ABRAHAM
Âmes scellées au crépuscule du matin
tu laisses
Isaac pris avec toi
ta tente
sous le regard de Sara
qui te regarde
pour te perdre de vue
descendre la vallée
&
Demeure quittée
tu descends
sous le regard de Sara
en silence
yeux fixés au sol
dans la vallée
&
Monté des vallées du quotidien
pour échapper à l’atteinte du temps
tu vas
frontières de la morale franchies
toujours à l’extrême
tu te sens mené
éveillé du songe de la vie
vers les régions nouvelles inexplorées
&
Vivant
avec le courage de la foi
hors du réel
tu te présentes
assassin à venir de ton fils
devant les juges
comme le plus misérable des hommes
&
Sans crainte
mis à l’épreuve
du jugement des hommes
tu te détournes
audacieux dans la foi conservée
de la raison
tu ne renonces pas
couteau brillant entre les mains
à Isaac
&
Angoisse
Détresse
dites dans le taire des hommes
tu penses
en vertu de l’absurde
que ce qui doit arriver
mouvement de la foi fait
ne peut arriver
&
Holocauste préparé en silence
tu tires le couteau
pour voir
enfin
le bélier à sacrifier
pourvu par Dieu
tu deviens
exigence de Dieu non oubliée
le vieillard qui voit
joie enfuie à jamais
Isaac continuer
&
Grand dans l’énergie
qui repose sur ta faiblesse
Grand dans la sagesse
qui côtoie ta folie
Grand dans l’espoir
bordé par ta démence
Grand dans l’amour
qui dit la haine de toi-même
tu es
le plus grand des hommes
JOB
Retiré
de la vie des splendeurs de la terre possédées
tu restes
plaies du corps grattées
assis
malheur et honte avoués
dans la cendre
&
Amené
fléchi vers la mort
à l’impossibilité de vivre
tu sais que pour poursuivre la route
sous la lumière perdue dans l’excès de lumière
il faut que Dieu existe
&
Resté
raison reniée
ferme
à toutes les remontrances des amis consolateurs
tu hurles
contre le pouvoir
qui enlève honneur et fierté
tu dis
les douleurs et les souffrances
plus lourdes sur la balance que le poids du sable de la mer
&
Libéré
épreuves inouïes envoyées
dans la lente douleur
tu descends
menacé de tomber
dans les dernières profondeurs
de l’abîme senti plus bas que les racines du monde
&
Vieille ruine affaissée
tu contemples
tes amis non remués
ton cri de douleur
devient de plus en plus violent
ta réflexion
s’approfondit dans la souffrance
&
Orage dans l’esprit
dans le peu à peu
espérance évanouie
de la perte de tout
tu ne te courbes
ombre prisonnière traînée
jamais
&
Job
aux trois filles
aux 7 fils
tourmenté
tu refuses
plainte élevée
la justice de la providence
inventée par les hommes raisonnables
&
De nouveau
obscurité levée
toi-même
tu reçois
excepté tes fils
tout en double