.

Les « ismes », tous les « ismes » me fatiguent, ont usé jusqu’à la corde les bonnes volontés de tous bords.

Il nous faut un nouvel humanisthme aisé à traverser, qui ne marque aucune frontière entre deux mondes qui veulent s’ignorer pour mieux prospérer, pensent-ils, en restant sur leur quant à soi.

Les péninsules ne mènent nullement au bout du monde ni ne se jettent dans les eaux tumultueuses tels des lemmings.

Ne sont que des extrémités terrestres non immergées, des presqu’îles, en rien des excroissances folles, terres en perdition qui rêveraient de se détacher du continent pour tenter l’aventure en solitaires.

Bras de mer, bras de terre, langues, que sais-je encore, isthmes et péninsules disent l’état du monde, inspirent une politique, nous tirent vers le haut.

Jean-Michel Guyot

25 janvier 2019