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D'aube et de vents
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 Article publié le 10 avril 2016.

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Pincée de sel sur tes seins
Envol 
La bouche gourmande se repaît 

Il faut dire sa délicatesse insigne
La ferveur des mots obscurs qui s’en échappent 
Quand, dans le feu de l’inaction, prise de panique, 
Elle prend la parole 

Onomatopée de l’indicible, le langage
En son entier ? 

La poésie, alors, serait le chemin minéral,
Le miroir intérieur
Reflets de feu d’un réel éprouvé 
Règles et contraintes pour les uns, 
Et garde-fou dans le fouillis sonore 
Onomatopées pour d’autres, rythmes pointés 
Par où tarde à venir la parole qui délivre 

Eclats et embruns pour moi,
Qui défriche-déchiffre les brumes 
Je sais l’étrave et la proue et le pont 
Chante alors la voix neuve 
Aux vents porteurs vouée 
Au large de l’espoir 

Vita nuova et gai savoir 
Prouesse du vent, l’unique 

L’éclat ? 
Qui n’a senti sa rondeur acidulée de pomme sure 
Dans la poussière des bibliothèques ? 

Polymnie fait l’amour à Pomone qui se pâme 
Sous le regard inquiet des Muses, 
Uranie s’assoupit 

Du vent l’exil, de la terre l’abri, des mers le voyage odorant, 
Tout cela, et plus encore à fond de cale, sur le pont, à la proue, 
Et craquent mâture et bastingage, 
Et claque la voilure 
Retour en des terres natales si nombreuses 

Et qui, de la roche grise ou de la fleur qui y prospère, 
Est la plus émouvante ? 
Dans les terres, matière d’exil, 
Croît la force du jour 

Les mots te font l’amitié de m’accompagner
Dans l’amour que je voue à tes mots
Comme si, dans la plus légère des ferveurs, 
La mémoire des livres, 
Ne se refusait plus à mon égard la pensée claire et distincte
Qui accueille 
Les chants nombreux 

Cascades de mots torrentueux et vasque calmes
Aux eaux claires, 
Miroirs du ciel 
Jetés là dans le chaos des schistes 
J’aime tes petits yeux de micas, 
Les roses et les gris bleutés de tes roches plusieurs fois millénaires, 
Et ces odeurs animales qui rôdentdans tes parages,
Minérale et céleste demeure, 
Torrent de mon enfance 
Ivre de lumière

La main cherche l’appui, n’arrache pas, se cramponne, 
Accompagne le corps tout entier dans sa marche 
Animale 

En une recherche qui ploie sous les plis
Pour mieux se lover amoureusement contre les embruns, 
La proue plonge 
Terre des mers, amour translucide 
Eclaire les mots 
Fanal égaré 

Le sel de tes seins
Sel de la terre aux mers accordé 
Qui voit l’Aphrodite chtonienne fouler le rivage 
De tes premiers pas sur la terre ferme, 
Je retiens l’humide langueur 

Bouche que le sel brûle, 
Gorgée de sel, salure
Voici que le regard s’attarde sur les ruisseaux côtiers 
L’estran attend dans les plis de ses flaques 
Doux clapotis de tes pas dans les flots apaisés 
Qui, des terres, des mers, aura le dernier 
Mot ? 
Question vaine que la brise emporte
Dans les lointains

Ta robe de lin fouette au vent côtier
Tes yeux basculent dans le bleu 
Tes bras remuent ciel et terre
Andains dans les cieux, 
Les nuages 
Et coup de faux puissant qui rassemble 
Il faut à ta présence une belle et forte conclusion 
Ouverte sur elle-même 

A même le sol pierreux
Sourd la lente montée des sagas et des légendes 
Elles respirent comme au premier jour de leur épiphanie 

L’épierrage sera long, les murets lentement 
Sillonnent les terres arables 
Puissance des hommes, 
Muets murets dans le secret des murmures 
Bientôt recouverts des lichens et des mousses,
Patine des temps que le présent rabat sur la présence 
D’un dicible longtemps attendu, si longtemps préservé
Dans les replis des roches 

En grand nombre, tu y traces les signes visibles
Algiz est le chemin nombreux 
Qui ne serpente pas 
Un parmi tant d’autres que tu aimes,
Mais le tien dans ton cœur 
D’ici et de maintenant
Et de si lointaine provenance dans le même temps 
Qu’entre toi et les temps nulle indifférence 

D’où vient alors que du temps pérenne 
Résonne encore l’appel à venir ? 

Futur et avenir s’encanaillent avec l’ombre portée
D’un passé mémorial 
Temps de dénuement 
Nudité des traces, flamboyances des signes,
C’est tout un 
Compte seule, 
De main en main passant, 
La gracile présence
Et si légère 
Que, de toi et moi, dans cet incessant maelstrom 
Une force obscure s’imagine être à la pointe de qui nous sommes
Par le truchement de ce que jamais, au grand jamais nous ne serons 
Mais ferons si le marteau de notre action se débat dans nos mots
Pour combattre nos maux 

L’altérité enfin, sel d’espérances, vieux ressort
De la métaphore
Mordante métaphore montre les dents
Pommes, noix ou citrons, fuyez ! 

Fable rase une fois faite au faîte de sa puissance,
Et défaite par là même des puissances occultes, 
Des empires et des polices aussi bien, 
Demeurent dans le saint des saints
A table d’hôtes 
Les dieux inquiets 

Qu’ils festoient entre nous 
Est chose bonne et tant de fois si légère 
Fête de paix de par le monde endeuillé 
Ta tente claque aux vents, amie,
Et salue les peuples mobiles 

A la force du poignet, l’aube axiale



Jean-Michel Guyot
26 mars 2016

 

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