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Article publié le 9 juin 2006. oOo 15
Un siècle disqualifié a fini son parcours et toi, Pablo Neruda, tu es de retour à Isla Negra, ton belvédère sur le Pacifique, à quelques encablures de Valparaiso. Tu t’ennuyais ferme à Santiago. Depuis que tu es rentré chez toi, tu surveilles l’océan d’une barque de pierre grise à la proue tournée vers le large. Mathilde, ta dernière épouse, est avec toi devant la maison, sur une herbe grillée d’embruns. Ce refuge de l’Île Noire, tu l’as bâti de tes mains, Pablo et tu as fait poser, près d’un massif d’azalées bordant le sentier qui conduit au rivage, une ancre marine d’au moins trois mètres de haut. Le plus étonnant de tes « jouets » reste cette locomobile à vapeur qui trône sur le terre-plein entre la palissade de rondins entourant la maison et le bâtiment principal. Tu l’avais fait venir - Dieu sait comment ? - d’une province du sud. Dans ton livre les Pierres du Chili, tu avais écrit « Cherche ici, cherche-moi car je reviendrai ici sans rien dire, sans voix, sans bouche, pur, je reviendrai ici être le mouvement de l’eau, de son cceur sauvageon et je serai ici perdu et retrouvé : ici peut-être serai je pierre et silence. » Devant l’océan gris où planent des pélicans, j’entends ta voix de sel, Pablo. |
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