On ne t’a pas fini en t’avortant. On aurait dû te prévenir que ça pouvait durer. Dors.
Rendors.
Ce qui te reste de nuit. Compte les lèvres qui te restent.
Le matin va venir. Il y aura du sang au ciel. Encore une fois je penserai à tout ce qui a été perdu - tout ce qui a été perdu est au ciel.
Paraît-il.
Je comprendrai peut-être que ce qui sera perdu demain était une simple transition - et une éternité.
Mais je me lèverai. Je chercherai à deviner ce qu’il faut encore perdre. Sans savoir si c’est du sang. Sans oser prononcer quoi - ou qui.
Il est si rassurant de perdre des choses, des objets.
Il est si rassurant d’avoir le temps - et de s’en voir dépossédé.
Il est moins rassurant de se savoir perdu. Et privé de sommeil.
Mais j’aurais peur qu’on me rassure. Pour me rassurer il me faut juste - un peu de terreur.
Tu me rassureras ainsi. Et je serai ta proie. Tu me raconteras encore ce que tu n’es plus là.
Au ciel.
Qu’il soit très rouge pour mes yeux. Moi, je vivrai en infrarouge.
Je brûlerai mon ombre pour ne pas la perdre. Tu seras un ferry-boat sur une mer empoisonnée.
La pluie qui coule ne court pas les rues. C’est clair !