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 Article publié le 23 février 2014.

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Sous une pluie battante, l’horizon n’a pas d’importance. Seuls comptent la destination, le but à atteindre, la cible à toucher. On roule, on roule, les yeux rivés sur la route, pressé d’arriver. Flèche mouillée, arc bandé dans le froid, la chasseresse chasse sa tristesse, se concentre sur la proie humide. Le marin garde le cap, fend les flots. Ainsi va. La pluie annule les paysages.

La neige les enveloppe sans les habiller, comme si la neige immaculée tombée durant la nuit avait surgi de terre. Règne alors un silence sans précédent. C’est la minute du monde sans les bruits du monde, une suspension gracieuse de l’air froid qui vibre trop peu pour que notre oreille, si fine soit elle, perçoive quoi que ce soit, comme si les yeux écoutaient, sans qu’il n’y ait plus rien à entendre.

Un bruit sec casse le silence. Une branche morte a craqué là-bas, là-bas, mais où au juste ? C’est le signal pour avancer dans la poudreuse. A nous de faire du bruit. Les raquettes s’enfoncent dans la neige qui hésite encore à se fixer. Pas un poil de vent, mais notre marche qui dérange le silence. Il faut trouver le point d’origine du bruit suspect qui indique une présence. Nous n’étions pas si seuls que cela. Que va-t-iladvenir maintenant que nous empoignons le silence ?

Sous un soleil radieux, le paysage déploie ses charmes. C’est l’infini des suggestions dans la finitude heureuse. Les pas ne sont pas lourds, ne comptent pas plus que le paysage. Pas et paysages définissent un équilibre circonstancié, tendent à ne faire qu’un. Jamais le paysage ne fait face. Il se dérobe toujours, tout en dévoilant ses charmes nombreux. Tout à son allégresse, le marcheur n’a pas de prise sur lui.

Le marcheur découvre alors qu’il est son propre horizon dans cette quête de rien qui anime ses pas. Pas de Graal, pas de vérité ultime au bout du chemin qui annulerait la découverte de soi dans l’immersion totale que le traverse. Chaque pas qui le rapproche de lui-même, l’en éloigne aussi bien. Le marcheur fait avec, ne devient que ce désir de marche qui le propulse sans fin au-devant du paysage.

Jean-Michel Guyot

9 février 2014

 

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