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![]() oOo Le soir venu, j’aime être nue. Cette pensée sourd des roches moussues alentour, et plus qu’une pensée, c’est une vérité déhiscente qui s’ouvre d’un coup à qui sait l’entendre, ainsi dénuée de tout artifice tactique, exempte aussi de toute moraline, où viendraient s’entre-caresser ombre furtive et lumière aveuglante, secrets emmurés et aveux calculés devant un parterre extasié, oui, cette pensée, résolument, chemine en elle dans l’intimité dévoilée de ses temps. Du présent, une lassitude transpire qui se confie au passé, et de là débouche sur un avenir de débauche qui en transfigure la perte, la transformant en son pôle acéré, la dépense effrénée. Il faudrait à notre vocabulaire autre chose que ce mot : compagnon de route, et même plus que des mots, afin de ne pas seulement dire avec force conviction ce qui m’anime, quand je songe à elle, mais de donner à vivre un mouvement pour ainsi dire universel. J’ai appris au fil du temps à aimer ses couleurs et ses habitudes, ses petits plats et ses désirs. Et j’aime son habitat, sa demeure de sable et de bois. Divinité lacustre, elle ne vit pas en recluse, mais, ouverte à tous les vents, comme un oiseau de proie en pleine piquée, il lui arrive de replier ses ailes pour mieux fondre sur sa proie. Revenue à elle, le soir venu, et nue, elle exhale un parfum de rose. Ce qui advient alors n’appartient qu’à nous.
Jean-Michel Guyot 21 janvier 2019 |
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