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Choix de poèmes (Patrick Cintas)
Les fenêtres sont denses. Réduisez vos murs à la fenêtre...
![]() oOo Extrait de la [Chanson d’Ochoa...]
Les fenêtres sont denses. Réduisez vos murs à la fenêtre Qui a le plus de chance de contenir les faits. Mescal Ne s’y penchait pas à cause des sangles qui le retenaient
Au bord de sa vision. Sans le carreau que la mouche heurtait, Il eût souffert d’agoraphobie. La rue s’achevait en point Virgule sous les orangers. L’éclairage public sciait la nuit.
Voir le Christ sur le trottoir n’est pas donné à tout le monde. Doña Pilar le poursuivait avec une constance de mâle. Et la femelle Cecilia la suivait en arrachant des mots
Aux passants et aux gisants des devantures. Mescal grattait Les meneaux. Il y avait des années qu’il grattait les meneaux. Il creusait le plâtre mou derrière le radiateur avec la même
Sensation de n’avoir jamais été un autre que celui qu’il voyait Quand on le montrait. — J’ai vu, dit-il aux flacons d’éther, J’ai vu bien des ochoas dans mon existence ordinaire
Et je ne les ai rencontrés que dans le récit que la poésie Fait à ma voix. On ne comprenait rien si on était son père Ou sa sœur ou même un lointain cousin venu s’enquérir
De l’état des biens familiaux. J’ai vu, j’ai croisé et j’ai touché Des hommes qui se croyaient des hommes parce qu’ils parlaient Et que les bêtes ne parlent pas aux hommes. J’ai vu des bêtes
Qui se prenaient pour des hommes et d’autres qui valaient Ce que vaut un homme quand il n’a pas connu l’amour. J’ai grossi la réalité quotidienne dans la lentille de mes flacons
Et j’ai cru à des substances de remplacement. Ce que je dis N’est pas fait pour être entendu ni compris. Qu’on n’écoute Que ce qui se passe et je dirai la vérité telle qu’elle m’apparaît
Aux fenêtres. J’ai vu et je vois encore des hommes qui parlent De ce qui arrive à l’humanité. Je n’en parle pas, je parle De moi-même et des autres. Ma pensée contient tout entière
Dans un de ces flacons. Suspendu à la potence d’acier chromé Par une couronne d’acier chirurgical, je pourrais marcher Jusqu’à vous. Vous me verriez tel que je suis et vous auriez
Peur et pitié de cet homme qui n’est plus ce que j’ai été Et qui sera ce que je suis. Une femme me ressemble. Quelle femme vous ressemble à ce point ? Ô mes amis
Défenestrés, je ne vous vois plus que dans l’optique des flacons. Le cuir de mon carcan sent le plâtre de vos mains occupées Ailleurs maintenant que je n’ai plus d’importance relativement
À ce que je possède encore. Mon squelette est dehors tel Que vous l’avez conçu et il satisfait votre ego de constructeur D’hommes modulaires. Ma chair n’est que l’objet du désir.
Je voyais des cris. J’entendais des espaces criards. Je me ruais Sur le bruit que l’existence produit quand elle s’étire. L’homme Revenait avec l’espoir et la femme le quittait par chance. |
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