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![]() oOo Première Nudité
Je suis femme. Trop femme. Deux corps en une seule âme. Le don-quichottisme sans conséquence n’a pas de sexe. Les souffles nacrés griffent ton absence momentanée et la frôlent avec l’ombre du vol étonné d’un apollon parnassius un hurlement à longue portée un ricanement de tes collègues derrière une vitre opaque de la rédaction du quotidien jamais édité qui nous suivent dans chaque bistrot le long d’une courbe ellipsoïdale de nos récitations de la contre-pensée d’Émile Cioran sur le dos nu quel élixir de longue destruction électrisée quand les mains reposent trop long dans le fourré des Mille Lacs au nord-est de la Pologne que j’ai mesuré avec le densimètre des abondances Je n’oserais plus partir en voyage autour des lèvres entre deux chemises de ta nudité dans la direction de tes cheveux terminus qui se cachent derrière les lunettes de soleil de l’ombre poussée derrière un soleil artificiel quel chauffage au froid la nudité qui se mentit ne couvrant jamais le transparent inédit plutôt que les baisers en auto-édition et quand je me penche sur le carreau d’une fosse le défilé de mode des nudités années 20 et 30 personne ne joue à la garçonne et ta cent soixante-quatrième cigarette que tu allumes sur ma présence nos lunettes se croisent acharnement et personne ne saurait opérer notre cécité commune Une bouche exagérée dépasse ma tête à demi raclée à moitié rossée à mi-corde d’une arbalète mes doigts crispés à force d’avoir trop fouetté les lions artificiels de mes souvenirs d’un cirque que personne n’oserait édifier dans les ruines d’un Colosseum privé car les hôtels n’ont plus de portes et j’y tombe par une fenêtre un suicide perlier Belle Époque comme si l’on montait d’une cour décorée des flaques de sang vers le premier étage trop femme quelle persévérance au fond d’un puits avec un toit couvert de bardeaux en enluminures même si tu n’oses plus me déshabiller dans la chambre aveugle de touchers ne laisse plus imprimer des promesses sur mon cou cou-cou nu j’ai déjà brûlé mon portable du regard à force d’avoir trop attendu trop tard trop femme
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