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![]() oOo L’ombre de tes bottes posées sur le pas de porte indiquait l’heure aussi sûrement qu’une horloge solaire. Discrétion et direction confondues dans un geste muet presque noir. Depuis qu’il avait entrepris de suivre à la trace l’ombre légère de ses pas, il régressait doucement. J’ai souvent vu un soleil dans le jaune d’œuf que je me faisais cuire dans le beurre presque noirci. J’y mettais mon grain de ciel, l’azur manquant, la figure éternelle. Sel bleu de Perse, tu me comprends. Ingrid est cette femme des lointains qui s’approche, amenant avec elle ce parfum des lointains qui sied si bien à sa mise légère. Les seins flottent dans la soie bariolée, les hanches dansent. Femme arc-en-ciel que le noir rebute, que les jaunes exaltent. N’était le violet des yeux, cette presque-femme ferait illusion le soir venu. Les volets verts ont claqué au vent cette nuit. Un vent noir a hurlé, s’est distingué de la troupe ailée qui n’en pouvait mais. Dans un nuage gris, j’ai recueilli le peu de lumière qu’il restait. A l’affolement général succèdera une liesse populaire sans fondement aucun. Laisse à d’autres le soin d’aller aux conclusions. J’ai rencontré quelques sceptiques fort satisfaits d’eux-mêmes. Mettant tout en doute sans examen aucun des faits et des preuves, délaissant toute recherche, se cantonnant ainsi dans la fausse quiétude des imbéciles heureux. Si le bonheur rend niais, le malheur, lui, rend mauvais, sauf ceux et celles qui le combattent pied à pied, trouvant ainsi leur bonheur dans l’esprit de contradiction. J’aime l’ardeur safranée de cette fleur qui s’endort le soir. Elle accompagne dignement le soleil dans sa course aisée. Astrophysicienne, elle saurait que c’est la terre nourricière qu’elle suit en s’ouvrant puis se fermant au ciel. Elle se donne ainsi des airs de ne pas y toucher, alors que tout en elle respire.
Jean-Michel Guyot 21 mai 2016 |
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