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Article publié le 12 octobre 2015. oOo Le mauvais cheval du Phèdre de Platon regarde par le bas comme s’il écrivait. Le bon cheval regarde où mène sa droiture sa statue équestre. Soudés par un strabisme convergeant des croupes ils tirent le chariot qui emporte un cocher. Ce cocher tient les rênes coupé par la ligne qui toujours le coupe en son milieu. C’est comme un homme tronc. Il est peut-être en train de taper une prose sur son attelage avec le fouet des doigts. Ceci est la description du tarot dit de l’âme je l’accroche au mur. C’est un peu le portrait de celui qui écrit et le portrait de sa machine à écurie avec en premier plan ses naseaux divergents. L’un des chevaux mastique le foin noir des mots et se remplit la panse. L’autre pense le nez en l’air qu’il aura l’air du bon cheval d’arçons. L’image sous la ligne est celle d’un appareil où le hasard des mots vient au galop au bout des doigts ferrants-ferrés du moi qui fait un foin de tringles qui se tendent vers le mouvement. Le cocher est penché sur sa propre encolure et fouaille la matière osseuse et décharnée et tatouée d’épines. C’est aussi le portrait de l’écriture où l’âme sent entre ses coudes l’écurie lointaine qui se prophétise en plein dégagement. Le cocher devenant ce aliquid qui prend le char en pleine tête.
On n’entendit plus rien que le grincement métallique du cheval gagnant et du jockey vainqueur.
Pierre Reverdy |
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