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Article publié le 15 avril 2018. oOo Colibri jamais ne chante dans la lumière de mes écrits Temps, temps revient dans le cirque maxime, Lieu de malheur De la romanitéprends néanmoins le meilleur Laisse aux gouffres amers Les affres et leurs antiennes
D’éclat en éclat, Le multiple s’irise et danse dans le ciel endolori Orage remue les airs, dérange les masses d’air Apporte confort et réconfort au ciel rajeuni Et le silence La pensée vide de noms Veuve Orpheline Déserte comme une rue vide Dans la nuit sans dieux et sans lune
Je remue les mots comme, enfant, je soulevais des mottes de terre Soulever, jeter plus loin Creuser et creuser, Et pelletée après pelletée toucher à l’énigme Qui se dérobe à mesure qu’elle se dévoile Çà et là, la bêche tombait sur un vieil outil de jardin corrodé Une clé morte Un clou désuet Une arme blanche toute rouillée
Ma vie s’en va, s’envient Devenue fantomatique, la demeure de mon enfance Revient hanter mes nuits blanches
Plus jeune, j’aurais voulu mettre un terme à tout D’un mot, d’un seul effacer le monde Et basta
Au lieu de cela, je me répète, Ne le sais que trop La troupe des mots appellent son berger Ouvre une brèche sonore qui m’accueille Ainsi me répète mais sans redite Aux diresde ce qui parle à travers moi
Je doismaintenir vive la brèche d’azur Ce que j’y vois, aucun sacré ne saurait assez fort Leporter au langage
A Bordezac, en Cévennes, Pays cher à mon cœur entre tous L’à-pic vertigineux Et les méandres de la petite route en lacets Qui borde l’abîme Et les fières et rudes demeures de basalte ancrées là au bord du vide Entourées de terrasses sinueuses et si gracieuses Y poussent fièrement l’olivier et le figuier, Thym, sarriette et romarin embaument l’air vif de ces montagnes débonnaires C’est là, en bord de Cèze, et nulle part ailleurs, Non loin à quelques virages, le château d’Aujac, Plus haut encore Bonneveau, Fier village aux rues pavées de schistes
Y vinrent au monde tant et tant d’écrits Rassemblées en pensées odorantes et mouvantes dans la journée, Ecrits dans la fièvre de la nuit, Relues au matin dans la joie du travail accompli Après ce virage que prit ma vie Quand, de tous les visages connus, un seul garda le sourire Jour après jour reprit vie et assurance Celuide ma petite fille
Ses yeux bleus décrochaient le ciel En toute candeur, elle était de ce pays dans toute sa jeune force Et nombres de poèmes lui vinrent là, si en avance sur sa jeune vie, Que, saisi d’admiration, d’une vive inquiétude, je fus d’abord pris Avant que d’accueillir la penséejoyeuse que la parole l’habitait, elle aussi Elle qui, dans ses noms, porte tant et tant de récits Qui la relie à la Germanie de ses ancêtres, A la chère Provence aussi
Jean-Michel Guyot 26 mars 2018 |
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