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Trop femme - Première nudité
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 Article publié le 15 janvier 2006.

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Première Nudité

 

Je suis femme. Trop femme.

Deux corps en une seule âme.

Le don-quichottisme sans conséquence

n’a pas de sexe.

Les souffles nacrés

griffent ton absence momentanée

et la frôlent avec l’ombre du vol étonné

d’un apollon parnassius

un hurlement à longue portée

un ricanement de tes collègues

derrière une vitre opaque

de la rédaction du quotidien jamais édité

qui nous suivent dans chaque bistrot

le long d’une courbe ellipsoïdale

de nos récitations de la contre-pensée

d’Émile Cioran sur le dos nu

quel élixir de longue destruction

électrisée

quand les mains reposent trop long

dans le fourré des Mille Lacs

au nord-est de la Pologne

que j’ai mesuré avec le densimètre

des abondances

Je n’oserais plus partir

en voyage autour des lèvres

entre deux chemises de ta nudité

dans la direction de tes cheveux terminus

qui se cachent derrière les lunettes de soleil

de l’ombre poussée derrière un soleil artificiel

quel chauffage au froid

la nudité qui se mentit

ne couvrant jamais le transparent

inédit plutôt que les baisers en auto-édition

et quand je me penche

sur le carreau d’une fosse

le défilé de mode des nudités années 20 et 30

personne ne joue à la garçonne

et ta cent soixante-quatrième cigarette

que tu allumes sur ma présence

nos lunettes se croisent acharnement

et personne ne saurait opérer

notre cécité commune

Une bouche exagérée dépasse ma tête

à demi raclée à moitié rossée

à mi-corde d’une arbalète

mes doigts crispés à force

d’avoir trop fouetté les lions artificiels

de mes souvenirs d’un cirque

que personne n’oserait édifier

dans les ruines d’un Colosseum privé

car les hôtels n’ont plus de portes

et j’y tombe par une fenêtre

un suicide perlier Belle Époque

comme si l’on montait

d’une cour décorée des flaques de sang

vers le premier étage

trop femme

quelle persévérance

au fond d’un puits

avec un toit couvert

de bardeaux en enluminures

même si tu n’oses plus me déshabiller

dans la chambre aveugle de touchers

ne laisse plus imprimer

des promesses sur mon cou cou-cou nu

j’ai déjà brûlé mon portable du regard

à force d’avoir trop attendu

trop tard trop femme

 

 

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