« Pendant les combats à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Knauschke, l’hippopotame du zoo de Berlin a fait semblant de ne plus être là. Il s’est enfoncé dans la vase de son bassin. Quand l’atmosphère n’a plus senti la poudre ni le soufre, il a refait surface. Tout a alors repris son cours : la ronde des curieux et les bottes de foin. Et tout ça a continué à glisser sur la peau épaisse rompue à toutes les avanies. »

Phase pénultième du labyrinthe. Mais pour en arriver là, le lecteur sera poussé dans les marges de notre monde, ceci afin de bien voir ce qu’il s’y passe et ce qu’on représente pour lui. La langue doit beaucoup aux miroirs. Pas étonnant que les illustrations, toutes en vis-à-vis, s’imprègnent de cette poésie et y laissent leurs traces d’encre et de surfaces. Du lever de rideau à la fin, le spectacle, tant sonore que visuel, est d’une exceptionnelle qualité. Et la sortie du théâtre est comblée de ces influences que la mémoire retient comme la relation d’un voyage certes incertain, mais inévitable. PC

« Le fruit de ce qui fut. »

Au point de rencontre de la Nature, qui impose ses horizons et ses figurations, et du Temps que personne, pas même par écrit, n’a encore fait reculer. Quelle écriture ! Mille romans s’y retrouvent. Pas besoin de musique, la voix s’offre ou exige, selon que le vers, tout en strophe reçu et renvoyé, saisit, scrute, se souvient, recommence, veut ou ne veut pas. Une expérience aux limites d’une existence qui, sans s’avouer vaincue, décline ou se fond, comme la métaphore du soleil. C’est de la chair dont il est question ici. Et avec art et clarté due aux exigences du trait. PC