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La fontaine des Trois-Dauphins
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 Article publié le 5 décembre 2021.

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Dessin de Lalande

 

Mille sept cent quatre-vingt-deux

La pierre pleure quelques larmes

Les pauvres gens sont sous le charme

J’en garde une en mémoire d’eux

 

Passez acrobates hideux

Petits croupions grosses bedaines

Je rêve auprès de la fontaine

Je pourfends quatre capitaines

 

Que de tourtereaux pleins d’ardeur

Que de pouilleux sans feu ni bure

Que de chevaux jadis y burent

J’y bois avec les trimardeurs

 

Arrêtez-vous marchands d’odeurs

De tout d’onguent miton mitaine

Je rêve auprès de la fontaine

Je conte des calembredaines

 

Puget Mauric Chastel Toscat

Les écoliers qui se harpignent

Pour une figue ou une pigne

De vous hélas ne font pas cas

 

Frileux joueur d’harmonica

Prends ma chemise de futaine

Je rêve auprès de la fontaine

Dans la peau d’un croque-mitaine

 

L’été je goûte avidement

Son frais ses histoires anciennes

Les filles sont cartomanciennes

La vie est un leste roman

 

 

 

 

 

 

 

Troubadour brise les serments

Le coeur des princesses lointaines

Je rêve auprès de la fontaine

Je m’offre trente-six fredaines

 

Le Mistral scie ses violons

Vivrai-je d’amour et d’eau fraîche

Je hais ce gaillard qui nous prêche

Sans cesse les mêmes flonflons

 

Ses terribles assauts sont longs

Comme une sainte quarantaine

Je rêve auprès de la fontaine

J’arme des faquins de quintaine

 

Qu’il coure les rues de Toulon

Poussant ses folles turlutaines

Je rêve auprès de la fontaine

Je meurs je meurs de mort soudaine

 

La fontaine des Trois-Dauphins

A l’heure où les ombres grandissent

Dans ses miroirs prend des Narcisses

Ceux-là n’auront ni soif ni faim

Elle épanche une eau de jouvence

La fontaine des Trois-Dauphins

J’y tremperai ma plume afin

De revenir à la Provence

Lavandière de linge fin

De vieilleries et de misaines

La fontaine des Trois-Dauphins

Jamais dit-on ne plaint ses peines

Toutes ses voix de séraphins

Amantes que vous chantent-elles

Elle en sait long sur vos dentelles

La fontaine des Trois-Dauphins

Qu’elle divulgue vos mystères

Et vos secrets jusqu’aux confins

De cette rude et douce terre

Passantes vous auriez l’air fin

 

 

 

 

 

 

La fontaine des Trois-Dauphins

N’a cure des vers et des proses

Qui noient dans un dé d’eau de rose

Jusqu’aux plus aigres aigrefins

Friande de vagues tristesses

La fontaine des Trois-Dauphins

A ses moments perdus se feint

Etre une grande poétesse

Halte des flâneurs des biffins

Des gueux en quête de provende

La fontaine des Trois-Dauphins

Se couvre d’ail et de lavande

Lorsque je pose mon couffin

Qu’un accordéon s’époumone

Elle recueille les aumônes

La fontaine des Trois-Dauphins

Qu’elle divulgue vos mystères

Et vos secrets jusqu’aux confins

De cette rude et douce terre

Passantes vous auriez l’air fin

 

 

 

Robert VITTON

 

 

Si Toulon était jadis appelée la ville des fontaines, ce n’est pas un hasard : elle doit son nom à Télo, déesse Celto-Ligure des sources jaillissantes. On ne dénombre pas moins d’une cinquantaine de fontaines sur toute la commune : fontaines du Panier, de la Pigne, de l’Intendance, du Tambourin pour les plus anciennes mais aussi fontaines du Globe, de la Poissonnerie ou du Mûrier pour les plus récentes ... Toutes ont une histoire à nous murmurer. 

La Place Puget

C’est l’ancienne place principale de Toulon. Elle fut construite à l’emplacement de ce qui était alors la halle aux grains. Cette place provençale pittoresque, blottie à l’ombre de grands platanes centenaires, doit son charme à la" Fontaine des Trois Dauphins " recouverte d’une exubérante végétation. Les nombreux cafés qui l’entourent permettent aux Toulonnais comme à leurs visiteurs de l’admirer tout en goûtant durant les chaudes journées d’été à la fraîcheur de cet étonnant jardin suspendu. Ce charme, elle le doit pour beaucoup à sa fontaine qu’on appelle la "Fontaine aux trois dauphins". Son nom officiel est en fait la "Fontaine de la Halle aux Grains". Elle a été construite entre 1779 et 1782 et "trois hommes de l’Art" ont conjugué leurs efforts pour aboutir à ce petit chef d’oeuvre très verdoyant et totalement inattendu :

- un architecte : TOSCAT,

- un fontainier : MAURIC et

- un sculpteur : CHASTEL.

 

 

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