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Article publié le 13 juin 2017. oOo Pour Emmanuelle
Si « rien ne remplace le vécu », alors que reste-t-il une fois que tout a été vécu ? Mais, dis-tu, « le vécu » n’est pas ce qui est vécu, n’est, au mieux, que ce qui aura été vécu, irrévocablement passé au moment-même où il se veut et se voit vécu, ce qui est vécu étant alors, dans cette perspective nouvelle, ce qui advient de la vie au cœur du vivant, soit l’inexprimable promesse d’un à venir qui bute sur son évanescence sans cesse recommencée. Comme une promesse qui brûle les lèvres, n’advient jamais à la parole, rendant celle-ci possible cependant dans l’après-coup du Dire. Du vécu, du vivant aussi bien, confondus dans leur geste réciproque et inénarrable jaillit la parole poétique aussi bien que le besoin de parler d’abondance ou laconiquement, peu importe, d’accompagner ainsi toute parole, grave ou légère, anodine ou profonde, vers ce qui la rend possible, soit l’impossible expression du temps présent. Ne reste dès lors qu’à dérouler les fils de cet écheveau pour mieux en tisser la trame ferme et souple sous la forme d’une tapisserie sans cesse remise sur l’ouvrage. Ainsi du temps conquérant qui n’appartient qu’à Ulysse et ses compagnons de voyage Pénélope tisse la trame narrative à rebours, défaisant sans cesse les liens mortels des intrigues qui menacent de l’immobiliser.
4 juin 2017 |
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