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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 26 (Patrick Cintas)
![]() oOo Filez encore, connaisseurs De l’ordinaire existence Qui est tombée sur nous Comme le rideau sur la scène.
Là-bas la sagesse consiste À jeter la poussière du chemin Sur la robe des juges qui baissent Leurs savantes têtes en priant.
Filez avec les défauts de la langue. Jetez la poussière mais pas N’importe laquelle : le chemin Conduit à la sagesse et l’enfant
Ne connaît pas la haine : il sait Ce qui convient au juste équilibre Des forces sur quoi repose la vie Libre et heureuse de l’homme fait
Pour exister : tissez puisque c’est Encore possible / la robe des fonctions Qu’il faut bien assumer si on veut Vivre / et mourir en cours de balade
Et non pas sur un champ de bataille Ou dans la rue au révolver : la pluie A aussi son rôle à jouer / les orages Jouent souvent / celui qui n’angoisse
Pas est un personnage de roman : Réduisez l’orgueil des juges à néant Afin de pouvoir entrer en philosophie : De la connaissance à l’action il n’y a
Qu’un pas / portes cochères et portails Des fils de fer barbelés : à cap Canaveral, Un vaisseau s’est élancé vers un autre monde Et John Wayne est passé à la télé (un Ford).
« vous verrez : la vie ne sera plus misérable / ici / mais vous vous ennuierez souvent : à moins de zapper avec pertinence / » / rendez-vous utiles Et profitez de votre salaire : ne dépassez pas Les bornes de la critique ni du comportement : « L’existence est une mer d’huile » / le fauteuil D’osier craque sous lui / dehors tout lui ressemble / « un prix pour chaque chose : rien n’est gratuit certes / mais chacun peut travailler dans le sens de ses désirs : » / à la hora feliz la double dose De plaisir liquide / une entrecôte grille sous la Hôte noire et peuplée de chats doux comme des Agneaux / « j’aime les chats aux fleurs si prégnantes / possibilités de rendez-vous avant la nuit : mixez les sentiments communs et buvez ! » / doigts De pieds strictement bronzés de sa femme / J’imagine les couches successives : ils reviennent Chaque année / « sans les enfants » / la télé Pétarade en noir et blanc / « on attend le match »
Rien n’est moins magique que la beauté. « je peux pas expliquer » / « je trouve pas les mots » / ce désir de posséder / tentation De l’expérience : les corps des jeunes filles Au soleil / plus loin la roche aux éclats d’or / la mer qui rutile / beauté d’une goélette Traversant le champ / sur le roof des beautés Nues prenant lumière et soleil dans un seul Embrasement de chair / des types satisfaits De leur réussite / « c’est pas banal mais c’est concret » / l’attention détournée par d’autres Phénomènes tout aussi inexplicablement () Ressentis / nous cheminons sur le même Chemin depuis tant d’années : nous n’attendons Plus rien du chemin et tout de la beauté / qui / nous le savons / peut surgir comme le loup Des bois / la question est de savoir qui nous Empêche de changer : ou nous le savons trop Et le compas est faussé après de longues Études au cœur même du schloss (référence nécessaire) / Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Étendu comme les autres sur le sable : « jouons sinon je m’ennuie » / mais crayon en main il ne Cessait de noter les détails de cette aventure Si drôle et si tragique / « ce soir la Lune est pleine »
Ce que vous appelez beauté est un complexe. Vous n’en viendrez pas à bout avec des paroles. Fussent-elles les plus poétiques et les plus vraies Que votre sacré cerveau peut concevoir encore : Vos yeux ne regardent plus : ils reluquent / yeux Comme médium et non plus comme outil / encore Un peu et vous donnerez dans la confession : Écueil du langage : vous prendrez l’eau avant Longtemps / vous avez acquis le savoir-faire / comme un acteur (artiste) de music-hall / Mais le reste… ? / les murs / ces maudits murs Qui enferment… ? / ces murs percés au lieu De contenir… ? / la beauté vient-elle ainsi de La simplicité… ? / d’une simplicité originelle… ? / en tout cas elle n’est pas moins inaccessible Que la plus proche des étoiles / point de magie Dans l’athanor des doctes / quelle ode ! / à même Cette terre qui ne vous a pas vu naître parce qu’elle Est aveugle : réfléchissez…/ témoins de l’État civil : Fonts baptismaux où l’eau n’est pas plus nouvelle Que l’ancienne pratique du feu / ces murs ! / Transpercés par l’écho de l’été / vous vous (vous !) Suiciderez devant un parterre de personnages Dont personne n’a entendu parler /
Anecdote : « Le mort N’était plus mort Mais cela Ne dura pas… »
Il y avait ce type qui désirait plus que tout Parvenir à écrire quelque chose d’aussi « réussi » que Les Fleurs du Mal / mais sans Le Mal ni Satan ni « ces femmes qui n’en sont pas » / il avait lui aussi une « histoire à vendre » / mais pas dans le genre « chou pourri sur un sofa de velours » / l’histoire d’un type qui aime Le Monde à tel point qu’il veut le changer : mais Pas seulement sur le papier / l’engagement, me Dit-il : tu devrais t’engager toi aussi : tu verras Ta popularité augmenter à la mesure non pas De ton talent (de ton génie) mais à la hauteur De la vérité : « c’est mieux la vérité / versus / la sincérité et tous ces « élans mystiques » et ces « bizarreries de style » : tes choix ne t’honoreront jamais » / Les Fleurs du Bien ? / « j’ai jamais parlé de fleurs ! » / il parlait du tirage et du Nombre des travaux : « tous ces esprits fleuris penchés sur mon bouquin : mais alors : mec ! de mon vivant ! Ah ! je veux pas mourir avant ! » Je n’avais jamais assisté à un pareil spectacle De l’angoisse :
« la nuit je ne dors pas : à cause de la nuit . Le jour je travaille Parce que c’est le jour (,)
Étoiles des arbres nus Aux carreaux de ma porte. Je n’ose pas sortir Avec les petits animaux Qui peuplent ma solitude (,)
Avec ou sans Lune je m’ennuie . Je ne m’aime plus : j’ai froid Alors que cet été est le plus Chaud depuis cent ans : la télé En dit toujours plus sur le temps. Un chat miaule mais ce n’est Pas moi (,)
Je ne joue plus avec ta nuit : Je ne te comprends plus : aussi Bien qu’avant. Avant : tu jouais Avec mes écrits tu : ne les comprends Plus. Étoiles en nombre croissant
Depuis le début de l’été. Rien d’autre Que cette alternance même : quand Je ferme les yeux pour : ne pas te voir : endormie comme si plus rien n’existait Que moi (.) » des saisons :
Toute transparence finit dans l’opacité.
Chaque fois que le poème s’approche de sa chanson, Il périclite / avec moi il menace de tomber en ruines / vieilles pierres pas si anciennes que ça : été comme Hiver : les manches retroussées du travailleur en nage / il construit sa maison et rêve d’un palais / à proximité Des lieux où le repos impose sa croissance de cristal : Retombé en enfance il croise sa guitare avec le fer des Humbles / la la la : personnages pour figurer les apparences / à l’angle des deux rues la borne de granit écaillée Comme le manche d’un couteau au travail de la viande : plus personne ne passe : pas même les Tristes / ruines Dans l’intervalle : la langue française a perdu sa prosodie À force de lois / mais la versifier ne lui rendra jamais Sa liberté de femme facile : que la chanson tue le poème Et qu’on n’en parle plus !
L’angoisse s’est éteinte avec La promesse d’une nuit sans fin.
« Tu n’en sortiras jamais ! » Bulle blanche formée par le drap.
L’appel (ou le cri solitaire) D’un animal traverse la nuit.
Jusqu’où la traverse-t-il ? Poème ajouté au poème :
À revisiter par transparence verticale : Qu’est-ce que le ciel (dit-il
À la nuit) : sinon le début De ma course folle ?
Personne ne l’écoutait. On dort si bien la nuit
Si on n’a pas de raison De s’éveiller pour l’achever.
Je suis… je suis… et si j’étais… ?
Quel beau début pour un poème… ! À moins que ce ne soit que le refrain De la chanson :
Il n’y a rien à glaner Dans les rues Dans les champs / Tu l’as toujours su : Mais tu reviens toujours. Là-haut à la fenêtre Une belle t’attend / Mais pour l’instant C’est son mégot Que tu reçois sur la tête !
« ya d’la friture sur les ondes de la poésie ! / — c’est exactement ce que je voulais dire… / — ya pas qu’la langue qu’est morte… / — ça écornifle jusque dans les ministères / — le mystique au prix de la cacahuète / — et pan qu’elle m’envoie sa clope sur le museau ! / — tu r’viendras plus ou c’est qu’t’es con… / — je m’pendrai pas sous son balcon… / — des fois j’y foutrai l’feu au cul ! / — et des revues et des revues ! / papa Tutur va pas êt’ content dans sa tombe Pas creusée pour qu’il s’y retourne… — c’est bien l’seul homme que j’connais pas Qui y retourne comm’ s’yavait pas assez de po de poésie dans ce pupu dans ce putain d’pays chrétien et démogratte !
» des saisons /
« faut-il que je m’enferme dans ma cuisine : Brûlant les fonds de casserole de ce qui reste De la prosodie / ? Poisson non encore écaillé Dans l’évier Ouvre un œil rouge De mon côté : — ces saloperies se couchent de telle manière Qu’ils se privent de l’usage de l’autre œil ! / ya pas d’poésie sans cet œil-là ! — Non chéri / pas de poésie sous le couteau Aux traces d’écailles / à midi retour de l’école / je n’arrive même plus à me mettre en colère : Après quoi ? / des couvercles rouillés Sous l’évier Et leurs bocaux Où la saumure Fait voyager Mes petites graines J’en sème aussi sous l’armoire ancienne / La tapisserie se décolle : fruits et légumes Du bonheur de travailler comme Dieu le veut : J’assassine un petit poète avec une feuille de chou : sectionnant ses glandes au ras du ventre : Patates non pelées sur la table : qui suis-je Pour demander qu’on me juge sur pièces ? Tu me connais : je finirai aussi mal que toi / je ne me soucie pas de ma charogne Comme Bubu qui aime sa femme / Pour l’heure je cuisine avec la sauce tomate Qui amuse l’enfant Quand il joue au soldat
» des saisons :
Qui aime mieux que moi Le rivage des fleuves Au pied de la montagne ?
J’y jette ma ligne Et ma petite faim : On se verra demain.
La barque qui s’avance Vient me chercher / J’ai encore de l’appât
Dans ma vieille ô vieille Boîte de conserve rouillée : Métal des armures, je crois.
Les mégots tombent des fenêtres : Poésie sans poème Des vierges folles.
Il y a longtemps maintenant Que je n’attends plus : une carpe En rut renvoie le soleil.
Plus de nuit désormais / L’infinie lumière du jour : À ne plus pouvoir fermer Les yeux /
Le rêve éveillé du dernier témoin : « j’ai dénaturé ce qu’il y avait de beau En vous : » / Passants des rues et des prés, Ne réduisez pas le poème À la rengaine qui vous trotte Dans la tête depuis longtemps !
Ne soulevez pas vos pieds plus Haut que le trottoir ou le talus : Les girouettes ne chantent pas Mais elles rouillent en silence Jusqu’à ce que le vent les tourmente.
Sous ce toit j’habite enfin seul : On a trop peur des copulations En cas de cohabitation / selon La nature du sol on devient momie De cuir ou amalgame propice À de nouvelles cultures / riez
Au lieu de vous inquiéter Parce que vous finirez comme Moi : la chanson n’est pas de Saison sous terre / j’aimerais Un poème ô pas long ni profond : mais obscène comme la vie / avec des reflets d’or SVP /
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