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 Article publié le 27 janvier 2006.

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MANIFESTE

« Parce que les hommes, Socrate, ont oublié leur devoir de penser... »

Miguel Betanzos : SOCRATE, LE SAGE EMPOISONNÉ

Nous, poètes du monde, disons « Ça suffit ! » et disons « loups ».

« Ça suffit ! » : l’une des plus belles paroles poétiques prononcée ou encore possible de prononcer.

« Loups ». Nous, les poètes, nous sommes « des loups des steppes » ; nous nous « organisons » tels les loups et non pas comme l’homme, loup pour l’homme.

« Les loups sains et les femmes saines...ont été persécutés, harcelés et faussement accusés d’être insatiables, fourbes, trop agressifs et notamment d’être moins respectables que leurs détracteurs. Ils ont été le blanc de ceux qui non seulement souhaitèrent nettoyer la jungle mais voulurent également effacer le territoire sauvage du psychisme, en étouffant l’intuitif jusqu’au point de ne laisser aucune trace de celui-ci. La déprédation exercée à l’encontre des loups et des femmes, par ceux qui ne les comprennent pas, est étonnamment comparable ». - Clarissa Pinkola Estes.

« Femmes qui courent avec les loups »—.

Nous, poètes du monde, nous sommes des loups, défenseurs de ce « territoire sauvage » et sublime qui bien heureusement existe toujours, tapi dans l’ombre de cette vie transformée à l’image du « Dieu Marché ».

Nous, poètes du monde, hurlons haut et fort que la Poésie est antagoniste, critique, rebelle et subversive par nature.

Que la poésie détruit et s’autodétruit en un seul mouvement.

Qu’elle se recrée et recrée le monde en permanence. Nietszche : « Prononce ta parole et disparais ».

Nous disons, au même titre que les surréalistes, que la Poésie est une liberté absolue.

Elle est imagination.

Et avec le feuprométhéen de Léon Felipe et dans un cri d’anges, nous hurlons que la Poésie est un système lumineux de signaux.

Ci-après notre « Ça suffit ! », notre hurlement, nos signaux :

Et notre tentative d’ailes :

1. « Voici le temps des assassins ! » écrivit Rimbaud. Ce temps a perduré jusqu’au XXIème siècle, il s’est imposé plus que jamais et, finalement, il semble s’être enraciné dans la Terre pour toujours.

2. Nous, poètes du monde, nous nous soulevons contre ce « Temps des Assassins », comme l’a toujours fait la Poésie, dès la naissance du premier vers exprimé par le premier être humain et la première empreinte laissée par le premier être humain dans la première caverne.

3. Le Temps des Poètes est celui des Mères qui donnent la Vie « Ah, quelle est exquise la terre de mon verger. Il fait un parfum à mère qui rend amoureux ! » (Miguel Hernández)...

4. Voici le temps de la poésie écrite et chantée au féminin bien que la colère, la dissonance, les aberrations du langage (pour les « académiques »), le manque de « décence » (pour les « bien-pensants »), et la soif angoissante de réparation dominent et nous pointent du doigt comme des rejetons des vieux « assassins ».

5. Nous, les femmes et les hommes, poètes du XXIème siècle, avons décidé de « tuer », par nos mots, les Assassins en armes. Des mots dictés par personne sinon par le poète lui-même. Des mots façonnés dans aucune forge sinon la sienne ; pas même dans celle des Dieux, bien que le chant soit leur don, encore moins dans celle du langage usuel (ou « non langage », en réalité), grossière caricature du Langage Commun et, par là-même, de la Raison Commune qui ont été arrachés par les Assassins au Peuple converti en masse.

6. La masse ne comprend rien à la poésie ; le Peuple - ou ce qui reste encore de celui-ci -, oui.

7. L’Iliade et l’Odyssée étaient des poèmes aussi extraordinairement beaux que populaires. En ces temps lointains, il n’existait aucune différence entre les grecs, ou les prédécesseurs des grecs, et leurs poètes. La Grèce fut d’abord Poésie et plus tard Philosophie. Et la Poésie, pendant des siècles, se transmit de bouche à oreille (et ainsi naquit la tradition orale), et la Philosophie se discutait sur la place publique, sur le marché -en minuscule : il s’agissait seulement d’un marché aux œufs et aux poules- (ainsi germa la dialectique, la discussion raisonnable, si blâmable aujourd’hui à travers le positivisme, le pragmatisme ou la Raison Technique).

8. Le positivisme, le pragmatisme et la Raison Technique accomplirent la « mission » pour laquelle ils naquirent. Ils dépouillèrent les êtres humains de leur outil fondamental, la possibilité de dire « Non », de critiquer, de contredire. Ils le dépouillèrent de sa « négativité », l’attribut humain par excellence, l’exception qui nous différencie du reste des créatures de l’univers. Ils apprivoisèrent sa rébellion. En somme, ils nous transformèrent en un « Oui » absolu. Nous sommes des machines, apprêtées pour admettre, consentir et acquiescer des « consensus ». Des réflexes conditionnés. L’Humanité se trouve au bord d’un précipice dont nous avons peine à imaginer le monstrueux fond. « Ça suffit ! », rugissons-nous, les poètes du monde.

9. Deux dimensions essentielles nous guident (celle du « Oui » et celle du « Non ») mais seule la première nous est permise, parce qu’insolente mais insensiblement, ils nous dérobèrent la seconde. Il en résulte que les hommes sont aujourd’hui la fidèle reproduction de cet Homme Unidimensionnel dont le philosophe Herbert Marcuse nous a parlé pour la première fois en 1964.

10. Cependant, la Beauté, la Vérité et le Bien (les valeurs suprêmes socratiques et celles de toute la philosophie qui s’ensuivit) ne peuvent être perçus dans toute leur magnificence que par le « Non ».

Le « Non » nie la commodité, la facilité et la vulgarité de l’instant immédiat, les « faits ». Le « Non » est symbole de liberté.

Que la terre tourne autour du soleil, et non l’inverse ; que le « David » de Michel-Ange a la perfection que n’aurait jamais pu avoir le véritable David ; et que « l’autre », le prochain, je suis celui-ci, constituent de révélations, de manifestations de l’Être qui peuvent seulement s’observer au-delà des faits à l’état brut des sens, au-delà du consentement ingénu (du « Oui » assassin) que nous donnons à ce qui nous apparaît quotidiennement.

11. Nous, poètes du monde, nous serons les Poètes du « Non » ou nous ne serons pas.

12. Pour nous, « la Beauté sera convulsée ou ne sera pas » (Breton).

13. Ce « Non » est « totalitaire » au sens noble du terme, autrement dit un « Non » « totalisateur ». Il englobe tous les sujets du monde humain, puisque« l’inhumain nous est étranger ».

Ni l’amour, ni l’érotisme, ni la sexualité ne nous sont étrangers.

Ni la Passion de l’Absolu (Louis Aragon).

Ni celles aujourd’hui nommées « guerres ».

« Guerres », ils parlent ainsi des agressions de l’Empire contre les peuples les plus fragiles de la Terre, pour peu qu’ils possèdent encore quelque richesse à piller ou qu’ils occupent une position stratégique, du point de vue de l’achèvement du sacro-saint travail de pillage des quelques peuples restés encore relativement indemnes.

Nous, poètes du monde, elles ne nous laissent pas indifférents et elles nous remuent.

Nous sommes également sensibles à la misère « globalisée » qui croît régulièrement, à l’hypocrisie des tout aussi et toujours plus globalisés « droits de l’Homme » qui sont, en réalité, les « droits des solvables ».

« Droits de l’Homme ». Voici une drôle association de mots. Des mots que nous avons sans répit le devoir de défendre contre toute malice, tout tour de passe-passe qui pourrait occulter ou corrompre la vérité.

14. Nous, poètes du monde, avons le devoir d’allumer des aurores.

Notre métier se compose de mots et notre obligation, conjointement avec nos camarades créateurs de la fiction littéraire, est de démasquer les millions de termes et de phrases évidemment faux qu’ils nous « vendent » comme étant évidemment vrais.

De même que pour les tant cités « droits de l’Homme », notre devoir moral, subversif, scandaleux, démentiel pour le monde « politiquement correct » consiste à dénoncer l’expansive et normalisatrice « défense de l’environnement » devenue insupportable. Non ! Nous rejetons ce drapeau lorsque, aujourd’hui plus que jamais, il est brandi vers le ciel par ceux-ci même qui mettent à sac la planète de manière systématique.

Nous avons également en horreur le reste des drapeaux noirs des pirates du XXIème siècle. Ces drapeaux n’affichent plus cette tête de mort avec deux os entrecroisés. Par une grimace purement trompeuse, ils nous exhibent les visages de jeunes filles, jolies ou fascinantes, selon le besoin. Des visages grâce auxquels ils nous vendent aussi bien un véhicule que la croyance ingénue prétextant que l’unique intérêt pour ces Assassins internationaux, multinationaux et nationaux est notre bien être ou la préservation de la Nature, nos « droits de l’Homme » et notre bienfaisante - mais au fond méprisée d’eux -Terre Mère.

Pharisiens ! Nous, poètes du monde, prenons pour exemple le Christ des Evangiles, et nous marcherons aux côtés des Peuples lorsqu’ils se réveilleront et crieront « Ça suffit ! », et qu’ils jetteront dehors les marchands du Temple. Le Temple du XXIème siècle ne se trouve plus à Jérusalem mais dans l’Humanité même, enchaînée et utilisée telle du lierre desséché.

« Ça suffit ! » : Assez de ces êtres humains condamnés et reconnaissants bien qu’assujettis aux ténèbres.

15. Nous, poètes du monde, nous nous en remettons à l’amour.

Parce que nous avons la certitude qu’on ne vit plus « L’Amour aux temps du choléra » mais la colère dépourvue de tout amour. Et qu’à cause du sexe sans âme, ni vie, ni blancheurs qui nous entoure -virtuel, incolore, inodore et insipide-, Eros devint dans un geste purement pathétique et oublia toute transcendance.

Le désir se transposa en objets de consommation et se consuma en eux.

Il renonça au délice de la communion des corps, des âmes et des esprits, et transforma le monde en un « non-lieu » privé de tout érotisme, avec des hommes et des femmes livrés à la consommation de leur propre solitude.

Nous disons « Ça suffit ! » à cet « aujourd’hui » désérotisé du monde, où chaque « je » est une monade sans fenêtre depuis laquelle personne n’arrive à communiquer avec personne. Dans cet achat-vente « global » où l’amour est aussi une marchandise, il est temps de dire -une nouvelle fois avec Marcuse - que la bien-nommée « Révolution Sexuelle », qui devait nous libérer et nous apporter la Félicité, s’est finalement métamorphosé en « Révolution des Affaires ».

16. Un monde sans amour est un monde sans poésie. Si John Donne, Paul Eluard, Julio Cortázar, Paul Celan, García Lorca, Miguel Hernández, Nazim Hikmet ou Robert Desnos ressuscitaient en ce siècle « cambalache », continuité et dépassement inégalable du « cambalache » précédent, ils n’écriraient pas pour autant de poèmes dépourvus d’érotisme et de magnificence pour l’amour. Et nous, poètes du monde, situés dans la plus dramatique croisée de deux siècles, nous brandissons leurs flambeaux et tentons désespérément d’érotiser le monde, depuis et avec notre Poésie.

La Beauté est notre devoir.

17. « Ce ne sont pas des restes, ce sont des semences », dit Tencha Bussi face aux « restes » de son bien-aimé homme et époux, Salvador Allende.

Et nous, poètes du monde, nous nous engageons dans l’espérance, dans la lutte céleste et les semailles. Pour pouvoir, un jour, dire :

* « Nous avons tenu parole. Nous avons ‘tué’ les Assassins avec des mots ».

* « Les semences offrirent leurs fruits et pétrifièrent les faux des Assassins, pour que jamais plus nous ne connaissions de martyrs. Jamais. Jamais. Jamais Plus ! »

* « Voici

Enfin

Le temps de ceux qui aiment ! »

[« ... et bien que le troupeau pourrait vivre bâillonné, bien que certains pourraient tolérer ou encore préférer la discrétion, lui, Socrate, n’imaginait aucunement un monde fait de silences, un monde sans la parole qui réveille, qui excite, qui stimule, un monde dans lequel n’existeraient pas même les vers d’Homère, les tragédies d’Euripide, les histoires d’Hérodote. Il ne pouvait imaginer un monde dépourvu de voix et de mots. Le mot était pareil à l’antique feu que Prométhée déroba aux Dieux ; le mot donnait un sens à l’homme et lui conférait une aura sacrée, quasi divine. Sans ce mot, il était réduit à la plus simple créature sauvage et condamné à errer de par le monde comme une ombre ». Ibidem.]

Par Cristina Castello et Ricardo Dessau

Traduction fait par le poète Rémi-Ange Couzinet, Paris

espritdelaforet@wanadoo.fr

Buenos Aires, le 21 novembre 2005.

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MANIFIESTO

« Porque los hombres, Sócrates, han olvidado la obligación de pensar... »

Miguel Betanzos : Sócrates, el sabio envenenado

Nosotros, poetas del mundo decimos « ¡Basta ! » y decimos « lobos ».

« ¡Basta ! » : una de las más hermosas palabras poéticas pronunciadas o a ser pronunciadas aún.

« Lobos ». Los poetas somos « lobos esteparios », y nos « organizamos », al modo de los lobos, no al del hombre lobo del hombre.

« Los lobos sanos y las mujeres sanas... han sido perseguidos, hostigados y falsamente acusados de ser voraces, taimados y demasiado agresivos y de valer menos que sus detractores. Han sido el blanco de aquellos que no sólo quisieran limpiar la selva sino también el territorio salvaje de la psique, sofocando lo instintivo hasta el punto de no dejar ni rastro de él. La depredación que ejercen sobre los lobos y las mujeres aquellos que no los comprenden es sorprendentemente similar.” ¾Clarissa Pinkola Estés, « Mujeres que corren con los lobos »¾ .

Nosotros, poetas del mundo, somos lobos en defensa de ese « territorio salvaje » y sublime que, por fortuna, aún existe debajo de la vida transformada en « Dios Mercado ».

Los poetas del mundo aullamos que la Poesía es opositora, crítica, rebelde y subversiva por naturaleza.

Que la poesía destruye y se autodestruye en un solo movimiento.

Que se recrea a sí misma, y recrea el mundo permanentemente. Nietszche : « Di tu palabra y rómpete ».

Decimos, con los surrealistas, que la Poesía es libertad absoluta.

Que es imaginación.

Y con el fuego prometeico de León Felipe, en un grito de ángeles, aullamos que la Poesía es un sistema luminoso de señales.

Aquí nuestro « ¡Basta ! », nuestro aullido, nuestras señales.

Y nuestro intento de alas :

1. « ¡He aquí el tiempo de los asesinos ! », escribió Rimbaud. Este tiempo se ha extendido hasta el siglo XXI, se ha profundizado como nunca y, por fin, parece haberse arraigado en la Tierra para siempre.

2. Nosotros, poetas del mundo, nos revolvemos contra ese « Tiempo de los Asesinos », como lo hizo la Poesía desde que el primer ser humano alumbró el primer verso y el primer ser humano dejó su primer trazo en la primera caverna.

3. El Tiempo de los Poetas es el de las Madres dadoras de Vida. « ¡Ah, qué buena la tierra de mi huerto. Hace un olor a madre que enamora ! » (Miguel Hernández).

4. Es el tiempo de la poesía escrita y cantada en femenino, aunque la cólera, la disonancia, las aberraciones del lenguaje (para los « académicos »), la falta de « decoro » (para los « bienpensantes »), y la sed angustiosa de reparación dominen, y nos muestren como retoños de los viejos « asesinos ».

5. Las mujeres y los varones poetas del Siglo XXI hemos decidido « matar » con palabras a los Asesinos con armas. Palabras no regladas por nadie más que por el propio poeta. Palabras no fraguadas en ninguna fragua más que en la suya : ni siquiera en la de los dioses, aunque el canto sea un don de ellos, ni menos que menos en la del lenguaje al uso (o « no lenguaje », en rigor), burda caricatura del Lenguaje Común y, por tanto, de la Razón Común, que les han sido arrebatados por los Asesinos al Pueblo convertido en masa.

6. La masa no entiende la poesía ; el Pueblo -o lo que aún pueda quedar de él-, sí.

7. La Ilíada o la Odisea eran poemas tan extraordinariamente bellos como populares. En aquellos remotos tiempos no existía ninguna diferencia entre los griegos, o los antecesores de los griegos, y sus poetas. Grecia fue primero la Poesía y luego la Filosofía. Y la Poesía, durante siglos, se transmitió de boca en boca (y así se fundó la tradición oral), y la Filosofía era discutida en la plaza pública, en el mercado ¾con minúscula : tan sólo se trataba del mercado de huevos y gallinas¾ (y así se fundó la dialéctica, la discusión razonable tan vituperada hoy por el positivismo, el pragmatismo o la Razón Técnica).

8. El positivismo, el pragmatismo y la Razón Técnica cumplieron la « misión » para la que nacieron : despojaron a los seres humanos de su herramienta fundamental : la posibilidad de decir « No », de criticar, de disentir. Lo despojaron de su « negatividad », el atributo humano por excelencia, el único que nos diferencia del resto de las criaturas del universo. Le domesticaron la rebeldía. En suma, nos transformaron en un « Sí » absoluto. Somos máquinas de admitir, consentir y asentir « consensos ». Reflejos condicionados. La Humanidad se encuentra al borde de un precipicio cuyo fondo monstruoso no podemos concebir siquiera. « ¡Basta ! », bramamos los poetas del mundo.

9. De las dos dimensiones esenciales que nos constituyen (la del « Sí » y la del « No »), nos han dejado sólo la primera, porque descarada pero insensiblemente se robaron la segunda. De ahí que los hombres sean hoy la reproducción fiel de aquel Hombre Unidimensional del que nos habló por primera vez el filósofo Herbert Marcuse en 1964.

10. Sin embargo, la Belleza, la Verdad y el Bien (los valores supremos socráticos y de toda la filosofía que siguió) sólo pueden ser captados en todo su esplendor por el « No ».

El « No » niega la comodidad, la facilidad y la vulgaridad del dato inmediato, los « hechos ». El « No » es símbolo de libertad.

Que la Tierra gira alrededor del sol, y no a la inversa ; que el « David » de Miguel Ángel tiene la perfección de la que no hubiera podido gozar jamás el David real ; y que el « otro », el prójimo, soy yo, constituyen revelaciones, manifestaciones del Ser que sólo se pueden avizorar más allá de los datos brutos de los sentidos, más allá del consentimiento ingenuo (del « Sí » asesino) que damos a lo que se nos aparece cotidianamente.

11. Los poetas del mundo seremos los Poetas del « No », o no seremos nada.

12. Para nosotros « la Belleza será convulsa o no será » (Bretón).

13. Ese « No » es « totalitario » en el mejor sentido del término, es decir, es un « No » « totalizador ». Incluye todos los asuntos del mundo humano, puesto que « nada humano nos es ajeno ».

No nos son ajenos ni el amor, ni el erotismo, ni la sexualidad.

Ni la Pasión del Absoluto (Louis Aragon).

Ni las hoy llamadas « guerras ».

« Guerras », dicen de las agresiones del Imperio contra los pueblos más débiles de la Tierra, si son poseedores aún de alguna riqueza que se pueda saquear ; o si ocupan alguna posición estratégica desde el punto de vista de la prosecución de la sagrada tarea del saqueo de otros pueblos que todavía queden relativamente indemnes. A los poetas del mundo no nos son ajenas, y las vibramos.

Como no nos son ajenas la miseria crecientemente « globalizada », ni la falsedad de los también cada vez más globalizados « derechos humanos » que, en realidad, son los « derechos de los solventes ». « Derechos Humanos » : he aquí otra jugarreta con las palabras, esas palabras que tenemos el deber irrenunciable de defender de todo truco, de todo pase mágico que pretenda ocultar o deformar la verdad.

14. Los poetas del mundo tenemos el deber de alumbrar auroras. Puesto que nuestro oficio son las palabras, nuestra obligación ¾junto a nuestros camaradas creadores de la ficción literaria¾ es la de desenmascarar los millones de términos y frases obviamente falsos que nos « venden » como obviamente verdaderos.

Al igual que en el caso de los tan recitados « derechos humanos », nuestro deber moral, subversivo, escandaloso, demencial, para el mundo « políticamente correcto », consiste en denunciar la ya insoportablemente extendida y normalizada « defensa del medio ambiente ». ¡No ! Rechazamos esa bandera cuando, hoy más que nunca, es enarbolada hasta el cielo por los mismos que depredan el planeta sistemáticamente.

Abominamos también del resto de las banderas negras de los piratas del siglo XXI. Estas banderas ya no ostentan una calavera con dos huesos atravesados. En una mueca de puro mentir, nos exhiben los rostros de jóvenes bonitas o fascinantes, según corresponda, rostros con los que nos venden desde un automóvil hasta la creencia ingenua de que lo único que les importa a estos Asesinos internacionales, multinacionales y nacionales es nuestro bienestar o la preservación de la Naturaleza, nuestros « derechos humanos » y nuestra bendita ¾pero en el fondo despreciada por ellos¾ Madre Tierra.

¡Fariseos ! Los poetas del mundo tomamos como ejemplo al Cristo de los Evangelios, y marcharemos junto a los Pueblos cuando despierten y griten « ¡Basta ! », y echen a los mercaderes del Templo.

El Templo del siglo XXI ya no está en Jerusalén : es la propia Humanidad encadenada y utilizada como hiedra enmohecida. « ¡Basta ! » : Basta de seres humanos condenados y agradecidos de ser sometidos a las sombras.

15. Los poetas del mundo nos comprometemos al amor.

Porque tenemos la certeza de que ya no se vive el amor en los tiempos del cólera, sino la cólera despojada de todo amor. Y que por el sexo sin alma, ni vida, ni albores que nos rodea ¾virtual, incoloro, inodoro e insípido¾ , el Eros terminó en mera gestualidad patética y olvidó toda trascendencia.

El deseo pasó a los objetos de consumo y se consumió en ellos. Renunció al deleite de la comunión de cuerpos, almas y mentes, y convirtió al mundo en un « no lugar » deserotizado, con hombres y mujeres librados al consumo de su propia soledad.

Nosotros decimos « ¡Basta ! » a este « hoy » deserotizado del mundo, donde cada « yo » es una mónada sin ventanas desde la cual nadie puede comunicarse con nadie. En esta compra-venta « global » donde también el amor es una mercancía, es hora de decir ¾otra vez con Marcuse¾ que la llamada « Revolución Sexual », que por fin iba a liberarnos y entregarnos la Felicidad, se convirtió finalmente en la « Revolución de los Negocios ».

La Belleza es nuestro deber.

16. Un mundo sin amor es un mundo sin poesía. Si John Donne, Paul Eluard, Julio Cortázar, Paul Celan, García Lorca, Miguel Hernández, Nazim Hikmet o Robert Desnos resucitaran en este siglo « cambalache », continuación y superación insuperable del « cambalache » anterior, no escribirían, sin embargo, poemas ajenos al erotismo ni a la excelsitud del amor. Y nosotros, poetas del mundo situados en la más dramática encrucijada de dos siglos, levantamos sus antorchas y tratamos desesperadamente de reerotizar el mundo, desde y con nuestra Poesía.

17. « No son restos, son semillas », dijo Tencha Bussi, frente a los « restos » de su amadísimo hombre y esposo, Salvador Allende.

Y nosotros, poetas del mundo, nos comprometemos en la esperanza, en la lucha celeste y en la siembra. Para poder decir un día :

* « Cumplimos. Hemos ‘matado’, con palabras, a los Asesinos ».

* « Las semillas dieron sus frutos y petrificaron guadañas, para que nunca más haya mártires. Nunca. Nunca. ¡Nunca Más ! »

* « ¡He aquí

Por fin

El tiempo de los que aman ! »

[« ... y aun cuando el rebaño pudiera vivir amordazado, aun cuando algunos toleraran o acaso prefirieran la discreción, él, Sócrates, no imaginaba siquiera un mundo hecho de silencios, un mundo sin la palabra que despierta, que aviva, que estimula, un mundo en que no existieran los versos de Homero ni las tragedias de Eurípides ni las historias de Heródoto. No imaginaba un mundo ayuno de voces y palabras, pues la palabra era como el antiguo fuego que Prometeo había robado a los dioses ; la palabra otorgaba sentido al hombre y le confería un aura sagrada, casi divina, y sin ella quedaba reducido a una mera criatura salvaje y sentenciada a errar por el mundo como una sombra ». Ibídem.]

Por Cristina Castello y Ricardo Dessau

Buenos Aires, 21 de noviembre de 2005

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MANIFEST

« Because the men, Socrates, have forgotten the obligation of think...” »

Miguel Betanzos : Socrates, the poisoned wise

We, poets of the world, say « Enough ! » and say « wolves ».

« Enough ! » : one of the most beautiful poetic words pronounced or still to be pronounced.

« Wolves ». We, the poets, we are « wolves of the steppe » and become « organized » in the manner of the wolves, not in the manner of the man-wolf-of-the-man.

« The sound wolves and the sound women... have been pursued, harassed and falsely accused of voracious and cunnings, and also accused of the fact of be both too much aggressive, and also of having less worth than yours detractors. They have been the target of those individuals that not only will to clear the forest but also the wild territory of the psyche, suffocating so the instinctive to the point of not to leave any track of it. The depredation that is committed against the wolves and women by those that don’t understand them is surprisingly similar » -Clarissa Pinkola Estés, « Women that are running with the wolves ».

We, poets of the world, are wolves who are defending these sublime and « wild territory » that fortunately still exists under the life become in « Market God ».

The poets of the world cry that Poetry is naturally antagonist, critic, disobedient and subversive.

That Poetry destroys and destroys itself in the same movement.

That Poetry recreates itself, and recreates the world permanently. Nietzsche : « Say your word and break you yourself ».

We say, with the surrealists, that Poetry is absolute freedom.

That is imagination.

And with the promethean fire of León Felipe, in a cry of angels, we howl that Poetry is a luminous system of signals.

Here our « Enough ! », our howl, our signals.

And our attempt of wings :

1. « Behold the time of the murders ! », wrote Rimbaud. This time has reached the twenty-one century, it has gained profundity as never it does, and finally it seems to take roots for ever on Hearth.

2. We, the poets of the world, revolt ourselves against that « time of the murders », like it does the Poetry since the first human being gave light to the first verse and the first human being leaves his first trace in the first cavern.

3. The Time of the Poets is the time of the Mothers that give the Life. « Ah, what a good earth is the hearth of my garden ! There is a fragrance of mother that enamor » (Miguel Hernández).

4. It is the time of the writing and singing in feminine poetry, even though it dominate the anger, the dissonances, the aberrations of the language (for the « academics »), the lack of « decorum » (for the « well-meaning »), and the distressed third of reparation, and show yourselves as the sprouts of the old « murders ».

6. We, the women and men poets of the twenty-one century, have decided « to kill » with words the murders with arms. Words only ruled by the poet himself. Words only forged in his own forge : not even in those of the gods, even though the sing is a gift of them, nor less in the forge of the current language (or « not language », strictly), rough caricature of the Common Language and, so, of the Common Reason, both seized by the Murders to the People becoming mass.

7. The Iliad or the Odyssey was as extraordinarily beauties as popular poems. At those remotes times there was not any difference between the Greeks, or the ancestors of the Greeks, ant their poets. Greece was first the Poetry and after the Philosophy. And the Poetry, during some centuries, was transmitted from mouth to mouth (and so was created the oral tradition), and the Philosophy was discussed in the public square, in the market ¾with small letter, : only was the market of eggs and chickens¾ (and so was created the dialectic, the reasonable discussion so vituperated today by the positivism, the pragmatism or the Technical Reason).

8. The positivism, the pragmatism and the Technical Reasonfulfilled the assigned « mission » : to dispose the human beings of their fundamental tool : the chance to say « Not », to critic, to dissent. They disposed them of their « negativism », the essential human attribute, the only one that makes our difference in relation with the rest of the creatures of the universe. They domesticated their rebelliousness. In short, they transformed us in an absolute « Yes ». We are machines made to admit, to consent and assent « consensus ». Conditioned reflex. The Mankind is at the edge of a precipice whose monstrous bottom we cannot even to conceive. We, the poets of the world, roar « Enough ! ».

9. From the two essential dimensions that conforms us (the « Yes » dimension and the « Not » dimension), they left ourselves only the first, because impudently but imperceptibly they stole the second. Hence the men are today the accurate reproduction of that One-dimensional Man of who talked the philosopher Herbert Marcuse, by the first time, as soon as the year 1964.

10. Nevertheless, the Beauty, the Truth and the Good (the supreme Socratic’s values, and the values of the whole philosophy that followed the Socratic learning’s) only can be captured in its entire splendor through the « No ».

The « No » refuses the facility and the vulgarity of the immediate datum, the « facts ». The « No » is a symbol of freedom.

That the Earth turns around the sun, and not on the contrary ; that the « David » of Miguel Ángel have the perfection unreachable by the true David ; and that the « other », the neighbor, is the same than me, are revelations, manifestations of the Being, that only we can see farther than the rough data of the senses, further than the ingenuous consent (that murder « Yes ») that we give to the daily appearances. .

11. We, the poets of the world, will be the poets of the « No », or nothing we will be.

12. For us, « the Beauty will be convulsed or not will be » (Breton).

13. That « No » is « totalitarian » in the best sense of the word, that is to say, is a « No » totalizator. It includes all the affairs of the human world, because « nothing of the human is strange to us ».

Not strange to us is the love, nor the sensuality, nor the sexuality.

Nor the passion of the Absolute (Louis Aragon).

Nor the so-called « wars » today.

They say « wars » when the Empire attack the more weak countries of the world, if this countries are still owners of some wealth that is possible to sack ; or if they have any strategic position from the perspective of the prosecution of the sacred task of sacking other countries still relatively undamaged. Those « wars » never have been foreign to us.

Neither is foreign to us the worldwide increasing poverty, nor the falsity of the so-called « human rights », that in fact are the « rights of the solvents ». « Human rights » : this is another bad play with the words, those words that we have, as an inexorable duty, to defend from any trick, from any magical pass that attempts to conceal or to deform the truth.

14. We, the poets of the world, have the duty of illuminate dawns. Because the words are our craft, our obligation ¾along with our creators comrades of the literary fiction¾ is to unmask the millions of obviously false words and phrases that they « sell » us like obviously true.

As in the case of the so recited « human rights », our subversive, scandalous, proper of madness -for the « correct politically » world- moral duty is to denounce the now extended and normalized, to an unbearable level, « defense of the ambiance ». No ! We reject this flag when, today as never before, is hoisted until the sky by the same that systematicallydepredate the planet.

We also reject the rest of the black flags of the twenty-one century pirates. These flags don’t show now a skull with two traversed bones. In a grimace of pure lie, they show us the faces of pretty or fascinating young girls, depending on circumstances. Faces through they sell us a car, or the ingenuous belief that the only important thing for these international, national and multinational Murders is our blessed ¾but in fact disdained by themselves¾ Mother Earth. .

Pharisees ! We, the poets of the world, take as an example the Christ of the gospel and will go together with the Peoples when they wake up, and cry « Enough ! », and expel the merchants from the Temple.

The Temple of de twenty-one century does not be now in Jerusalem : is the Mankind itself chained and used like rusty ivy. « Enough ! ». Enough of human beings damned and grateful for their submission to the shadows.

15. We, the poets of the world, commit ourselves with the love.

Because we are certain that we do not live now the love in the times of the choler, but the choler deprived of all love. And that through the sex without soul, nor life, nor whiteness that surrounds us -virtual, colorless, odorless and tasteless-, the Eros finished in mere pathetic gesture and forgot all transcendence.

The desire was transfer to the objects of consumption and it was consume by them. It renounced to the delight of the communion of the bodies, souls and minds, and transformed the world in a « no-place » without Eros, with men and women delivered to the consumption of their own loneliness.

We say « Enough ! » to this « today » of the world without Eros, where each « ego » is a monad without windows, and from this monad, nobody can to communicate with nobody. In this « global » contract of purchase and sale where love is merchandise, it has to say ¾once again with Marcuse¾ that the so-called « Sexual Revolution », that finally should liberate us and give us has the happiness, became « Business Revolution ».

The Beauty is our duty.

16. A world without love is a world without poetry. If John Donne, Paul Eluard, Julio Cortázar, Paul Celan, García Lorca, Miguel Hernández, Nazim Hikmet or Robert Desnos could to come back to life in this « barter » century, prolongation and unbeatable overcoming of the previous « barter », they should not write, after all, poems foreign to the erotic nor to the loftiness of love. And we, poets of the world placed in the more dramatic crossroads of two centuries, raise their flambeaus and desperately tray to come back to an erotic world, from and with our Poetry.

17. « They don’t are mortal remains, they are seeds », said Tencha Bussi, in front of the « mortal remains » of her loved man and husband, Salvador Allende.

And we, poets of the world, commit ourselves in the hope, in the celestial struggle and in the sowing. For it may say a day :

* « We have fulfilled. We have ‘killed’, with words, the Murders ».

* « The seeds gave their fruits and they petrified the scythes, for it may not be martyrs nevermore. Never. Never. Nevermore ! ».

* « Behold

Finally

The time of the beings that love. »

[« ... And even thought the flock could lives muzzled, even thought somebody’s should tolerate or maybe should prefer the discretion, he, Socrates, don’t even imagined a world made of silences, a world without the word that wake up, that enliven, that excite, a world where don’t should exists the verses of Homer nor the tragedies of Euripides nor the histories of Herodotus. Don’t imagined a world empty of voices and words, because the word was like the old fire that Prometheus have robbed to the gods ; the word that gave sense to the Human Being an that gave him a sacred aura, almost divine, and without it, he left reduced to a mere wild creature and damned to wander through the world like a shadow. » Ibid.]

Buenos Aires, November 21, 2005

By Cristina Castello & Ricardo Dessau

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