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Lune
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 Article publié le 14 septembre 2004.

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Lune
( dialogue entre deux amourants)

" - Vois-tu cette lune immense ? "
On la fouille vainement.

Va devant toi. Vois tes yeux fermés,
envahis, obstrués de couleurs.


" - Vois-tu cette lune menaçante, accourant vers nous ? "
On la fouille vainement.

Va devant toi, vois tes yeux ouverts, envahis,
obstrués de couleurs.

Telle une muraille en paille, toi.
Tu chancelles quand je respire
tu t’es dissipes si je réfléchis
puis revenant secrètement à l’état
d’une aimable urgence
tu promets monts et merveilles
tel un bout de pain bis et sec
dans les trous duquel
les mites se reproduisent et meurent
en toute tranquillité.

Vois-tu la forme de l’oubli ?
Et les lumières qui l’apportent ?
Pourquoi les astronautes bien dressés,
instruits à marcher la tête en bas
ne rebroussent presque jamais leur chemin ?


" -Vois-tu qu’ainsi je ne te vois plus, tandis que toi,
tu m’attends, mite affamée de farine, m’appelant,
me cherchant à l’aveuglette dans les rayons de la lune ? "


Perdant la vue, tu dois savoir plus que tu ne vois.
Si tu m’entends, tais-toi, et que tu saches, tais-toi !

" -Tes mites-papillons, tes idées en vers, tes rêves de païenne !
Et mes trucs de quoi et quand se feront-ils ? "

Je grimpe sur mon propre dos, tel l’oiselet blanc, sortant du
même oeuf que le grand oiseau noir.


Un jour, je volerai aussi bien qu’eux.

Vois-tu cette lune ?

On la fouille vainement,

L’espace qui n’est pas lieu est une abîme dans le temps,

Le temps a son point d’ébullition dans tout désir ardent.

On a vainement fouillé mille fois dans la lune :

Que des pierres oublieuses,

Va-et-vient des Petits Princes vétérans

dans le langage volcanique des vallons en pagaie.


Un jour, je deviendrai tout ce que je veux et la lune.

" - Laisse tomber, retourne,
prends de l’âge. Avant d’être vieille,
téléphone-moi, les vieilles voix rendent les voyages manqués
à l’oreille qui les écoute. "


Un jour, je ne mettrai plus mes chemises jaunes à la lune.


 " - Laisse tomber, déshabille-toi,
je t’embrasserai, tu as froid.
Pas plus Exupéry que son Petit Prince,
nul ne revient de son errance voulue.
Souffle sur moi, embrase-moi,
sois ma transpiration nocturne ! "

Stuttgart, le 27 juin 2004
 


Coquelicots

Motto : "Vois-tu cette lune immense ?"
 (S.)

Poser des questions à ce monde, né lui-même d’une question, savoir par avance que toute réponse n’est qu’une autre question, questionner en questionnant la question, et que la question te répond par ce que tu questionnes, tel un écho de syllabes qui tout en se propageant distance l’appareil locutoire justifiant la direction par l’attente même de la non -direction ou par celle de l’appareil récepteur de hasards.

Mais non,
en position de soleil gris-jaunâtre,
le rayon qui tient place à ta vue
ce n’est que la cigarette que tu fumes.

Pauvre aveugle, beau et sourd,
souffrant pertes de nuances catastrophiques,
le soleil ne se réveille pas et ne se couche pas à la même minute,
ta perception n’est que de la volonté avant tout, de la volonté après tout.

" Et le ciel que je vois ? Pourquoi vibre-t-il ? "

Tu as grimpé sur dieu sans l’avoir aperçu,
et tu sanglotes comme une cloche d’église sous la lune.

Écoute, ni le ciel ni dieu ne se réveille et ne se couche à la même minute,
ta perception n’est qu’une machine à coudre l’inquiétude.

" Et le dieu que je vois ? Pourquoi tremble-t-il ? "

Écoute, on ne peut pas t’inculper maintenant,
aveugle, sourd, ankylosé dans ce silence,
une étoile noire sur la bouche, on le fera plus tard.

Va-t-en, ton ciel est en bas,
où dans la boue frémissent mille étoiles,
pétales de chardon aux yeux de lynx.

" Et la barbe du dieu duveteux ? Pourquoi me fait-elle des crocs-en-jambe
si je te cherche ? "

Et la barbe du dieu duveteux
dans laquelle les gouttes de sang dansent et dansent :
premier né, premier mort, deuxième né, deuxième mort,
n’est qu’un rituel de la fièvre calmante.

Va-t-en, mon ciel est trop haut
et si tu y montes tu tomberas en sens contraire,
flottant comme un ballon d’essai.

" Et les coquelicots que j’ai cueillis pour toi ? "

Ok, vol en piqué, viens dans " je ne t’attends pas ",
 je t’attendrai sur la lame d’une scie en fonte,

on va profaner tes yeux blancs,
tels deux myriapodes hypocrites,
faisant des façons avant de percer la pomme.

" Et toi que je trouve filtre au monde ?
Pourquoi as-tu du sable fin dans la parole ?
Me prends-tu pour un homme liquide ? "

ssssttt

 tout mot " homme " force la serrure du mot " femme "
et dieu n’est pas en forme aujourd’hui,
il a perdu son frac blanc dans tes marécages...

sssstttt

sinon il te contraindra à dire la vérité
et alors, alors... ?

" Et le soleil qui fait la queue à la lune ? Pourquoi risque-t-il ? "

Enfant aveugle, perdu par des aveugles,
enfant sourd, perdu par d’autres sourds,

toi, premier né de l’absence,
je te tirerai en clous à l’eau
(dans mon ciel l’eau est inverse,
que des sons : u, a, e
u ultime, a abandon, e égoïsme ou élimination),

je te pousserai sensuellement vers le bord de la marge,
ne te tourmente pas pour si peu,
comme la langue de la cloche

 
pénétrant ma bouche

contre ma bouche sablonneuse

tu te heurteras agréablement

en arrière-en avant, en arrière-en avant,

tu t’allongeras dans mes oreilles
comme dans un sanctuaire optimiste,

telle une flèche, tu tomberas dans ma chair
je te jetterai en avant-en arrière,
en avant-en arrière,

bon voyage !

tu parleras sur l’oubli avec des détails de
lèvres arrivant à bon port

en avant-en arrière, en avant-en arrière,
avec des détails de lèvres,

tu ramperas en ligne droite,

tu flatteras mon cœur,
t’accrochant à l’air qu’il dégage.

Être ce monde en soi et n’avoir personne au dedans. Te répondre à toi-même en ricochant la question, te laisser emporter par ce phénomène qui vibre continuellement et dont tu ne connais ni le pourquoi ni la direction ?! Et dans cette direction de nulle part vers ailleurs, surtout en ligne directe ou en pleine courbe, avoir la révélation que les sons ne composent pas une vérité, mais bien ces codes de langages ou ces routes électro-acoustiques, du manque de la logique langagière. 

" Rodi viens, rodi viens ! "- tu m’appelleras pour la première fois.

Chéri, voici l’ascenseur d’images, allons-y,
je farcirai ta bouche à la lune .


Stuttgart, le 10 juillet 2004

 

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