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 Article publié le 17 juillet 2016.

oOo

Le poème est un faisan, la poésie est un faisan qui disparait dans le buisson
Wallace Stevens

 

Un poêle vivant privé de bois marche le long du rivage

 

Les filets de la couleur du ciel et des poissons

furent jetés de ci de là. Le pas dansé

et les fichus noués au cou des jeunes filles

démentaient leurs tresses comme leurs gambettes.

 

Le chaperon rouge de l’heure exhibait

sa peau de beurre intime quand les découvrait

un soleil irrité par l’eczéma des mots

sur la plage encornée par l’œil du minotaure.

 

Amenant leurs dauphins perso quelques enfants

firent des sabliers topiques comme un fouet

d’Ouessant comme un chien lape l’eau d’un caillou.

 

Des T-shirts japonais furent des haïkus

où les chiures de mouettes et varechs puaient

la beauté des bivalves l’échouage des algues

avoué sans pudeur comme le sel d’Ionie.

 

Un orque déposa son tract sur le rivage

et devint le rivage sans aménité.

 

Doublant la jambe bleu-acier du ciel la mer

y ajouta la sienne pour l’écartement

où déposer sa vie dans l’urne essentielle.

 

On éprouva soudain la soudaineté pleine

de la nudité. Les filets ramassaient

la bonne engeance de la fée Nécessité

qui est cette moitié de raison aux écailles

en gloire scintillante. Un poste de radio

lança ses éléphants près d’un tissu indien

où cuisait une Marylin dorée pour le banquet

d’un Elagabalus prisant les grands moineaux

dont parle Xénophon. Les filets remontèrent

les journaux du jour mouettes rechigneuses

et qu’il fallut garder des nouvelles du vent

et de leur démenti.

 

Ce fut l’entrée soudaine

du génial Tom Fool aux dix courses gagnantes

 

et nous prîmes la fuite sous l’approbation

de la grande-sans-dieu qu’évoque Khlebnikov

avec son bas de page saturée de notes

comme un bas de robe qu’ignorent les jeux

ne laissant pas la mer réaliser en eux

‘l’enracinant’ naufrage.

 

L’homme qui notait les interpellations littorales

 

Assis sur sa malle. Et autour les manufactures

de secrétaires ‘très variées mais anguleuses’

au parfum débraillé du safari dont elles

font l’objet.

 

Superbes îlots d’enrouements

la vitesse des arbres et l’étole des murs

dans la mer des machines pleines de curées.

 

Laisser le hasard hors champ pour faire un sprint

de sommier éveillé dans la Cadix de Pline

où tapinent en joie les sirènes.

 

Carnet blanc

 

où s’exalter aussi comme un os au soleil

Le hasard s’est levé qui sent sa vieille envie

de se pérégriner ‘de la pinède au faune’

émetteur de fibrilles lentes ou rapides

se sent comme ‘un fantôme occidental actif’.

 

Sa malle est pleine à bloc ‘d’environs à saisir’

entre les parenthèses livrées en segment

sexuel acclimaté au maryland où s’ébroue

l’otarie du sang.

 

S’enfonce profondément dans la surface

aux jambes de clairon et se penche sur sa

lessive lexicale dont la pointe sèche

ameute les dauphins qui cousent le flot

et l’écume à l’enclume

 

et la Ruade Majuscule d’Hokusai

à l’immanence obtuse du rhinocéros

gravé par Albrecht Dürer.

 

La prière devant un poisson rouge enrhumé

 

Pingouins et ours polaires sur l’étagère en perdition

dans les journaux. Sur les écrans

qui présentent leurs dernières collections d’été

verres fumés et une tache vermillon sur le devant

de la robe exhibée qui est l’information

qu’ils appellent un défilé de mode. Aussi le ciel

caverneux et hémiplégique assiste

à ces trémoussements de popotins grands crus.

 

Un froid perpétuel comme de Chaux-sous-Cendre

du récit de Leopoldo alias Clarin

évoque bien ce temps de cette toux des âmes.

 

Quand on ouvre ce temps on y trouve un pépin

comme on suit un enterrement par temps de pluie

avec celui de la sardine en têteenterrement

résumant bien le temps

de la pêche de moins en moins évangélique

pour le monde-poète et celui du grand Pan.

 

Où les peaux mortes de la mort sculptent les équateurs

artistiques peintures sculptures musiques danses

l’éternel maintenant de l’éternel Adam

le milliardaire en faillite de sir thomas Browne

renie la chute et cette idiote métaphore.

 

Pingouins et glaciers comme une seule tige

celui du larynx d’une rose trémière

est le rêve de tous la seule religion

valable non pas celle

des Anytos et autres Meletos intègres

qui dévorent leur coq à la sauce tartare.

 

 Réflexions après la mort de la petite chienne de l’écrivain

  à Rosalie

Un zoo à chaque doigt. Chaque animal éprouve

les contradictions à partir de leur cage

et de leur inconfort comme de n’être pas

à la merci d’autres prédateurs que leur gardien

qui se dit leur soigneur (on en a vu pleurer

une seringue aux doigts). Le domaine des paons

est dans l’abécédaire et son acupuncture

avec sa connaissance de la thérapie

hiéroglyphique ancienne du plexus solaire

pratiquée à même le vocabulaire

et que les perroquets absorbent et qui est

leur perchoir shakespearien.

 

Le cou des impalas et des cigognes tord

celui de l’époque et du concept limite

albinos de croyance aux yeux morts d’axolotl.

 

Un zoo à chaque doigt comme Plutarque

ou un cornac occidental qui conduit ses éléphants

bottés d’égouts parmi ses fiches son velcro

de marche ses carlingues de pas flamands roses

étend ses peaux réduites à une seule ligne

qui dort la tête enfouie dans les criques de sa queue

dormante et éveillée dans la beauté obscure

du mot toison au suint ce motif de conquête

et sa corne de brume dans le pantalon

de ce vieil océan surfilé de requins

que la mer absorbe comme on boit des doigts

le niveau à bulle de son écriture

et dont le larynx est un squale véloce

aqueux et solitaire.

 

Poissons et calmars noient nos ongles pulpeux

de mots de la méduse laissant faire vents

et tempêtes sur le corps dans ses vagues ou les squales

de ses baisers-fusées sans hospitalité

ou comme le philosophe de la prose de Chang-Tseu

se transformant en papillon ou en reflet

ombreux de l’oiseau pong.

 

L’âme-faucon des égyptiens et le soupir d’un dieu

le beugle d’un taureau la fourmi tibétaine

hantent tous les poèmes qui deviennent proses

et font entrer Thomas d’Aquin sans prosélytisme

au Mouton blanc.

 

 

Les friandises sont pour les vieux en pantalon

 

La salopette de la mer arrive aux genoux

ceux du sable et des galets

les baigneuses ont l’air de jumelles et autour

des hanches les connils

d’une petite vapeur entrainante

et cet envol d’orteils au ras de la brulure.

 

C’est toujours un suicide de voir les falaises

et de voir les chevilles vives des enfants

qui sont une plage à son commencement

et un dauphin avant que les dauphins existent ;

 

ils sont la découverte annoncée par Sénèque

et la langue de Khlebnikov avant la lettre

et l’invention future des futaies et nous

un livre inachevé un pet de nonne et donc

un petit dieu sonore.

 

Laisse-toi envahir par le flot de la mort

qui clame ses chouchous en short sur son rivage

où les raisons grésillent dans leur barbecue

l’institut médicolégal du langage

où les choses sont autopsiées par leurs poètes

en blouses incolores.

 

Où la mer se retire comme une voleuse,

il reste une savate sur l’os du rivage,

celle de Thamyras aveuglé par les muses,

pour avoir gobé l’huitre de la tempête

et le couteau sacrificiel de la parole

et le mot cormoran.

 

Et ce sera pour nous ce moi qu’on se réserve

à la vue des enfants ces énormes monuments

qui sourient aux vents d’Ouest

ignorant le silence effrayant des possibles

qui pourraient un jour remplacer les baleines

et les grands cachalots.

 

 

Après une visite à Lascaux

 

Nos bisons nous saluent et nos animaux

à visages promus par le relief du temps

nous glissent la sagaie de l’instant dans les yeux

et sabotent de charbon le vitrail que nous sommes.

 

La faim et la soif ont des pigments de fête

où nous sommes dans cet enclos proies et parois

les mamelles du roc alimentent ses vaches

et font naître la main que nous suivons des yeux

et qui est notre main.

 

Puis c’est la cloison mère l’épi du ventral

regard de l’homme-rêve sarclant le réel

la corne indélébile traversant les astres

et le brame impoli de nos activités

par de là les métamorphoses du présent.

 

Hache et chandelle et graisse et l’os comme une étoile

acérée dans l’épaule-lactée du cheval 

galopant fixement son point d’éternité

devant nos pas freinés par le profond velcro 

de la sidération.

 

En plein vol front à front s’empiègent les ramures

emprisonnent la graine en de talées foulées

de signes dans la pierre que nous devançons

statufiés de beauté.

 

 

Bêtes sur deux pattes, exprimant désir de voir !

 

Les crocodiles ont les yeux verts et les bouteilles

en verre du jour sont de la même écœurante couleur

que les arbres du parc zoologique où les enfants

et les infirmes qui occupent les emplacements privilégiés

du parking fixent les barreaux magiques des cages

et se penchent sur la fosse aux ours et le bassin

des grands sauriens dans leur sommeil politicien

-« on dirait des troncs d’arbres » dit un garçonnet médusé

aux yeux d’un vert stagnant comme l’eau des grenouilles

et le cul des babouins.

 

La poussière s’allie à l’odeur mélangée

des cages qui sont des zèbres ou des tigres ou certaines idées

ou du papier réglé où se posent nos merles

avec nos hirondelles ou nos draps lessivés

avec l’amour qu’ils recouvraient et que l’on fait

sécher comme étendards ou blancs moutons bêlant

à des bergers nouveaux menant de grands troupeaux

muets (et incertains) qui broutent les paroles et contre lesquels les neiges font rugir la terrible blancheur

des ours de leurs flocons polaires ou de leurs livres

à venir ou jamais comme on cherche un bestiau

caché dans son abri marqué sur l’étiquette :

petit lémurien « maki lémur catta ».

 

Les trompes d’éléphants font naitre des enfants

qui voient les éléphants comme un gros appendice

à cet animal long tout en tuyauterie

comme le font certains poètes qui estiment

nous montrer la chose en nous montrant le mot

sur quatre pattes tout comme le dromadaire

ou le chameau (en se trompant de nom et donc

de nombre de cyphoses*) assoiffant le désert.

 

  • bosses (pour le nombre de pieds j’ai pédantesquement choisi cyphoses)

 

 

Celui qui rêva d’une page de sable et de sang rêve de ne pas s’éveiller

 

Toute cette matinée de dorades qui ressemble

à une dérobade après la nuit passée.

Un accroc dans le filet vivant.

Et des échafaudages aussi suspicieux

que le renard des sables et la main qui écrit.

 

Dans l’entrepôt des vagues

les mailles vicieuses dorlotent les doigts

des poissonniers qui sentent l’odeur sans rivage.

 

Ils vont à la criée en écaillant les mots

se biseautant de femmes qui ouvrent douceâtres

leurs oursins violets comme s’éventre l’œil

en vigie des marins.

 

Tous ces écarts de mer éventent leurs embruns

et diaprent le sol byzantin d’un poème

apparu sur l’éclair gluant d’une algue nue

plus miracle qu’oiseau un varech échoué

des rivages d’Hadès.

 

Le ciel offre l’obole de son vain dédain

à ces activités secrètes sous les draps

des astres sans pudeur ni lois qui les concernent.

 

Le poulpe albinos du sublime est mangeable

péché comme en songe. Un rêve de marché

aux poissons et au sexe marmot frétillant

comme un brillant turbot. 

 

Des enfants se touchaient le fond de la mer

dans leurs poches mouillées par la queue des sirènes

en regardant les mains ensanglantées de joie

des femmes et des hommes les lames rougies

par la tripe du congre dans l’œil rond duquel

pivotait le congrès dévergondé des mouettes.

 

 

 

 

L’homme à la respiration difficile

 

Carlingues savoureuses des mots entendus

pas de monde sans la chair pas de ciel que des livres

aux reliures qui sont les lèvres les volets

le souffle suspendu comme un pont c’est celui

du comme et la gorgone d’un visage en arrêt

ou aux arrêts entre ses deux poignets rôdant

parmi les rousseurs saltimbanques des rues

nuages retardés par les lents chemisiers

qui vont vers l’autre bout du monde sa sueur

quand elle se dévêt elle est plus nue d’une ombre

et danse sur le pain le vin et les fusils

de sept lieues de sa souple colonne vertébrale

dehors est blanc comme un orage une expérience

la charpie fondamentale de l’amour blessant

sa bouche est une fleur battue par sa parole

le goulot de pensée d’où sort l’encrier-fouet

musical de ses cheveux sur la langue dont elle

joue de l’Ecclésiaste avec les doigts bagués

de nuit et de saccage et de feux turbulents

elle est ce qui s’affiche dans l’inassouvi

sans rire d’une vie où s’éteint l’impossible.

 

Le vent est-il toujours dans cette porte ?

 

Le short de l’horizon et les cuisses de l’âme

font monter le cou de girafe du hasard

au dessus du désert en pot sur le balcon

et le parfum d’amours révolues qui s’éveille

 

passe le tournant. La rue mange la ville

et les murs aux galops ont les souliers percés.

Les amoureux sont deux à deux des serpentins

et voyagent dans les vitrines sans filet

 

et quelquefois y tombent parmi les objets

et les étoiles peintes. Le bruit des moteurs

casse les verres pleins et remplit les vides

et les salles de bain rêvant leurs Andromède.

 

La ville est en retard d’une ville nouvelle

à même le manchon d’un hivernal midi

un poème occasionnel comme un breakfast

ou le Prothalamion du ruisseau de Spenser.

 

Nous ne sommes pas saint nous sommes vendredi

dans la phrase d’un froid pavé de voies malsaines

et de pas insensibles à l’instant foulé

quand devant soi le monde a les cheveux bouclés

 

et les hanches plus pleines que le pentateuque.

 

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