Que se passe-t-il en ce début d’année -49 à Rimini, ville qui donne sur la mer Adriatique ?

Depuis son succès en Gaule, César est devenu un dieu pour la plèbe … et un rival insupportable pour l’autre général, Pompée. Quant au Sénat, il est conscient du crédit croissant du vainqueur des Gaulois qui peu à peu, patiemment, sape les derniers fondements d’une république vouée à disparaître.

L’assemblée des patriciens tente de diminuer son pouvoir en lui ôtant des légions. Mais les soldats de César lui sont d’une remarquable obéissance, pour ne pas dire davantage : ils sont d’une admiration sans borne et prêts à le suivre en toutes circonstances. César sent que l’heure est venue d’attaquer frontalement ce qui reste de pouvoir à Rome, et de surprendre, conjointement, Pompée. En compagnie de ses amis politiques, de ses compagnons d’armes et de quelques cohortes, il se dirige vers le Rubicon, modeste rivière qui sépare la Gaule cisalpine de l’Italie. Cet endroit est hautement stratégique puisqu’il s’agit d’une frontière en théorie infranchissable par un général en chef, de par un décret du Sénat. Si César le franchit, il devient alors ni plus ni moins ennemi public.

Devant la rivière, il reste immobile, tandis que dans sa tête, les spéculations ne cessent de s’enchaîner et de s’entremêler. Puis, l’instinct ou l’intuition est la plus forte et César s’engage. Il est donc impossible de revenir en arrière. " Alea Jacta Est " …

César provoque ainsi la guerre civile qui l’oppose à Pompée, guerre au terme de laquelle il sortira vainqueur. C’est la naissance de l’Empire … et de l’empereur.

Le franchissement du Rubicon est en quelque sorte l’apothéose de la transgression chez César. La vision et l’action de cet homme se sont illustrées à plusieurs reprises, par le passé, et c’est en toute lucidité qu’il assume cette nouvelle décision.

César voit, César suppute, César jauge, César se décide … et César assume.

Le Rubicon est bien plus que le symbole de la transgression. Il est également l’illustration de règles éculées et, surtout, le mouvement d’un esprit toujours projeté qui conjugue l’idée novatrice et la force - ou la ruse - qui doit l’accompagner. C’est donc l’évolution qui prime, incarnée par une force prométhéenne dont l’action est continue. Il s’agit de dépasser pour recréer, pour élaborer de nouveaux cadres, de nouvelles règles. Les lois anciennes deviennent ainsi caduques, au profit de nouvelles lois.

Aujourd’hui, cette citation est devenue proverbiale. Les mots de César sont devenus communs : franchir le Rubicon signifie " prendre une décision irrévocable, passer hardiment à l’action ".

La hardiesse ou l’audace, oui, voilà ce que César incarnait. Et incarne encore …