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La der des ders
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 Article publié le 9 novembre 2006.

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Le falzard en accordéon. De la guinguette à la Bastoche. Passons la patoche. Ô Dam’ Fréhel dans vos couplets/Un drôl’ d’soufflet/Joue les grand’s orgues...Tu joues avec des moufles ? Et ton Yvette, mon pote ? Je me fais les demandes et les réponses. La solitude. La paix ! Le piano du pauvre/Se noue autour du cou./La chanson guimauve/Toscanini s’en fout... Les bourges tiraient des bordées, le gratin y allait de sa larmiche et de son artillerie de fouille. Souviens-t’en, mon patraque et souffreteux rengainard de cette radeuse de Java qui te soufflait dans les bronches, qui te coupait la musette, qui te remontait les bretelles et le moral. Toujours prêt pour la secousse, mézigue ! Elle ne renâclait pas à la retape, la frangine, pendant que les jeunots et les jeunottes jeûnaient, pendant que les madonnes suçaient des sucres d’orge, pendant que les mirliflores s’amidonnaient la paluche gauche. Ô Dam’ Fréhel vos renégats/Et vos p’tits gars/M’tir’nt par la manche... Des fois elle est bleue. Alors, c’est la Java bleue ? On traînait les patins dans ses patelins. Pose ton couffin, mam’zelle ! Je suis matelot. Et toi ? Matelassière. T’as vu Port-Vendres ? Brest ? Dunkerque, Le Havre ? Hélas ! Cent fois hélas ! Ni babords, ni tribords, ni sabords ! Que des rouges bords, ma belle ! Il était un petit navire qui n’avait ja-ja-jamais navigué... Ohé ! Ohé ! Mataf à Paname ! Les îles, les quais, les grues, les ponts, les escales, les naufrages... J’ai pas besoin de la mer. J’écume les bouillons poiscailleux de la Seine, les pots-pourris et les potins de sa rive droite. J’écume la place de Grève. Pas d’embauche, tafouilleux ! Ils le disent à la radio, à la télévise, les informateurs proprets. Des monts d’or et d’ordures, des monts de merde et de merveilles. La dalle ! Que dalle. A la Chandeleur, grande douleur. Tu pionces où ? La dure ? Le porche ? Le banc ? J’écume de rage comme ma fidèle cagne toujours à mes soubaroufs à bascule. Je tangue dans mon quartier, entre l’île de Pâques et la Trinité-sur-mer. Du vent ! Du vent dans les voiles... Ô mes terrains vagues ! Banlieue by night ! Des scénars, des travellingues, des gros plans, des trucages, des effets spéciaux... Des airs en conserve... A fond, la sono ! Ils le disent, ils le montrent. Moteur ! La der des ders. Dans mon ciboulot, j’ai des garçonnières louées à la petite semaine. J’en écume les maquereaux blanchis, les vrais de vrai imbibés de Vittel-Cass’, les harengs de trois neuilles, les morues dessalées, les merlus, les merluches, les merlans frits... Et le turbin ? J’y vas, la Java ! Je sais... Je cause... Je cause... J’ai été vacciné avec une aiguille de phono. Ô Dam’ Fréhel trois gest’s un’ voix/Et puis l’convoi/D’la rue Pigalle...La grand’bande, qui ne buvait pas que du vinaigre et du petit lait, ne plaignait pas ses vocalises, sa transpiration, sa fatigue. L’instrument chevillé dans le corps. Ton vieux Léon, mon beuglard, il t’a sur l’esquine, sur l’estome, sur les brandillons... Léon ! Léon ! Tous des Léon, les taquineurs de nacre ! Léon à l’accordéon ! A quoi ça rime ? Mon nom de baptême c’est Aimable. Aimable à l’accordéon, ça serait ridicule. Azzola, Verchuren, Privat, Murena, Prud’homme... Tous des Léon ! Bouvelle, Musichini, Ferrero... Des Léon ! Viseur... Un drôle de gus ! Pas un gugusse, Gustave-Joseph, dit Gus Viseur. Gus Viseur... Lessines, Belgique, 1915 - Paris, France, 1974. La der des ders ! La riflette ? J’astique mon clairon. Je rince mon fusil. Les munitions ? Je compte mes cartouches. Je me retranche. Madelon, emplis mon verre et chante avec les poilus... A boire et du bon ! La der des ders ! La boutanche ? La voilà la jolie vigne,/Vigni, vignons, vignons le vin/La voilà la jolie vigne au vin,/La voilà la jolie vigne. J’en ai décapuchonnées des demoiselles de Bordeaux, dégoupillées des rouilles de grenache, déchapeautées des prime donne, des divas, des cantatrices échevelées, des goualeuses de bouis-bouis, resquillées des quilles de Bourgogne, décapsulées des négresses et des blanquettes de gondole, pelotées des dames-jeannes, encastillées des Margot, lichées des filles de Monbazillac... Les vignobles saignent. C’est le raisiné des aminches. La Butte est dure aux miséreux... La der des ders ! Les vioques... Les grands-vioques... Nous sommes tes Grands-Parents, les Grands ! Leur temps. Ô Dam’ Fréhel la der des ders/N’manquait pas d’air/Dans vos bastringues... Fréhel. Tu l’entends, dis ? La der des ders, tu l’entends ?

La Java ? La Jav’ ! La Javotte ! La Javelle ! La Javouille ! La Java ! J’y viens. Je reviens à la Java. La Java ! La Java ! Je parle ja-va-va-va-nais-vais, ou quoi ? Dans ma boîte à frissons, j’ai des aragnes de bastringue. Les parents... Les grands. La rue de Lappe, la rue de Charonne, le Balajo, les pavés de 36, de 68, l’an 2000... Mon temps. Ô Dam’ Fréhel dans vos décors/J’attends encor/Ma goélette... La Java s’est rangée des buffedingues à punaises. Au vert sur son île, la garce ! Les didis en éventail, des rubis sur les ongles, un imprimé à fleurs sur l’as de pique... Ni vue, ni reconnue. Pas d’embrouilles. Reviens Java ! Reviens avec tes musiciens ! On s’arrangera bien au grand bal de la rue ! La rue ! Rapplique !

Robert VITTON - 2006

 

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