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 Article publié le 22 octobre 2023.

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Certains de nos « grands esprits » aiment sincèrement la chanson française, je veux dire précisément, la variété ; ils ne condescendent ni se s’abaissent, ce faisant. Il faudrait avoir leur avis, leur demander ce qu’ils y trouvent qu’ils ne trouvent pas ailleurs…

Mais pourquoi tant de haine ? pourquoi tant de mépris ? me direz-vous.

Je veux bien admettre que la sensibilité évolue, que la chanson française a souvent quelque valeur poétique, mais en faisant remarquer que tout cela reste bien sage, presque classique dans la forme, quels que soient les thèmes abordés. Moi, je n’y trouve pas mon compte, c’est tout.

Là où le bât blesse, c’est lorsque je songe à beaucoup d’artistes talentueux qui tirent la langue devant un maigre auditoire, tout cela parce que leur art est ressenti comme trop compliqué par le « grand public ». Le « mainstream », l’« easy listening », désolé, ça n’est pas ma tasse de thé ! Il me faut des plats plus riches et plus épicés que cette lavasse.

Bah, c’est toujours pareil : « l’avant-garde » est jugée inaudible, élitiste, alors qu’elle n’est que légitimement exigeante.

L’avant-garde ? Ce terme à connotation militaire a bien mal vieilli, il sent le vingtième siècle militant, la politique qui se mêle d’art ou l’inverse. La révolution permanente, on s’en fout ; nous sommes quelques-unes et quelques-uns à vouloir du solide, du vif, de l’éclatant, même si ça ne bouleverse pas les codes en vigueur.

Un genre musical constitue un vivier de musiciens et de musiques dans lequel puiser presque à l’infini ; dans cet apeiron, on distingue quelques figures féminines et masculines vraiment exceptionnelles qui « se détachent du lot », je devrais plutôt dire, qui définissent nettement les contours d’un paysage musical au sein d’un vaste espace aux limites floues et fluctuantes.

Ils se distinguent et se détachent, repoussent les limites convenues de l’usage d’un instrument, innovent sur le plan purement technique (jeu, enregistrement, scénographie), délivrent des sonorités inouïes, mélangeant ou non les genres, l’hybride étant néanmoins toujours plus fécond que la stricte obédience à un genre musical bien défini, exception faite de quelques « fortes têtes » en musique contemporaine qui innovent, parfois au risque d’un grand isolement.

Ces figures saillantes, le plus souvent, ne se détachent pas de leur milieu musical mais lui font honneur, même si, la plupart du temps, elles font figures d’excentriques et aussi d’outsiders qui finissent tout de même parfois par s’imposer, qui s’imposent même quelquefois très rapidement parce qu’ils ont eu la chance de tomber sur le bon manager à la fois passionné et efficace en même temps que très intéressé par les profits qu’il peut tirer de son « jeune poulain », parce que leur art, aussi, coïncide au moins pour un temps avec des désirs informulés mais largement présents dans l’air du temps.

Les genres musicaux, bien entendu, ne doivent pas être confondus, ne serait-ce que parce que les publics diffèrent grandement d’un genre à l’autre. Quoi de commun en un jazzman, un rocker indie, un bruitiste de la scène noise et un compositeur contemporain ? presque rien, si ce n’est la passion pour la musique, terme encore plus générique que celui de littérature.

Oui, le terme musique est un fourre-tout : il y en aurait pour tous les goûts, ce qui est loin d’être vérifié, si l’on songe au fait que nous sommes quelques-uns à galérer pour trouver des musiques innovantes qui nous enthousiasment.

Un festival comme Jazz à la Villette est une belle initiative : que du bon, et c’est très varié. On n’y flatte pas le public dans le sens du poil. On l’apprécie exigeant et curieux.

La curiosité et l’exigence, voilà ce qui manque le plus dans le public mais aussi dans la production musicale de notre temps (je ne dis pas contemporaine, afin d’éviter un fâcheux malentendu). On me dira : mais il faut bien que le « grand public » y trouve son compte, il ne peut pas y en avoir que pour les intellectuels cultivés, ce sales intellos élitistes, ils nous font chier !

Vous savez bien : on commence toujours par se moquer, c’est tellement cool en meute, et puis on stigmatise, on ghettoïse, et puis on extermine… Oui, on connaît la chanson, va, pas la peine de nous la faire.

Faites-vous plaisir, si ça vous chante ! Allez casser de l’intello, du prof, du ce que vous voulez, mais sans moi, moi, je vous attends fusil en main.

Va pour l’idée qu’il en faut pour tout le monde, le problème, c’est que ce « tout le monde » devient tyrannique en occupant tout l’espace avec la complicité souriante, bien entendu, de personnes qui, en bons capitalistes, engrangent des profits dans le domaine musical, s’en mettent plein les fouilles en proposant de la merdasse.

La tyrannie de « monsieur tout le monde », il faut la contrarier de toutes les manières possibles. Il faut emmerder les emmerdeurs sans vergogne ! Les branleurs, ce sont eux, les fatigués de la feuille qui se pâment à l’écoute de leurs idoles de merde.

 

Jean-Michel Guyot

5 septembre 2023

 

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