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Article publié le 13 avril 2014. oOo L’orage gronde, lointain, dans les harmonies basses que tu pars chercher dans les tréfonds de ton souffle amoureux. Faveur des hauts bois qui frissonnent dans le partage du souffle. Tu ne sais pas encore où t’emmènera cette mélodie entêtante qui halète sous tes doigts, tandis que ta bouche souffle dans l’instrument, cherchant l’accord majeur des vents et des bois. C’est comme si un souffle venu de la mer touchait l’épaule des forêts de frênes, là-bas, tout là-bas en Scandinavie. Puis, virevoltante dans l’air amoureux de ta présence, ta musique se fait roseau chantant qui ploie sous le vent dans l’espace frissonnant de ses dissonances. Un lac tranquille s’étend qui a nom musique. L’espace ainsi ouvert par le souffle amoureux de tes inflexions déploie ses mélismes à la recherche du mode juste qui dira enfin ton amour. Un geste de toi, et tout s’anime dans la rondeur câline de la mélodie que tu taquines à l’envi du bout des lèvres. La profondeur de la flûte partie à l’aventure sur des chemins de traverse, rencontre, bondissant, le chant suave de ton hautbois fervent. Fraîcheur du hautbois et chaleur de la flûte mêlent leurs timbres, et c’est alors, pour de longues minutes délicieuses, une explosion lente de bleu tendre et de jaune éclatant, de velours vert et de tentures carmin dont toutes les nuances tremblées, comme apaisées, passent dans le vêtement délicat de ton amour. A cette nuance près, qu’alors, alors seulement, l’hiver des notes grêles épouse gaillardement les saveurs d’automne du basson goguenard. Dans un sourire de connivence, il résonne jusque dans l’été savant des cordes frottées qui bruissent à l’unisson. Tout un printemps, maintenant, veille sur tes fleurs de bouche qui s’épanouissent au-devant de l’amitié renaissante. Toute ta musique, en une seule poussée de sève, vient à sauver de l’oubli la justesse des émotions enfouies et le clapotis imperceptible de sensations retrouvées qui se font délicats pétales de roses rouges et blanches sous la caresse profonde de ton souffle mesuré. Les rayons du soleil grésillent sous tes doigts amoureux. Ta peau laiteuse brunit ; ta chevelure blondit comme blé au soleil dans le champ fertile de tes écoutes. Basso ostinato, l’orage gronde, encore lointain, dans les harmonies fécondes que tu pars chercher dans les tréfonds de ton souffle amoureux. Pluie de notes fécondes qui ne ravage pas la lande de tes rêves, ondée amicale qui te prend au corps, perle sur ta nuque, descend, dans un frisson d’orage d’été, le long de ton échine, pour venir inonder la plaine heureuse de tes cuisses, voilà que, toute entière musique désormais, tu deviens cet éclair durable qui zèbre l’infini de la mélodie renouée que tu relances inlassablement dans la décision tendre que tu imprimes savamment aux moindres pulsations qui monte de ton instrument chéri. Tu aimes comme tu joues, tu joues comme tu aimes. Joue à joue avec l’infinie tendresse du proche-lointain, ta mélodie danse sur tes notes perlées. Ton souffle continu est capable des staccatos les plus délurés, il soulève ta poitrine émue. Ta fantaisie rythmique n’a d’égale que ta verve sonore et l’ampleur de ton jeu rappelle le chant des vagues de la mer sillonnée de cris de mouettes. Comme il est doux, le cliquetis des dés jetés sur le velours de ta chance ! Tu ne laisses décidément rien au hasard dans ce va et vient de l’inspiration brouillonne qui se discipline joyeusement sous tes doigts ductiles. Les yeux grand ouverts, tu fouilles le ciel ouvert par la respiration de ta mélodie. Le labyrinthe devient feu follet sous tes doigts d’amoureuse. S’échappe alors un accord majeur qui résonne dans l’espace à venir de notre entente. Tout danse dans la vertu renouvelée. Et tu laisses aller ton amour, souveraine, là où te guide l’âpre bonté des mélodies que tu aimes. Jean-Michel Guyot 31 mai 2012 |
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