Ne cachons rien maintenant
mais ne soulevons pas le voile
à la place de ceux qui restent
Personne n’arrive, personne
ne sait ce qui est caché
Il n’est pas encore temps
d’en parler et de savoir
ce qui va arriver
à ceux qui restent
à ceux qui existeront demain
Tu déchireras le voile
à la seconde précise
du bonheur
et le temps annoncera
la pluie
plutôt que le lendemain
la venue
d’un cousin
plutôt que le nombre
d’enfants
à concevoir
L’air est si léger
quand le vent s’arrête
comme s’il avait commencé
et que la pluie
n’avait existé
que dans la tourmente
Nous ne cacherons rien
mais nous n’aurons pas la parole
Les petits morts
de la journée qui court
au rythme des horloges
bouchent les petits trous
de la leçon d’histoire
où les vierges sont reines
et les rois géographes
Nous ne cacherons rien
à l’oreille, aux deux yeux
Mais vous ne verrez pas
Mais vous n’entendrez pas
Vous aurez la peau dure
et le nez insensible
à l’odeur de vos morts
Il y aura la langue
Pas d’hommes sans la langue
et pas de langue sans la femme
Mais la langue est obscure
Les chansons trop légères
et les enfants pas assez verts
pour mûrir d’expérience
comme les fruits des bois
qui jalousent l’oiseau
la possibilité
le moment favorable
la machine parfaite
et le plan de voyage
ce tracé de l’aubaine
tous les coups de crayon
de la pratique et de l’attente