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3 - La mort d’Ulysse
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Article publié le 24 juin 2005. oOo Le jardin. Entrent Monos et Una, un peu à distance l’un de l’autre. Una étend la jarapa et se couche sur le côté. Monos choisit de s’asseoir sur la murette de l’aire de battage. UNA - Personne. MONOS - Qui voulez-vous... UNA - Personne. Et pourtant, tout est à recommencer. MONOS - De ce côté, on aperçoit la ville. UNA - Et donc la mer. Les touristes... MONOS - Là, le chemin que les femmes remontent jusqu’au lavoir. Des roses dans les feuillages. UNA - Le bouquet d’arbres et son ombre où les hommes s’assoient pour bavarder. MONOS - La croisée où apparaît quelquefois l’étranger qui vient d’on ne sait où. UNA - La première maison dont on aperçoit le toit bleu. MONOS - Carte postale cylindrique. Il m’arrive d’utiliser une Hulcher. UNA - Je préfère ma boîte de couleurs mais je l’oublie pour ne pas oublier que je suis avec vous. MONOS - Nous attendrons le coucher du soleil. UNA - Comme hier. Nous avons attendu... MONOS - ...six longues heures... UNA - ...nous attendrons... MONOS - ...six autres heures... UNA - ...longues et solennelles. MONOS - Vous souvenez-vous... UNA - ...d’avoir évoqué notre jeunesse... MONOS - Il n’y avait pas encore de personnages. Je me souviens des croissances. Je me comparais avec les herbes du jardin où dormaient... UNA - ...les lents lézards verts qui bornaient votre imagination. J’imagine. MONOS - Je voulais pénétrer dans l’impénétrable au lieu de m’éloigner avec les autres vers les lieux de l’invention romanesque. Je touchais à des objets insoupçonnables autrement. Ces carcasses et ces masques m’observaient à travers l’herbe folle, m’interdisant d’aller plus loin. Alors je pénétrais les yeux fermés et... UNA - ...il ne se passait rien. MONOS - Rien que le cri de ma mère ou celui de ma petite voisine dont la blondeur d’épi apparaissait au-dessus d’un mur envahi de lierre et de liserons. Ses yeux en disaient long sur l’admiration... UNA - ...ou l’attente... MONOS - Nous n’en parlions pas ! UNA - Future femme pénétrable. MONOS - Elle ne le savait pas mais je m’en doutais. UNA - Un an d’avance tout au plus. MONOS - Pourquoi commencer toujours nos conversations de l’après-midi par ces cristallisations de la mémoire ? Vos yeux se ferment sous l’effet conjugué de l’ombre et de la chaleur. Vous ne m’écoutez peut-être plus... UNA - ... le sommeil... MONOS - ...vous rend disponible mais c’est le soleil qui caresse vos cheveux, par langues de lumière interposée, agitée de feuillages et d’insectes. UNA - Qu’il me caresse... je dors peut-être... MONOS - ...ou votre corps s’éveille.
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