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Poésies de Pascal Leray
La nuit gouverne mal

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 Article publié le 1er avril 2014.

oOo

La pluie tombait. La pluie n’avait jamais cessé de tomber. Jamais. Mais elle tombait. Chaque goutte coulait, cruelle. Le danger était là.

Sous la pluie. La pluie se distinguait bien du jour par ses formes variables, intermédiaires. La pluie me le disait. Tout est intermédiaire.

La pluie se figurait que j’avais mal au crâne et elle coulait. Et coule encore. La pluie n’avait jamais cessé. Ne cesserait jamais. Disait.

La pluie ne parle pas pour ne rien dire, comprenez. La pluie pouvait se taire ou éclater. Et moi je lui disais : je serai ton orage, pluie.

La pluie fut versatilité un jour. Mais elle ne cessa jamais de couler. La pluie coulait avec la nuit parfois. Je sortais mon couteau.

Il ne servait qu’à découper la nuit, au fait. Il ne pouvait rien faire de mal hormis de sa lame vampirique boire le sang de la nuit.

Mais la nuit n’attendait rien de moi, au vrai. Elle perdait toute consistance avec l’heure, sous la lame effroyable et bizarre de ce couteau qui ne servait à rien parce que réellement on ne découpe pas la nuit. D’ailleurs, ça ne servirait à rien ni à personne. Par exemple, non.

Il n’y a pas de commerce de tranche de nuit opacifiée. Réellement il n’y a rien de ce type. Huit. Même la pluie est plus sécable. Mais encore.

Pourquoi la pluie n’aurait-elle pas cessé. Il y a bien une origine du monde quelque part. Il y a bien un point sans pluie en moi. Je rêve.

La combinaison de ces mystères me laissait perplexe. Je n’avais pas sorti le couteau noctivore à cause de ça et de ma faible capacité à...

M’orienter sous la pluie. Pourtant je pouvais recommencer indéfiniment. Elle ne devait jamais s’arrêter. Elle multipliait les configurations perverses. Moi aussi, au fait. Mais la perversion de mon deuil etait intacte. Pas moi. Les gouttes, j’avais un nom pour chacune d’elles : Intsi, ondisti, ild, tilin, silnin, sli, iplil, vilnivin, srikin, svitvh, iblitcj, smigdi, filch, sirvig, spirg. Mais ces gouttes le disent.

Elles le disent parce qu’elles n’ont aucune envie de recevoir un coup de couteau souillé de tout le sang de la nuit, compact mais poisseux.

Ce que je je comprenais pas, c’était l’absence de cessation.

Je m’étais toujours dit. - Euh... " À aucun moment / il ne faut / éviter de cesser ".

Ce serait horrible ça. Sauf que la pluie, vous l’entendez, elle n’était pas de cet avis. Elle se refusait sous la nuit parfois. Tant pis.

Tant pis. La pluie est trahison aussi. Quant à la nuit, qu’elle délire sans fin ! C’est son affaire après tout. Après. Comme si on pouvait dire qu’il y a un après entre les commencements de la pluie incessante, à peine percée de nuit. Comme si j’allais dormir. Alors que non.

J’allais juste voir cette peau de nuit couler. Mais ça ne changerait rien. On ne nous reconnaîtrait pas. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien. Rien.

La nuit me gouvernera mal ce soir. Comme d’habitude, quoi. 

 

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