Belle terre des sacrifices de la guerre
tu me portes encore et je veux naître
Comme le passé est lourd de sens
et comme l’attente n’est pas facile
Je possède bien une maison
et mes meubles sont hérités
de la tradition qui fait les grands hommes
et la fortune de l’Histoire
Je connais tous les chemins
et les fenêtres s’ouvrent à mon passage
J’ai même le cœur dépossédé
depuis que je suis amoureux
Mais ô ma belle terre de naissance
suis-je né si je ne te possède pas
comme tu sais tout de la langue
qui manque au poète que je suis
Me faudra-t-il mourir seul
pour que tu reconnaisses ma voix
Faudra-t-il qu’un seul de mes poèmes
te revienne en mémoire
Terre du sang qui a coulé justement
Ne me laisse pas sur le bord du chemin
couché sous un arbre dépouillé
que je n’ai pas reconnu