dépression 10 : tu n’es plus la simpliste
qui trouble mon oeil étroit
et le décor absent lorsque
le monde danse
tango
parmi les tables au
vin blanc et rouge
sur le rytme de la radio fatiguée
tu n’es plus
la banale histoire du
génie raté
quand le rire jaune crétin innonde la pièce
ni
l’homme-orchestre au
festival des cons
déguisés
ni
la femme fatale
confondue avec une pute de
banlieue
ou bien ce que
ma pensée primitive
cherche déserperément
parmi les misères quotidiennes
tu n’es
le sourire caché dans
des souffrances conjugales trop
facilement acceptées
et je connais très bien pourquoi
l’âme trop plein pour
des activités dépourvues de sens
et je ne peux pas
te sentir
tout près lorsque
tu n’es plus
dépression 8 : posters brillants sur
des yeux poussiéreux
lorsque le chat
parle avec
moi de
la salle de bains et
tu fumes désespérément
de cigarre et
soupires parce que
la peur est trop forte pour qu’elle
ait du contour
dans une pensée
lorsque
dehors il fait le réel
féroce moi
je croque encore une
parole perdue entre mes dents et
j’écoute des dédications
stupides je suis
assez
raté pour
écrire un poème
sur la douleur
que tes seins nus
me donnent
vers le soir
dépression 6 : dans la chambre
des oranges
immenses ce n’est que
l’air qui avec toi
respire
en dormant
le réchaud du chauffagiste
fredonne
say what you want
texas -
et des plaids bleus
cachent ton
âge
vies monacales
tard
les doigts regardent
impuissants
le spectacle
des ombres au
numéro douze
lorsque
tu peins
des dépresions sur
mon épaule
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Dans une note publiée il y a 3 ans dans Cotidianul, je signalais l’apparition sur la scène littéraire roumaine d’un groupe
de jeunes auteurs. Ils n’avaient pas encore publié mais ils avaient un certain sens du "déprimisme" et de réelles
chances de se distinguer. Certains de ces auteurs se sont joints à moi et ont été remarqués par des débuts spectaculaires, nominés et même gagnants des prix de l’Union des Ecrivains Roumains. Leurs poésies sont en ligne sur les site
Respiro, Liternet, Agora online, la Revue de Marti, Asalt, l’Équivalence, Noesis, Nadir
(liste de discussions aux sujets littéraires).
Le phénomène internaute a pris des dimensions incroyables et certains
de ces jeunes auteurs sont aujourd’hui plus connus que leurs maîtres. Des sites littéraires roumains
ont déjà des milliers de visiteurs bien qu’ils aient tout juste commencé. La publication online est plus facile, d’abord du point de vue financier mais aussi
grâce aux avantages liés aux possibilités de diffusion et à la promotion d’une telle
publication. Le concept de déprimisme et ses formes d’expression
méritent quelques explications.
Selon Harold Bloom (Le canon littéraire occidental), on doit probablement commencer avec la description linéaire de la limite du canon occidental, en
revelant ces lignes où la duplicité interprétative du symbole esthétique est suggérée. Mais je ne ferai pas une telle chose,
d’abord parce que la méthode d’analyse du texte littéraire représente essentiellement, selon Allain Vaillant, un axiome syntagmatique insignifiant et
ensuite parce que la limite du canon esthétique occidental est déjà dépassée. Comme Alexandre Leupin
l’a prédit dans son article intitulé La fin du sexisme (paru dans Art
presse en novembre 1999), l’âge du sexisme a commencé à s’effacer et les tentatives puériles de rétablir étaient et seront futiles. Aujourd’hui les gens ne sont
plus impressionnés par l’utilisation d’une langue littéraire dont le niveau
a baissé pour séduire un plus grand nombre de lecteurs.
Le lecteur potentiel d’aujourd’hui est affecté par l’interception d’une réalité de caractéristiques épistémologiques évidentes où il peut trouver les points possibles de congruence qui
peuvent le motiver pour s’impliquer et s’activer.
Il est normal de voir des choses très intéressantes dans le monde de la culture, en faisant partie d’une société
extrêmement dynamique dans laquelle les systèmes informationnels ont violé chaque barrière de communication simple. Il y a des quantités astronomiques de sites Internet et des pages Web littéraires ou
artistiques. Vous êtes connectés de façon permanente aux dernières nouvelles
et vous pouvez communiquer avec tout le monde sur la planète.
Michel Moorcock, le visionnaire de SF, avait soupçonné il y a quelques années ce qui
vient juste d’arriver dans ce secteur. Les minimalisme, runisme, biographisme,
nonmetrisme, textualisme et particulièrement le déprimisme sont des pensées
qui cherchent à déchiffrer d’une façon ou d’une autre les principes de base du canon occidental.
Le déprimisme est une tendance littéraire ayant son origine dans la new wave ;
il est caractérisé par une approche thématique d’une réalité basée sur la suppression du concept d’individualité et l’incarcération
dans un système mondial destructif et restrictif. [connexions multiples avec le
dépressionism français et le néo-réalisme américain.] Délivré de la nébuleuse d’une certaine fiction prémonitoire, le
déprimisme réussit à se distinguer par sa force de résistance aux valeurs du système avec deux options principales :
a) Élitisme - et la migration du texte littéraire dans un micro-univers de type éclectique ;
b) Mercantilisme - et l’option du lecteur à lire des textes aucune valeur littéraire.
La théorie formaliste de la langue poétique prouve l’évasion de la fonction poétique
au-delà du domaine de la poésie, y compris chaque discours, chaque texte de prose ou
en vers, reçus comme un message littéraire, prouvant que l’on peut découvrir la littérature partout, dans chaque
espèce de texte. Il est clair que personne ne peut contrôler la valeur de tout qui se passe, sur ce territoire artistique immense.
Néanmoins... La poésie déprimiste n’est pas une essence, n’est pas une matrice localisée dans un certain secteur de la poésie, mais la dispersion de la diffusion d’espaces
égalise sa surface, y compris quelques éléments du minimal, qui est compatible avec chaque expérience humaine et selon l’existence de quelques contextes augmentés par le composant expérimental poétiquement contrôlé par un auteur.
Les significations latentes explorées dans les mots ne devraient pas seulement
positiver le potentiel d’utilisation des formules poétiques et métaphoriques. Le
déprimisme propose comme concept minimal de s’adresser à une réalité difficile/dynamique/douloureuse qui soumet l’individu par
l’absorption. Cette critique de la forme envisage la forme par rapport aux obstacles anti-forme
dépassés, la forme dépassée de l’informé, donc par rapport aux éléments sans esthétique réelle transformés en matériels de l’imagination esthétique ..
Le déprimisme a l’intention de surpasser la sphère du lyrique traditionnel et
d’inclure dans l’idée de métaphore tous les transferts achevés de termes et
de structures visionnaires, affirmant que nier le traditionalisme est un argument
pour la croyance ad litteram dans la capacité mythique de la langue poétique de contenir sa propre signification .