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![]() oOo Je me prends à rêver d’un tiers musicien qui partirait du Stone Free de Jimi Hendrix interprété par Randy California et qui, repérant toutes les variations opérées par Randy California, serait en mesure, inversement, d’imaginer ce qu’Hendrix aurait fait d’une composition telle que Nature’sWay du même Randy California. California interprétant Hendrix, puisCalifornia interprété par un tiers musicien imaginant la manière dont Hendrix s’y serait pris. Un constat musicologique dans le premier temps, une pure spéculation dans le second temps. Interprétation improvisée informée par une grande connaissance de l’art des deux musiciens : réflexion et improvisation tout autant. La spéculation devrait être assez puissante pour pouvoir dépasser le stade théorique et être interprétée. C’est en l’absence des uns et des autres que les musiques que nous aimons mutent, voyagent, s’implantent en terre nouvelle. Le processus rêvé que je décris a lieu constamment dans les musiques voyageuses qui mêlent un grand sens de la tradition et une innovation qui n’est pas une fuite en avant, mais un appel d’air : il s’agit d’échapper à ce qu’on appelait dans les années soixante la récupération par l’industrie du disque, un euphémisme pour traduire un pillage de fait, un mépris total pour les auteurs systématiquement blanchis, c’est-à-dire rendus accessibles à un plus large public au moyen de covers. Randy California joua très jeune en compagnie d’Hendrix à New York. On ne peut pas l’accuser d’être un vil épigone ou un vilain pilleur de tombes musicales. Tous deux puisaient dans une tradition vivante noire américaine, tout en proposant une approche rock de leur idiome de référence, le blues. Le tiers musicien met beaucoup de lui-même dans ses interprétations, provoquant une mutation musicale. Le voyage continue. Jean-Michel Guyot 17 mars 2014 |
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