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"Roland Nadaus, L'Amour ça brûle, mais ça illumine" - par Jean-Paul Gavard-Perret
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 Article publié le 3 septembre 2023.

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in lelitteraire.com

"Roland Nadaus, L’Amour ça brûle, mais ça illumine" - par Jean-Paul Gavard-Perret

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Commentaires :

  Jésus et le marxisme, petit tour d’horizon par Jean-Michel Guyot

Histoire de se rafraîchir la mémoire :

Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l’homme fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. C’est la réalisation fantastique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.

Il faut représenter chaque sphère de la société allemande comme la partie honteuse de la société allemande ; et ces conditions sociales pétrifiées, il faut les forcer à danser, en leur faisant entendre leur propre mélodie !

*

D’ici, on ne verra jamais les choses qu’à travers une vitre épaisse, certes transparente comme sait l’être le verre poli mais qui a le gros inconvénient de ne laisser passer ni sons ni odeurs, les cris des suppliciés comme les hosannas, les odeurs de sainteté mais aussi l’odeur âcre des fagots en flammes dans lesquels se consuma la mémoire de sorcières immolées au nom du dieu d’amour.

On ne bouffe plus guère de curés de nos jours parce qu’ils sont devenus quantité négligeable ; il est d’autres servants du dieu unique, autrement plus présents et agressifs dans nos sociétés décidément très accueillantes avec les prêcheurs de haine, qui, dans leurs prêches, incitent quelquefois de bon cœur à la détestation acrimonieuse et pleine d’un ressentiment inhérent à leur foi ou même franchement à l’action violente contre les mécréants, juifs, chrétiens et athées mis dans le même sac rempli d’orties ou de clous, selon l’inspiration du moment.

On dirait les chrétiens devenus doux comme des agneaux, inoffensifs au possible, alors qu’ils furent si impérieux dans la propagation de leur foi, si hargneux et si cruels du temps de leur règne.

Ceux qui nous servent le dieu d’amour n’hésiteraient pas à nous massacrer, s’ils en avaient le pouvoir, j’en reste convaincu. Nietzsche l’a dit avec force bien avant moi.

La foi en l’immortalité de l’âme et l’espérance en la résurrection des corps n’est pas à ma portée ; pas plus que l’élan révolutionnaire dont je conçois parfaitement les raisons profondes et légitimes mais dont je dénonce les excès dogmatiques et les atrocités auxquelles il incline avec bien trop de facilité pour être tout à fait « honnête ».

Sommes-nous à la « fin d’un cycle » ou au milieu du gué ?

Je ne vivrai pas assez longtemps pour le savoir. Je n’irai pas jusqu’à dire : Après moi, le déluge !

Mon seul bréviaire est ce pauvre et bien pauvre Vivre et laisser vivre dont presque tout le monde se fout, des carnivores humains qui ne supporteraient pas une minute d’être immergés dans un abattoir aux « violents » de tous bords et de tous poils qui pourrissent la vie de l’humanité depuis la nuit des temps, et ce, depuis au moins l’invention de l’imprimerie, en nous racontant de belles histoires édifiantes propres à nous galvaniser et à nous déculpabiliser, à nous préparer à commettre toutes les abominations possibles et imaginables au nom (du bien) d’une race, d’une religion ou d’un parti. Foutaise que tout cela !

Nous sommes quelques-uns à ne croire ni au bon sauvage ni à l’homme nouveau ni au baptême.

Je n’ai d’yeux et d’oreilles que pour les diverses religions shamaniques - sans en pratiquer aucune - qui survivent dans le monde à l’ombre des soi-disant « grandes religions » que je vomis.

A moins, à moins que le dieu de Moïse ne m’appelle un de ces quatre matins…

La confusion la plus grande règne en ce début de siècle, et j’en suis le fils bâtard, pas mécontent de l’être.

*

Lisant avec intérêt la touchante chronique que Jean-Paul Gavard-Perret a consacré au livre de Roland Nadaus intitulé L’amour, ça brûle, mais ça illumine, je me surprends à lire la Contribution à la critique de la philosophie du Droit de Hegel que Marx publia dans les Deutsch-französische Jahrbücher les 7 et 14 février 1844 à Paris.

Il y a un abime entre le livre de Nadaus commenté par Gavard-Perret et le texte de Karl Marx qui n’était pas encore marxiste en 1844, du moins au sens vulgaire où on l’entend généralement, c’est-à-dire depuis que le funeste léninisme a posé sa patte d’ours sur le philosophe et économiste, ainsi « sonné » et sommé de servir à l’édification, dans les deux sens du terme, de la patrie du bolchévisme qui, durant sa trop longue histoire, s’est rendue coupable, tout le monde le sait désormais, de crimes de masse abominables au nom de l’homme nouveau.

Les marxistes-léninistes se survivent, bon an, mal an ; il y a fort à parier qu’ils survivront encore longtemps, tout comme les chrétiens ou les nazis se survivent, chacun à leur façon, chaque idéologie trouvant encore des adeptes convaincus d’être dans le vrai, le bien et le juste.

Religions et idéologies politiques de substitution s’organisent autour d’un corpus doctrinal plus ou moins bien défini qui mute en s’adaptant aux rigueurs des temps. Qu’ils aient pignon sur rue ou fassent profil bas en attendant des jours meilleurs importe peu.

Le livre de Nadaus semble être celui d’un être de paix, celui d’un homme apaisé qui a trouvé la foi, s’en repaît sans ostentation ni coquetterie, et en partage les lumières avec qui le désire.

Il va de soi que la critique marxiste me paraît plus pertinente que jamais à une époque où l’on parle à l’envi de retour du religieux pour s’en plaindre ou s’en féliciter.

La fortune du christianisme, ecclesiola juive persécutée, devenue rayonnante et conquérante ecclesia par la volonté politique d’un empereur romain est ineffaçable, tant l’empreinte, qu’elle a laissée dans les consciences, les Arts et les Lettres, l’architecture et jusqu’à l’organisation de la cité, est forte. Il n’est que de se promener de village en village comme je le fais pour mon bonheur pour voir apparaître partout les stigmates laissés par l’ancienne religion dans le paysage humanisé de nos pagi.

Comme on dit, on ne refait pas l’histoire mais on la fait, ce qui implique un saut dans l’inconnu, à nos risques et périls, les horreurs perpétrées en Europe depuis au moins le seizième siècle qui « apporta » la Réforme protestante - ils voulaient bien faire, les bougres ! - jusqu’à nos jours attestant la validité du beau proverbe qui nous dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

La bonhomie de nombreux chrétiens - si l’on excepte les intégristes monarchistes et antisémites - paraît chose acquise mais il faut se méfier de l’eau qui dort…

La lecture du texte de Karl Marx, si plein d’assurance, ne laisse d’inquiéter rétrospectivement ; Marx, bien entendu, ne pouvait prévoir les avatars de sa pensée au vingtième siècle, pas plus que Jésus Christ ne pouvait savoir à l’heure de sa mort quelles tournures prendrait son enseignement (choix des textes canoniques, évangiles « apocryphes », rituels et sacrements, etc…) ni à quelles horreurs s’autoriseraient certains hommes au nom de la préservation de la foi.

Marxisme et christianisme me semblent être tous deux dans l’impasse pour de nombreuses raisons fort différentes selon qu’on interroge le devenir malheureux du marxisme ou l’histoire mouvementée de la chrétienté dans son ensemble.

Il reste des figures émouvantes qui traversent le temps : Saint François d’Assise, Rosa Luxemburg, en ce qui me concerne.

 

Jean-Michel Guyot

8 septembre 2023


  intéressé mais surpris à la gorge ! par ROLAND NADAUS

Votre commentaire d’un commentaire sur mon livre "L’amour ça brule mais ça illumine" m’a intéressé. En même temps il m’a désagréblement surpris lorsque vous écrivez "tout comme les chrétiens ou les nazis se survivent" : c’est faire une étrange alliance . Et offensante pour les chrétiens qui furent Résistants, sacrifiés dans des camps pour sauver d’autres vies, etc. C’est même assez dégoûtant si vous osez vous relire. Et n’invoquez pas la trop commode "idéologie" svp ! Je supoose que vous avez un minimum de connaissances historiques, en-dehors des livres "idéologiques". A moins que L’Archipel du Goulag" de Soljenitsyne dont nous célébrons le cinquantenaire dans l’horrfeur d’un totalitarisme renaissant avec Poutine ? Ou bien que vos connaissances débordent votre conscience ? Quant à mon livre, bien éloigné de cela je me ferai un plaisir de vous l’adresser si vous m’écrivez où. Par contre, pour le sujet que vous abordez si péremptoirement, vous pourriez acheter (oui) mon livre : "Le miroir amnésique"ED. Henry). Et puis j’aimerais mieux vous connaître avant de savoir si je doive poursuivre cet échange. Fraternellement, oui.


 

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