|
Navigation | ||
![]() oOo Dans la beauté, ne saurais dire La nuit venue Dans le jour, tout, tout brusquement, Peut s’assombrir * Frissons, Frissons frissonnent A même une matière dense si vivante, Et si densequ’elle danse Fragile et souple Peau à peau Pétri de jouissance * Mains lestes désincarnent le visage éolien Voilà qu’il s’effiloche comme nuage dans un ciel d’été Dans mes filoches, désormais, les figures amènes Que des flux incessants aussitôt délivrent Pêcher en eaux troubles, décidément, n’est pas mon fort J’aime trop la liberté de ce qui même obstinément S’y refuse Dès lors persiste un écart salvateur Une liberté empêtrée se disloque, Ne communique plus, s’enferme en elle-même Et de sa vérité devenue farouche, sauvage et libre Je fais une idole Hostile à toute présence Subsistent un blanc, une faille Une ressource encore A qui se refuse à yvoir Une présence aisée, vagabonde, obtuse ou plénière En proie au divin * L’absence est mon dieu velu et retors Il court dans les veines de l’ours solaire, De la louve errante, du chacal endormi, du fennec hilare Dunes et combes abritent les cris Innommables * Roseauxse balancent dans les eauxtroubles, Iris safranés allument un feu pour les yeux, Herbes aquatiques ondulent au gré d’eaux plus claires
Aisance et présence Odeurs y puisentl’élan Et peau cuivrée s’immerge dans la rivière indolente Ardent été
Plus loin, la cascade se hérisse Délie les eaux * Divers lieux s’agrègent Vivent en un même lieu bordé d’aulnes Homol gardois Ognon haut-saônois Mêlent leurs eaux, leurs temps et jusqu’à leurs crues
Transies d’êtres et de choses Nobles ou banales, visqueuses ou lisses, Les berges Galets boueux polis par les eaux Gisent en décrue
Il m’arrive souvent de remonter la rivière Sans jamais y trouverâme qui vive Il faut parler pourtant Ainsi lier durablementjoliesse et vérité en liesse Des sols et des lieux, des eaux et des rives Dans l’espace accordé de deux pays Devenu pour l’occasion un seul et même paysage Presque un visage Qui sourit au bleu du ciel qui se penche Sur nous * A lavivacité d’un regard pétillant de malice J’allie à l’envi Une force presque incoercible En ce qu’elle dépasse qui s’en fait le porteur, Et passant en tout un chacun, Déborde allègrement
D’elles deux j’accompagne et le bond et l’élan, Petit pont de pierre jeté sur l’abîme ouvert
Et je ris, je ris de bon cœur Au bonheur quis’en vientlà me visiter Conscience irradiée de présence Roches grises polies, arrondies Mais toutes luisantes
Schistes rosés veinés de mica Et de tant et tant de nuances Affrontés au soleil qui cogne dans les forges du ciel Aux eaux vives qui dévalent des ravines Pour ne former qu’un seul lieu Goulet d’eau furieuse ici et là, Et plus loin encore vasque étale
Miroir des eaux D’une rive à l’autre renvoie des images dansantes Et si fragiles
Y plonger les bras puis le torse, Assommé de chaleur, Ivrede fraîcheur tantôt
Plus tard avancer Dans la beauté radiante
Après une marche harassante rentrer plus fort que jamais Et courir encore et encore de nuage en nuage, Assis sur la terrasse toute de schiste bâtie Qui surplombe le petit val en contrebas, Un verre de vin rosé à la main
Dans le bleu du ciel Marcher encore En sautant de nuage en nuage En bonne compagnie
Avec celui ou celle quiaime la vie De tout son être jouit et se réjouit De donner le là à toute cette foison
Bouillonne d’impatience A l’appel du dehors Qui ne cesse de grandir D’un mot m’appelle Dans un mot Afin que jamais ne s’étiolece bonheur de dire Qui si souventinvite au silence Incite aussi qui s’y complaît à le rompre En cela répondant à l’appel De la beauté aux milles Visages
Jean-Michel Guyot 24 janvier 2018 |
![]() |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |