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Seriatim 3 - [in "Seriatim"]
Seriatim3 - Ce que nous sommes quand nous n’existons plus (Patrick Cintas)

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 Article publié le 20 décembre 2020.

oOo

Ce que nous sommes quand nous n’existons plus.

« Ce qui demeure » dit le gardien du cimetière.

J’ai laissé la trace de mes pas dans l’herbe rase.

Pétales de cendres / ton nom n’y figure pas

Encore / la série continue / verbe et épithète /

Les souvenirs m’assaillent / je crois me voir /

T’ai-je dit que je ne suis pas venu pour ça ?

RÍO et BLANCO

d’une seule voix

Il recommence…

Écoutons…

Et toi, laisse ton arbre !

CORYPHÉE

en oiseau

Nous ne reviendrons plus.

En tout cas pas ensemble.

Le miroir ne pivotera plus.

Le détail n’aura plus l’importance

De l’interprétation, rien ne suit.

 

Agaves je vous aimais !

Comme une armée dressée

Contre le ciel de la mer.

 

Sommes-nous venus

Chaque fois que c’était possible ?

Trop de hasard tue le hasard.

Mes yeux fermés retrouvent

Les chants du vent

Dans les fourrés

Inhabités.

 

Pendant ce temps,

La société s’organise

Pour ne pas s’autodétruire

/ et je n’y pense pas.

 

Mâles et femelles

Au sommet de la pyramide

Qui ne signifie rien.

 

D’autres rêvent encore

D’une cohérence gagnée

Sur la fièvre du combat.

Nous habitons les villes.

Puis nous voyageons

En marins inquiets.

Imaginer le moteur

Par rapport à la source

D’énergie encore possible.

 

Nous en avons écrit, des chants !

Poussé des héros dans la cage

D’escalier ! Repris les refrains !

Rien n’est aussi vrai

Que ce qui n’est pas mort !

 

L’ennemi est en soi, bavard

Mais sans les mots du journal.

Sa harangue ne parvient pas

Aux oreilles, le spectacle est

Si cher ! Coude à coude avec

Ce qui n’a encore aucun sens.

Il désigne la salle.

Je ne suis pas venu pour ça.

Et je ne reviendrai pas demain.

Douceur des brises d’automne.

La feuille se réveille

De sa nuit d’été.

 

Je perds le temps

Qui m’était donné.

 

Avant, dit l’enfant

Redevenu enfant,

Je descendais

Et la nuit me paraissait

Aussi obscure que ton regard

Derrière le voile des jours.

 

Voilà ce que je suis.

Pas une seconde

De métamorphose

Ou au moins de changement.

Aux autres :

Vous me reconnaissez ?

Il semble que non.

Chantons :

Ils se lèvent, mains dans le dos.

Le vent en profite pour se lever lui aussi.

Moment de confusion car :

La peau ne sait pas s’il vient de la mer

Ou des terres avec leurs montagnes lointaines.

Passent des paysans en fourgons blancs.

Aux vitres les visages des tâcherons.

Des enfants vont à l’école.

Il dit : « Pas de pays sans au moins une école »

On l’écoute et les portes s’ouvrent.

Les rideaux frôlent les seuils déserts à cette heure.

Au mur, la trace des souliers.

Dans la rigole, les peaux d’orange.

« Arrivez-vous de loin ? »

Une chaise oubliée invite au repos

Avant même le travail.

« Avant, j’étais heureux avec toi »

L’odeur des chants marins arrive lui aussi,

Fidèle au rendez-vous.

« Les charmes du quotidien qui consiste

À nourrir les historiques, »

Dit un touriste arrivé là

Par une espèce de hasard

Qui ne dit pas son nom.

« Rien n’est plus beau que cette solidarité ! »

S’écrit le poète élu pour la semaine.

Les oranges des allées sont amères

Mais les orangers sont bien alignés

Dans le sens de la rue

Aux angles morts.

« Voilà comment j’embraye ! » dit le chauffeur.

Et nous nous en souvenons.

En tout cas, nous passions beaucoup de temps

À nous souvenir (le jour même) de ces instants

Que le miroir fixe dans la chambre.

Ainsi naissent tes saisons, ma chérie.

Et je le pensais !

Vous avez noté ?

Ils hochent leurs têtes, mains dans le dos.

Professoral  :

Maintenant je vais disparaître pour toujours.

Comprenez par là que je ne reviendrai pas.

J’emporte mon chœur dans la tourmente.

Vous ne me regretterez pas, je suppose…

Voulez-vous que je vous laisse un souvenir ?

Ils attendent.

Vous n’attendez rien de moi…

Derrière, la ville se réveille,

Prête à recommencer,

Soucieuse de progrès

Ou du moins d’améliorations.

Je ne pars pas le cœur allègre !

 

Au chœur :

Rhabillez-vous ! Nous partons.

Je sais, je sais ! Comme ça, au réveil,

C’est dur à avaler, mais j’ai mal rêvé

Cette nuit et je reviens d’un cimetière

Aussi inattendu que ce qui nous attend.

Sortie en fanfare.

Río et Blanco en profitent

Pour se mettre au pas,

Mais ils « demeurent »

Alors que le chœur au complet disparaît

Sans laisser de traces.

Les deux, singeant et tournoyant :

Il ne reviendra pas !

Nous devrions dire :

Ils ne reviendront pas !

Bourriche et coup du sort !

Y a-t-il une sorcière

En triple exemplaire

Pour nous révéler

L’exotisme de la scène ?

 

Avant : nous riions.

Río tape du pied.

Je le redis : avant, nous riions.

Nous le disons en chœur

Dans l’espoir de n’être qu’un !

BLANCO

la main en visière, tournoyant

J’avais cru voir Nera…

Était-ce encore

Une de ces maudites illusions

Que je me fais

Quand je perds le Nord ?

RÍO

ironique

C’est le Sud que tu perds.

La faute à tes reculades.

Je t’avais dit : garde tes pieds

Sur le sable de notre seule mer !

Mais tu n’en fais qu’à ta tête !

Et moi, je te suis !

Non mais quel âne je fais !

Main en visière lui aussi, plus circonspect.

Tu as dit : Nera est passée nous voir ?

Il réfléchit pendant que son arbre réclame de l’eau.

Je croyais qu’elle était morte…

BLANCO

C’est bien de toi, ça !

Croire et se laisser avoir !

Tu ne changeras jamais.

Et je ne te quitterai pas !

Âne que je suis moi aussi !

RÍO

Nous sommes faits l’un pour l’autre.

BLANCO

Que tu dis !

Moi, j’étais fait pour Nera.

RÍO

Mais je l’étais aussi !

BLANCO

triste

Elle n’est plus là.

Il cherche en rond.

J’ai bien cru qu’elle l’était.

RÍO

rageur

Il ne faut pas croire ce qu’on croit.

Regarde ce que le monde est devenu

À cause de ceux qui croient ce qu’ils croient !

Amer et désolé.

Non ! Non !

Moi aussi je crois qu’elle n’est plus là.

Mais je ne peux pas croire qu’elle y était

Quand tu as cru qu’elle passait par ici.

Cherche encore, bouscule son arbre.

Pourtant, j’y crois !

Et voilà que je t’aime, mon bon Blanco !

BLANCO

offusqué

Je t’ai toujours aimé, moi !

Je n’ai jamais douté !

RÍO

Il va pleurer maintenant !

Alors que nous avons d’autres

Sujets de mélancolie.

Pensif.

Crois-tu ce qu’il a dit ?

BLANCO

comme se réveillant

Qui ? Qu’a-t-il dit ? Parle !

RÍO

Moi, tel que je me connais,

Je pense qu’il reviendra.

Avec son chœur et ses nouveautés.

Péremptoire.

Il ne peut pas partir comme ça !

BLANCO

Tu l’as dit !

Je vois de qui tu veux parler.

À peine parti, on le voit

En funambule de l’horizon.

Il ne part jamais plus loin.

C’est déjà arrivé…

RÍO

Je préfèrerai penser à autre chose…

BLANCO

Mais tu ne penses qu’à ça…

 

 

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