A la route arrimer les maisons
Comme les bateaux allés à la mer sans commencement ni fin
Et j’ai faim de toi, si tu savais, pierre à mâcher
Je te troque sans remords aucun pour la pierre à fusil, le vin et la débauche
De la route faire un océan tortueux
Du cœur si lent à venir, si lent à battre
De cette tortue marine faire un flot torrentueux
De ce flot torrentueux un tueur, puis une torture lente à se refermer sur elle-même
Folie des jours qui n’en peuvent plus d’être asservis à la louche lumière
Faiblesse des jambes, torses bombés, proue céleste, obscène,
Proue qui a le mal de mer
J’ai le mal de mer
Je veux la mer du mal,
La sombre aisance du couteau luisant dans la plaie béante
L’élégance du couteau-éclair qui plonge dans les plaines
Ravages dans le ciel
Carnage sur terre
Le désastre module les cris du monde
Le monde apprend à chanter
Derechef en perd la tête
L’entêtant élan se mesure au néant qu’il désire,
Combat avec l’ange,
Bat la mesure
La mesure qui pulse dans les jambes
Les jambes qui ne bondissent pas, ne courent pas, ne portent plus,
S’affolent, éclatent, ensanglantent les routes et les maisons
Bataille sans plus de mots pour la dire
Bataillons sanglants de mots lancés pour rien
Eclaboussent d’une lumière jamais assez sale
La divine figure
Exit le branle acide du joli, du tendre
Voici venir le vent qu’on éventre
Entrailles puantes jetées en vrac sur le lit de la belle poésie
Solennité du vide qui n’accable pas,
Exalte, exulte
Dans un cri sans fin
Jean-Michel Guyot
11 juin 2014