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 Article publié le 2 octobre 2022.

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Seul, seul jusqu’à l’oubli,

Seul, seul suis et veux l’être,

Je n’ouvre plus les lettres,

Les billets, les colis…

 

Je n’ouvre plus ma porte,

Ni mon cœur d’artichaut.

Des gueux, il ne m’en chaut,

Mes voisins m’insupportent.

 

Une chaise, un réchaud,

Un poêle, l’eau potable,

Un paddock, une table,

Des murs peints à la chaux.

 

Un Caillebotte, un Braque,

Un Signac, un Marquet,

Partout sur le parquet

Des livres… Ma baraque,

 

Casemate où j’écris,

Jusqu’ici souricière,

Fournaise, ni glaciaire,

À deux lieues de Paris.

 

 

Quand tout est au pillage,

Chacun prend ce qu’il peut.

Ma troupe emportait peu,

Un pauvre grappillage.

 

Je fus un canapsa,

Je lestais mon estome ;

J’ouvre le dernier tome

De ma vie de forçat.

 

Souvent dans mon rêve entrent

Une ange qui me tond,

Le vieux Martin-bâton

Qui me bat dos et ventre.

 

Quand je fus écolier,

Les fées s’en sont allées

Et vogue la galée,

J’ai toujours mon collier,

 

Mon carcan de misère,

Mon bissac, mon surin,

Mon bonnet de marin

Les pages qui m’usèrent…

 

 

 

Du faîte de mon toit,

Je bondis dans les nues

Où, froidi, j’éternue

Et retombe pantois. 

 

Mes souvenirs cahotent

Comme des vagabonds,

Ne serais-je plus bon

Qu’à endosser la hotte ?

 

Je ne supporte plus

Toutes les vanteries

De la savanterie

Salut, le tas, salut !

 

Mon vieux cheval d’aveine,

Me porte à l’hôpital,

Maynard, mais en total,

Je reste encore en veine.

 

Je dis à haute voix

Ce que mes arpions pensent,

Ce que pense ma panse,

Ce que mon œil mort voit.

 

 

C’était hier la veille

De ma mise au tombeau,

Une marche aux flambeaux

Me cortège à merveille.

 

Je joue sur du velours

Dans mes phrases qui braillent,

Depuis que je déraille,

Je n’en fiche pas lourd.

 

Sous six empans de terre,

Qu’importe que l’on soit

À côté de chez soi,

À Thiais ou à Cythère.

 

Robert VITTON, 2022

 


Notes

François Maynard : poète français né à Toulouse en 1582, mort à Aurillac en 1646

Mais les vers ont perdu leur prix,

Et pour les excellents esprits,

La faveur des princes est morte ;

Malherbe, en cet âge brutal,

Pégase est un cheval qui porte

Les poëtes à l’hôpital.

Au total : tout compte fait, en fin de compte. On a dit en total.

 

 

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