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![]() oOo Tout feu tout flamme, j’ai tiré et tiré le charriot pendant des années, par tous les temps, sur presque toutes les routes. J’y transportais une grosse morue. Elle a fini par sécher. J’ai brûlé le charriot et la morue qu’il contenait. Mon feu est intact. Il ne réchauffe plus que moi. C’est déjà pas mal. J’en ai connu comme ça qui séchait sur place. Rien de pire qu’un regard figé. Ce n’est pas mon cas, je bouge tout le temps, un vrai feu-follet, les yeux aux aguets. D’aucuns diront que je m’agite au lieu d’agir, mais franchement la pêche, ce n’est plus pour moi et mes semblables. Le bord de mer est fort plaisant, mais je n’y pêche plus la sardine. Les morues, c’est trop loin. Je deviens de plus en plus terre à terre, je le sens. Je n’aime rien tant que la lumière folle sur l’étang noire les nuits d’automne embrumées. Pour en être, il me faut m’enfoncer loin dans les terres. La haute mer, le bord de mer, le vieux port, c’est fini.
Jean-Michel Guyot 15 mai 2020 |
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