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 Article publié le 12 mars 2017.

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Marjolaine s’est presque fâchée avec Cristal. Cette mauvaise habitude du compagnon d’Emaus de ne pas croire que son François soit encore en vie. Cette obstination pour lui conseiller d’oublier cet amour désormais impossible. Ce rabâchage, en contant maintes fois une loi imposée par Yahvé. Jamais un juif ne pourrait concevoir de se marier avec une femme devenue incapable de lui procurer la descendance. Un discours finissant par décourager une femme qui par sa nouvelle vocation nécessite plus d’entrain, plus de positivisme.

 Pendant quatre années durant, à chaque opportunité, profitant des rares moments d’accalmie laissés par des études éprouvantes, ils se sont tous deux retrouvés dans d’interminables discutions et la lassitude a altéré peu à peu leur étrange relation. Désormais chaque fois qu’Isidore ouvre la bouche pour parler, ne sort qu’un sempiternel discourt qui ennuie. Impossibles répétitions, trop souvent d’incompréhensibles paroles. Même si l’homme est de bonne foi, et, bien qu’une minuscule voix intérieure susurre que la raison est de son côté, le langage peu ordinaire de homme ne pénètre plus un cerveau qui ne pense qu’à demain, où après-demain, qu’au plus beau jour de sa vie, celui où elle retrouvera un visage resté gravé en sa mémoire. Un si merveilleux sourire complice qui l’a aidée, portée, dans des moments impossibles. 

 4 juin 1956.

 Le général De Gaulle se fait acclamer par la foule des Pieds noirs à Alger. L’homme de la France libre, le sauveur de la nation est venu pour résoudre tous les problèmes, rassurer les compatriotes d’outre-Méditerranée, arrêter la violence, et également promettre aux autochtones musulmans qu’ils seront désormais considérés comme de vrais citoyens, des Français enfin à part entière. Omettant hypocritement de dire que dans le passé, jamais ils ne le furent.. Le discours passe, la multitude l’ovationne mais le grand homme réaliste sait déjà qu’il ne pourra tenir ses promesses. Des premières prises de contact sont déjà établies secrètement avec les dirigeants du FLN. Sans qu’elles soient de véritables négociations ; l’intransigeance des insurgés reporte les possibilités pourtant souhaitables de paix à bien des années encore.

 

  Toujours le 4 juin 1956, Boston. Dans l’arrière aparté d’une salle de jeux clandestine, Ibrahim Bernheim rend son âme au diable. Un homme de main de douzième catégorie vide le chargeur d’une Simson dans son corps trop enrobé, avant d’être à son tour abattu par un prénommé Gust. Sans avoir connu son possible héritier lyonnais, Toad Smoker passe le relais au "cousin". Un minus qui ne gardera pas longtemps le flambeau du pouvoir.

 

 Très loin de Boston, un soi-disant Franck Berheim crapahute toujours sous l’uniforme des Marines. Il a brillamment obtenu le grade de…caporal. Depuis longtemps il a fait une croix sur son rêve Bostonien. Il a survécu à de nombreuses batailles dignes d’un Verdun à moindre échelle et s’est fait une spécialité, insoupçonnable heureusement de ses compagnons de carnage. Il rapporte soigneusement tous les dires, les commentaires anti guerriers, anti politiques ou anti patriotiques, toutes les hésitations face au danger à un officier du renseignement militaire...Un lieutenant lui-même œuvrant secrètement pour une CIA voulant avoir des nouvelles objectives du front coréen. Loin de la version officielle, de ce que les hauts gradés transmettent avec abondance.

 Ce caporal farouchement anti communiste, qui sort miraculeusement de toutes les situations devrait constituer une recrue de choix pour un service d’espionnage inhumain et sans scrupule.

 Quelle que soit la moralité du bonhomme ! Après tout, à la fin de la guerre, des exterminateurs nazis ont bien été blanchis puis enrôlés pour servir l’Oncle Sam. Ils commencent à sévir en Amérique du sud pour déstabiliser les pouvoirs en place et combattre des vilains méchants rouges aux prétentions dangereusement révolutionnaires. Mais tout ceci ne sont que des rumeurs, des bruits qu’un officier sain d’esprit ne doit pas prendre comme argent comptant, et surtout de ne pas colporter.

 Franck Berheim, le seul Marine de la toute puissante Army à ne jamais avoir foulé le sol Américain, va enfin connaître le bonheur de cette terre des miracles. La patrie de l’argent roi. Ce que qu’il ne peut soupçonner, c’est que la Central Investigation Agency saura bientôt tout de lui. Y compris ce que lui-même a effacé de sa mémoire avec une tenace pugnacité. Rien de fort joli !

 -A moi l’Amérique ! Je veux tout connaître !

 

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