1
Allongée comme une pierre sur le corps brisé
D’une fillette, elle dormait sur le trottoir.
Le soleil versait du sang dans les cheveux de l’enfant,
Sa peau brillait dans la lumière du crépuscule.
Elle était frêle comme les premières pousses du printemps,
Belle, comme le soir sur Gaza,
Fragmentée comme le paysage.
La terre altérée buvait les larmes de la femme,
Les bombes éventraient la ville…
Partout, il pleuvait à verse des colonnes de feu.
Des hommes, des femmes, des enfants fuyaient
En tout sens, fantômes désemparés…
Prisonnier sous les décombres, un petit garçon
Aux yeux d’étoiles filantes
Sanglotait à voix basse :
" Maman, tu dors ? Réveille-toi ! Viens m’aider ! "
Allongée comme une pierre sur le corps brisé
De sa fille, une mère dormait sur le trottoir,
Du sommeil éternel.
2
Qu’il est triste d’entendre l’haleine des enfants
Traverser la solitude des nuages
Quand le silence de la nuit est la brisure
De leur petit cœur livré à la folie des armes !
Qu’il est triste de voir des poupées ensanglantées
Et des ours en peluche dispersés
Dans la cendre des petits corps, orphelins, délaissés…
Qu’il est triste !
Ce soir, mon cœur se tient face à l’absence,
Abasourdi de tant de larmes, de tant de peine.
Je suis un enfant avec tous les enfants
Aux rêves brisés en mille éclats,
Je suis le lit de cette douleur que le vent chante
Avec des notes saccagées.
Quelle parole allumera les étoiles de l’espoir
Alors que le ciel tombe
Sous le poids des orages de la violence ?